dimanche 17 avril 2016

Congrès du PCF: Les communistes vont plancher sur 5 copies (Julia Hamlaoui, L'Humanité)


JULIA HAMLAOUI LUNDI, 11 AVRIL, 2016 - L'HUMANITÉ

Primaire, front populaire, votation citoyenne, candidat communiste… Les adhérents du PCF vont avoir à trancher en vue de leur congrès, du 2 au 5 juin, entre des textes porteurs d’orientations différentes sur les échéances de 2017, les stratégies de rassemblement ou encore l’Europe.

Au cœur du débat à gauche depuis maintenant des mois, la question de 2017 est plus que jamais sur la table pour les adhérents du PCF, qui auront à choisir, par vote début mai, le texte, parmi les cinq en lice, qui deviendra celui de leur congrès de juin. Après l’adoption par le conseil national le 6 mars d’un projet de « base commune de discussion », quatre textes alternatifs à cette proposition, ayant réuni les signatures d’au moins 300 adhérents à jour de cotisation, ont été validés en fin de semaine dernière et seront donc eux aussi soumis au vote.

Les échéances de 2017 y font l’objet de plusieurs options. D’ailleurs, le conseil national du PCF devrait aborder à nouveau cette question dès vendredi prochain. Composée de trois textes (lire l’Humanité du 7 mars), la proposition qu’il a adoptée lors de sa dernière séance considère à cet égard que le « processus de primaire de gauche » peut être « un moyen utile » pour « écarter l’impasse Hollande, Valls et consorts par l’émergence d’une autre voie à gauche », dans un contexte où tout est fait pour assurer la tenue d’un « match à trois entre le président sortant, le candidat de la droite et Marine Le Pen ». Appelant à « redéployer » le Front de gauche dans « un nouveau front populaire et citoyen », ce texte propose en premier lieu la construction d’un « mandat populaire » engageant tous les candidats et électeurs éventuels et la tenue d’« états généraux » en vue des élections législatives qui s’appuieraient sur « une grande consultation citoyenne s’adressant à 500 000 personnes », déjà lancée par le PCF.
Quatre textes alternatifs

C’est leur désaccord avec cette orientation, expliquent les auteurs de « L’ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen », dont certains figurent parmi les signataires d’un appel lancé début mars pour « rallumer l’étincelle du Front de gauche », qui les a principalement motivés à écrire leur propre document. Estimant qu’il n’y a « pas de dynamique populaire possible sans une rupture claire avec un PS discrédité » et regrettant le « déplorable gâchis » du Front de gauche (dû, disent-ils, à l’absence « d’adhésions directes » ou « d’assemblées citoyennes souveraines »), ces rédacteurs jugent nécessaire de « proposer une démarche politique radicalement neuve ». Un projet qui passe par la création d’assises locales puis nationales qui « concluraient la démarche en formulant le projet et actant les candidatures communes », avec la possibilité d’une « votation citoyenne nationale » en cas de désaccord. Jean-Luc Mélenchon, qui a annoncé sa candidature début février, est invité à se joindre à ce « processus ».

Deux autres textes refusent l’idée de « primaire », invitant l’un et l’autre à un « examen » des stratégies de ces dernières années. C’est le cas de « Unir les communistes, le défi renouvelé du Parti communiste ! », soutenu par le réseau Faire vivre le PCF et qui regroupe un certain nombre de signataires d’un texte alternatif ayant obtenu environ 11 % des voix pour le 36e congrès. Refusant une alternative qu’ils décrivent comme un choix entre « une primaire antidémocratique conduisant tout droit au soutien à une candidature socialiste ou une fuite en avant dans un Front de gauche émietté, dont certains voudraient faire une nouvelle force politique au profit de laquelle le PCF s’effacerait », ils jugent que la présidentielle impose « un retournement complet » de stratégie et souhaitent « créer les conditions d’un vote qui soit clairement un appel à la mobilisation populaire et à la reconstruction d’un Parti communiste de combat, porteur du changement de société, d’un “socialisme pour la France” renouvelé ». C’est aussi en ce sens que se prononce « Reconstruisons le parti de classe ! Priorité au rassemblement dans les luttes », soutenu par Vive le Parti communiste français !, dont des signataires qui avaient réuni sur un précédent texte près de 6 % des voix lors du précédent congrès. Exigeant de « sortir de l’impasse de la primaire » (certains de ses auteurs sont d’ailleurs à l’origine d’une pétition qui exige le retrait du PCF de cette démarche), d’« abandonner toute collusion avec la gauche qui a trahi », ce projet alternatif propose aux adhérents du PCF de ne s’allier ni au PS ni au Front de gauche et de renvoyer l’essentiel des décisions sur leur éventuelle participation à la présidentielle à « une conférence nationale à la fin de l’année », tout en considérant à ce stade qu’une candidature de leur secrétaire national ne serait pas efficace. Les partisans du texte « Pour une politique communiste », notamment signé par les animateurs de l’association La Riposte, qui avait réuni près de 10 % des voix en décembre 2012, jugent que des « accords présentant le PCF comme un “allié” du Parti socialiste posent clairement problème » sans se prononcer plus avant sur les échéances de 2017. Plaidant pour un « parti mieux à même de mener campagne sous ses propres couleurs et en son propre nom, tout en étant ouvert à la conclusion d’alliances en cas de nécessité et en fonction de critères politiques clairement établis », les communistes à l’origine de ce texte prônent « un programme qui relie les revendications immédiates et partielles à des mesures qui s’attaquent à la source du pouvoir capitaliste, à savoir la propriété privée des banques et des grands groupes de l’industrie et du commerce ».

Au-delà de ces enjeux, d’autres grandes questions parcourront les débats d’ici le vote des communistes. Outre la conception du parti lui-même ou la qualification de son projet, la question de l’Europe en est une. Si les trois derniers textes cités (« Unir les communistes… », « Reconstruisons le parti de classe… » et « Pour une politique communiste ») estiment, avec des nuances, qu’il faut rompre avec l’Union européenne et l’euro, celui intitulé « L’ambition communiste… » en appelle à une « Europe à géométrie choisie », tandis que le projet de base commune du conseil national mise sur la construction « d’une Europe au service des peuples ».

Les échéances du congrès

Après un vote, entre le 2 et le 5 mai, des communistes pour choisir lequel des 5 textes qui leur sont proposés (l’un par le conseil national, les autres par au moins 300 adhérents à jour de cotisation) deviendra leur document de travail, les sections et fédérations du PCF se réuniront en congrès locaux entre les 6 et 29 mai. Des délégués de toute la France se retrouveront ensuite du 2 au 5 juin pour le congrès national.

http://www.humanite.fr/les-communistes-vont-plancher-sur-cinq-copies-604258

mardi 5 avril 2016

Panama Papers : "le casse du siècle" (Olivier Dartigolles, PCF)

Face à l'ampleur du niveau de la fraude fiscale dévoilée par le scandale Panama Papers - plus de 25 000 milliards d'euros, soit quinze fois le PIB de la France -, François Hollande vient de féliciter les lanceurs d'alerte, la presse et s'est réjoui à l'idée des prochaines rentrées fiscales. Ce n'est pourtant pas du fait des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre ce fléau. Sur ces enjeux, de ce quinquennat, l'histoire ne retiendra que la seule figure de Jérôme Cahuzac.

En 2012, Eric Bocquet, rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur l'évasion fiscale, avait estimé cette fraude pour notre pays à un niveau de 60 à 80 milliards. Il faut se donner des moyens conséquents pour lutter contre le casse du siècle. Imaginons une "COP 21 de la fiscalité".

Alors que la France vient de demander la transmission du fichier Panama Papers, nous demandons la plus grande transparence et la protection des lanceurs d'alerte qui n'est toujours pas assurée.

Si François Hollande et le gouvernement veulent agir, passer des paroles aux actes, qu'ils retirent le texte patronal sur la loi travail et qu'ils inscrivent en urgence à l'ordre du jour du Parlement la proposition de loi pour lutter contre l'évasion fiscale.

Loi Travail : Les communistes formulent des contre-propositions (L'Humanité)

Gérald Rossi pour l'Humanité

Ce soir, au siège du PCF, à l’invitation des présidents des groupes parlementaires Front de gauche et des économistes communistes, une proposition de loi sera mise en débat avec les invités.


Chiche  ! Une autre réforme du Code du travail et des droits des salariés est possible. Personne ne conteste que la législation du travail puisse évoluer. Reste à savoir dans quelle direction. Et comme le disent André Chassaigne et Éliane Assassi, respectivement présidents des groupes parlementaires du Front de gauche à l’Assemblée et au Sénat, avec la commission économique du PCF : « Loi travail El Khomri, il y a des alternatives. » Pour en débattre, ils organisent ce soir à partir de 18 heures au siège du conseil national du PCF un débat autour de la proposition d’une loi de sécurisation de l’emploi et de la formation, en présence de juristes, d’économistes, de jeunes et de syndicalistes.

Loin de la casse du Code du travail et du rabougrissement des droits des salariés à la sauce de la loi voulue par le gouvernement Hollande-Valls, les communistes soumettent au débat public ce texte dont, disent-ils, « l’ambition est l’éradication progressive du chômage en promouvant l’emploi et la formation de chacun dans un véritable système de sécurité mobile d’emploi ou de formation ».

Pour cela, le document propose de s’en prendre directement au « chômage et la précarité » avec un volant permanent d’hommes et de femmes bénéficiant de réelles formations. Cette sécurisation des emplois sera aussi un outil efficace contre « toutes les formes de précarité ».

Ces mesures devant s’accompagner « de moyens financiers ». Et le texte prévoit pour cela « de s’attaquer à la dictature des marchés financiers avec la création d’un pôle financier public, de fonds régionaux pour l’emploi et de nouvelles règles de calcul des cotisations sociales ». Expliquant ensuite que la création de millions d’emplois est possible, le texte envisage de « mettre en cause les pleins pouvoirs des dirigeants d’entreprise », et il s’agira « de démocratiser les entreprises en dotant les salariés et leurs comités d’entreprise de réels pouvoirs de décision dans la gestion. (...) Cela exige aussi d’instaurer de nouveaux pouvoirs de décision sur l’argent et son utilisation ».

Parmi les objectifs de cette loi, figure en bonne place la perspective de ramener la durée du travail hebdomadaire « à 32 heures sans réduction de salaire » ; est aussi prévue une limitation des heures supplémentaires. Par ailleurs, « le retour à 60 ans de l’âge de la retraite » est réaffirmé. Les organisateurs se proposent de réaliser d’ici l’été « une grande consultation citoyenne » avec l’ambition de « construire toutes les convergences qui permettront de bâtir une majorité politique nouvelle à gauche, dès les échéances législatives et présidentielles de 2017, pour sortir le pays des impasses dans lesquelles la politique du gouvernement actuel l’enfonce ».
 

lundi 4 avril 2016

Onze maires signent des arrêtés municipaux anti-expulsion


Onze maires (*) ont signé, à Stains, le 1er avril, jour symbolique qui marque la fin de la trêve hivernale, des arrêtés municipaux "subordonnant toute expulsion locative à la justification d'un relogement". Ces textes mentionnent qu'"il ne sera procédé à aucune expulsion locative sur le territoire de la commune tant qu'il n'aura pas été fourni au maire ou à son représentant qualifié la justification que le relogement de la personne expulsée et de sa famille dans un logement décent aura été assuré".

"Depuis douze ans, les maires de Stains et Bondy signent des arrêtés anti-expulsion, et systématiquement le préfet défère, puis le tribunal administratif annule les arrêtés au motif que cette décision n'entre pas dans les pouvoirs de police du maire", explique à Localtis Loïc Annoot, directeur du cabinet du maire de Stains.
Cette année, les maires sont plus nombreux et surtout ils ont reformulé le texte de manière à afficher qu'ils ne s'opposent pas à la loi, mais tout au contraire qu'ils entendent la faire respecter, et notamment le "Pacte des Nations unies du 16 décembre 1966 sur les Droits Civils et Politiques aux termes desquels 'Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile, ou sa correspondance'". L'arrêté rappelle également qu'"il relève des pouvoirs du maire de prévenir le trouble grave à l'ordre public" ajoutant immédiatement après "que serait l'expulsion d'une personne ou d'une famille qu'elle laisserait à la rue et sans logement ni domicile faute de relogement". Et cette fois-ci, "si le juge administratif prononce des annulations, les maires sont décidés à aller en appel puis en Conseil d'Etat s'il le faut", indique Loïc Annoot. 

Ces onze maires font partie d'un groupe de 28, la plupart communistes et franciliens, qui lance un "appel" à la ministre du Logement et de l'Habitat durable, dans lequel ils mentionnent qu'"il appartient à l'Etat, garant du droit au logement (…) de prendre les responsabilités qui lui incombent". Pour leur part, "Nous considérons qu'en tant que premiers magistrats de nos villes, il nous appartient aussi d'empêcher que des familles entières ne soient jetées à la rue".

Valérie Liquet

(*) Stains, La Courneuve, Saint-Denis, Bondy, Allonnes, Villetaneuse, Bonneuil, Villeneuve-Saint-Georges, Vitry-sur-Seine, Bagneux, Gennevilliers.
 

vendredi 1 avril 2016

Mouvement de grève au sein du groupement d'économie solidaire Reliance = Porte Accueil à Sainte Tulle


S'estimant, " mal considérés, mal traités par la direction " plusieurs salariés du GES Reliance sont en grève depuis mardi.

Depuis ce mardi 29 mars, quatre salariés du groupement d'économie solidaire Reliance (Porte Accueil – Ressourcerie de Haute-Provence) ont engagé un mouvement de grève. En effet, « Cette structure d'insertion véhicule de belles valeurs de solidarité et d'accompagnement aux personnes fragiles, mais nous, salariés, vivons l'envers du décor », ont affirmé dès le début de semaine, les membres du personnel en grève.

« Le mode de management au sein de nos structures va à l'encontre de ces valeurs, et génère souffrances psychiques et mal être au travail. Cette situation dure depuis trop longtemps, puisqu'elle a conduit depuis des années de nombreux salariés à quitter la structure. Une partie d'entre eux ont rejoint le collectif que nous avons constitué en septembre pour témoigner de leur vécu lors de leur passage au sein du groupement », dénoncent les salariés grévistes. « Depuis plus de 6 mois que notre collectif s'est constitué, nous tentons d'alerter le Conseil d'administration qui n'a pas jusqu'à présent réagit de façon à faire cesser cette situation de crainte et de souffrance ». 

Comme ils l’expliquent, « nous sommes fragilisés par ce management qui ne nous respecte pas, mais nous avons décidé d'agir pour ne plus subir. C’est pourquoi nous sommes en grève. Et c’est une première au sein du groupement. C'est le signe que nous sommes à bout». Qui plus est, « l’un des salariés a été mis à pied la semaine dernière par la direction en présence d’un huissier. Il était convoqué ce jeudi et risque un licenciement ».

Aujourd’hui, « nous attendons que le Conseil d’administration du groupement recadre la direction quant au choix de la procédure entreprise et qu’il annule la mesure conservatoire. Par ailleurs, nous attendons qu’il prenne ses responsabilités sur les problèmes qui règnent depuis plusieurs années et sur ce mode de management. On a essayé plusieurs fois de les alerter et rien n’a bougé. On ne peut plus laisser passer cela ».

Contacté dès le début de la grève, le directeur du groupement, Bernard Elefterakis estime que « c’est leur point de vue. Ils ont le droit de grève. Maintenant, ils ne connaissent pas les fondements ni les motifs qui ont provoqués la mise à pied de ce salarié ». Par ailleurs, il relativise l’ampleur du mouvement au sein de la structure : « sur les 32 membres du personnel, seuls quatre sont en grève ! De même, aucun des anciens salariés n’a fait l’objet de licenciement. Ils sont partis pour différentes raisons, mais jamais une procédure n’avait été engagé à l’encontre de l’un d’entre-eux».

La direction a également affirmé que « les membres du conseil d’administration ont rencontré et discuté avec les salariés ces derniers temps. Un plan d’actions a été mis en place. Il faut lui laisser le temps pour qu’il porte ses fruits ».

En attendant, pour les salariés grévistes, « le combat continue ».

Guillaume MESSIEN


Contre la loi travail, les manifestants doublent la mise (L'Humanité 01/04/2016)

AFP - http://www.humanite.fr/contre-la-loi-travail-les-manifestants-doublent-la-mise-603555


Avec 1,2 million de participants jeudi, les défilés étaient deux fois plus fournis que le 9 mars. Alors que le gouvernement envisage de jouer la montre avec un vote pendant l’été, dans tous les cortèges, on envisageait déjà la suite du mouvement avec deux dates en perspective, les 5 et 9 avril.


Cent soixante mille manifestants à Paris, cent vingt mille à Marseille, cent mille à Toulouse… au total, ce ne sont pas moins d’1,2 million de salariés, étudiants, lycéens, précaires, chômeurs qui se sont retrouvés, jeudi, dans les rues, selon les organisateurs, dans 250 villes, pour refuser la dilapidation du droit du travail. Malgré la pluie, le froid et des violences en marge des cortèges à Paris, Nantes, Rennes ou encore Rouen, les manifestants étaient au rendez-vous, plus nombreux encore que le 9 mars, qui avait déjà réuni 500 000 personnes.

Un franc succès salué par les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires et le collectif d’organisations de jeunesse à l’origine de cette journée d’action. « Aujourd’hui, il y a une très forte mobilisation. C’est d’ores et déjà une réussite, il faut que le gouvernement l’entende et retire son projet », a déclaré Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, en tête de cortège place d’Italie à Paris. « La pression monte. On demande le retrait (du texte) et l’ouverture de vraies négociations sur le Code du travail », a renchéri Jean-Claude Mailly, son homologue de FO. Du côté des organisations de jeunesse, la tonalité est la même. « C’est une nouvelle séquence du mouvement social avec un rapport de forces plus dur. On en a besoin pour ramener ce gouvernement à la réalité sociale », a estimé le président de l’Unef, William Martinet. Pourtant, les embûches n’ont pas manqué : « Dans les lycées, le mouvement est très fort malgré la fermeture de certains établissement de la région parisienne », a constaté Samia Mokhtar, la présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL). 

Des syndicats CFDT dans les manifestations

Les membres du gouvernement s’étaient levés de bonne heure, jeudi, pour tenter de désamorcer la mobilisation. En tête de ses troupes, Manuel Valls appelait les siens à « garder le cap ferme ». Bonne élève, Myriam El Khomri a même prétendu, sur BFMTV, à propos d’un des articles les plus contestés de sa loi, qu’il « n’ajoute pas de nouveaux motifs de licenciement mais (qu’il) les précise ». « L’objectif, c’est aussi plus de sécurité pour l’entreprise, pour embaucher, pour adapter son effectif lorsque les circonstances économiques le demandent », plaidait pourtant François Hollande dès la mi-janvier.

En arrière-plan, la trame de fond n’a pas varié : si la loi est rejetée, c’est que le gouvernement n’a pas fait assez preuve de pédagogie. « Il y a et un manque d’explications et des erreurs de méthode », persiste le premier ministre, confiant dans l’effet de sa politique. Le ministre des Finances a été acculé, mercredi, à plus de réalisme : « Non, je ne vais pas reprendre des erreurs de formulation que nous avons pu commettre », a répondu Michel Sapin sur BFMTV, interrogé sur une prochaine inversion de la courbe du chômage.

Dernière tentative gouvernementale : encourager la division syndicale. « Il n’y a pas un front syndical uni qui appelle à mobiliser aujourd’hui », s’est félicité la ministre du Travail au matin des manifestations. Pour autant, ses soutiens se font rares dans les rangs syndicaux, même parmi ceux qui n’appelaient pas à la mobilisation. La CFDT continue de critiquer certaines mesures du projet de loi, quand l’Unsa et la CFE-CGC se sont montrées plus virulentes sur des aspects plus nombreux du texte devant les députés, mercredi matin. Sans compter que, localement, la colère commence à se faire entendre. Ainsi de la CFE-CGC et de l’Unsa énergie, de la CFDT culture… À Marseille, le futur secrétaire départemental de la CFDT des Bouches-du-Rhône, Michel Vliegen, a expliqué, lors d’un rassemblement près du siège de son organisation : « On ne manifeste pas avec, mais on manifeste à côté. Pour montrer que nous restons mobilisés afin d’éviter tout retour en arrière. » Quelques militants ont pourtant choisi de « manifester avec » le défilé principal, dont ils fermaient la marche. « On est contre ce projet et on a fait grève. On a envie d’être dans la rue et d’être visibles, a expliqué Angelo Palazzini, délégué syndical. Même ceux qui sont pour la modification auraient pu manifester. » « Il va bien falloir que Laurent Berger écoute sa base », maugréait un de ses collègues. 

« Pas dans le même monde que Hollande »

Le gouvernement, lui, ne semble pas plus décidé à écouter sa propre « base ». À l’instar des responsables et élus locaux du Parti socialiste de Seine-Maritime, dont une tribune « Loi travail : pour nous, c’est toujours non merci », a été publiée mercredi. Quant aux formations du Front de gauche, mobilisées contre la politique gouvernementale depuis bien longtemps, elles étaient vent debout, jeudi, dans le cortège parisien. « François Hollande se moque du monde. Plus personne n’ignore que sa politique a totalement échoué. Ce qui doit être construit par les forces sociales, populaires et politiques aujourd’hui dans la rue, c’est une alternative de gauche », a asséné Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF. Le chef de l’État « se pensait très malin de faire croire à tout le monde qu’il était de gauche et de faire des lois de droite. Il se disait “les gens allaient être tellement sidérés qu’ils ne bougeraient pas”. Et maintenant, le grand nombre fait ses comptes », estime pour sa part le cofondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Et Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie-les Verts, de s’indigner : « Hollande et son équipe sont envahis par un dogmatisme absolu. On vit peut-être sur la même planète, mais on n’est clairement pas dans le même monde. »

La veille, François Hollande a été obligé de renoncer à la constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité. Une brèche dans laquelle nombre de ceux qui défilaient jeudi entendent s’engouffrer. « Le gouvernement a reculé sur la Constitution, il peut le faire sur ce projet de loi ! » a lancé Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. « Dire qu’on s’est trompé, ce n’est pas une défaillance, c’est écouter la rue », a aussi encouragé Philippe Martinez. 

« Il ne faut pas laisser passer les vacances »

Alors que le gouvernement envisage de jouer la montre avec un vote du Parlement pendant l’été, dans tous les cortèges de France, on envisageait déjà la suite du mouvement. « Il n’y a que le rapport de forces qui fera changer les choses », estimait à Marseille, Patrick Rué, secrétaire général du syndicat FO des territoriaux de la cité phocéenne. « Il ne faut pas laisser passer les vacances scolaires. Nous devons accélérer le mouvement », jugeait à Saint-Nazaire, Cédric Turcas, secrétaire de l’union locale CGT. « S’ils n’ont pas compris que les salariés ne veulent pas de leur Code made in Medef, nous passerons à un mode d’action plus dur et, si nous devons bloquer la production, nous le ferons », prévenait de son côté Dominique, un salarié d’Areva venu de Paimbœuf. Quand, à Tours, David Richard, délégué syndical CGT dans un laboratoire pharmaceutique d’Amboise, s’apprêtait déjà à « continuer à informer les salariés », encouragé par une mobilisation conséquente « alors que ce n’est pas dans la culture de notre entreprise ».

Au niveau national, l’intersyndicale a proposé des suites. « Le gouvernement ne va pas retirer son texte ce soir. De nouvelles mobilisations se dessinent déjà. Et tous ceux qui ont répondu présent aujourd’hui répondront présent la semaine prochaine », a prévenu depuis la manifestation parisienne Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de Solidaires. « On a prévu d’autres mobilisations au cas où le gouvernement ne prendrait pas en compte la puissance de la rue aujourd’hui », a confirmé Philippe Martinez. Déjà deux dates, les mardi 5 et samedi 9 avril, sont annoncées comme de nouveaux rendez-vous.

Julia Hamlaoui, avec Marion d’Allard et Aurélien Soucheyre (à Paris), Christophe Deroubaix (à Marseille), Clotilde Mathieu (à Nantes) et Olivier Morin (à Tours)

"Globule rouge" - Mars 2016





Globule Rouge, la feuille d’information de la commission nationale santé et protection sociale du PCF, revient, dans son numéro de mars sur la nécessité de constituer des collectifs 100% sécu et de mettre en place des forums populaires/santé, deux propositions liées, car il ne peut y avoir de politique de santé sans un projet politique de santé et celui-ci ne peut s’épanouir sans une sécurité sociale, une Assurance maladie du XXIème siècle.

Vous y trouverez aussi un article sur les enjeux de la protection sociale dans le monde agricole, et comme toujours des échos des luttes.
 
Le consulter en ligne en cliquant ICI :

1.200.000 contre la loi Travail : on continue !

"Votre projet, Madame la ministre, doit être retiré (...). Votre projet de loi, c'est l'angoisse du lendemain et la soumission au patronat et aux actionnaires".
Éliane Assassi, Présidente du groupe communiste au Sénat





Le mouvement de contestation a connu un grand succès jeudi dernier. La pluie battante n'a pas arrêté les 1 200 000 jeunes et salarié-e-s qui ont défilé dans 260 lieux en France.

► Ces défilés ne sont que la partie immergée de la colère sociale : plus de 70 % des Françaises et Français veulent le retrait de cette loi de casse du Code du travail. Les sénateurs communistes, sous les invectives de Manuel Valls et les huées de parlementaires de droite, d’extrême-droite et socialistes ont brandi dans l'hémicycle des pancartes : Loi Travail non merci !

► Le gouvernement avait cru qu'en négociant le ralliement de la CFDT et en multipliant les intimidations policières, il découragerait le mouvement C'est raté ! La pression populaire s'amplifie et s'exprimera de nouveau dans la rue le mardi 5 avril et le samedi 9 avril prochains.

LOI TRAVAIL EL- KHOMRI

 

régressions sociales à tous les étages / #OnVautMieuxQueCa

 

Sans l’avouer ouvertement, le projet de loi met fin de fait aux trente-cinq heures. Des régressions, en voici quelques autres.

1. On travaillerait plus pour gagner moins, jusqu’à douze heures par jour par simple « accord ».
2. Les licenciements seraient facilités. Les risques encourus par les patrons pour licenciement abusif seraient réduits.
3. Les femmes seraient particulièrement pénalisées, notamment à travers la déréglementation des temps partiels.
4. Les patrons auraient toute liberté pour décider quand commence la semaine et contourner la majoration du dimanche.
5. La médecine du travail, les prud’hommes, les institutions représentatives du personnel seraient laminés.
6. Contrairement à un principe fondateur de notre droit social destiné à protéger les salariés, des accords d'entreprises pourraient contenir des dispositions plus défavorables aux travailleurs que ce que prévoit la loi.

Assez des politiques libérales ! Les propositions existent pour une autre politique.

 

1. Augmenter les salaires et baisser le temps de travail à 32 heures par semaine pour permettre la création de centaines de milliers d’emplois.
2. Créer une sécurité d’emploi et de formation garantissant à tout salarié la possibilité d’alterner périodes d’emploi et de formation sans passer par la case chômage.
3. Écrire un code du travail du 21e siècle qui permette de contester la mainmise des actionnaires et de la rentabilité financière sur les entreprises.
4. Prendre le contrôle du crédit bancaire, de l’argent public donné aux entreprises pour financer non pas des actionnaires sans contrepartie mais des programmes de création d’emplois et de formations qualifiantes, de recherche et d’innovation.
5. Donner aux salariés des droits et pouvoirs nouveaux d’intervention dans les choix des entreprises et aux citoyens et élus dans les choix de la cité.
6. Réformer le financement de la protection sociale pour inciter les entreprises à créer des emplois, financer le développement de la formation professionnelle, mutualiser les dépenses et mieux répartir les prélèvements entre les grands groupes et les PME.



Rendez-vous dans la rue les 5 et 9 avril jusqu'au retrait !

http://www.pcf.fr/85786