dimanche 22 juin 2014

Les nouveaux chiens de garde

Serge Halimi présente dans son livre, en quatre chapitres, son analyse de ce qu'il considère comme une collusion entre pouvoirs médiatique, politique et économique, à l'aide d'une étude qui se veut exhaustive sur la télévision et les grands journaux français.
Il prétend aussi démonter le traitement parfois partial et complaisant de certains médias français vis-à-vis des sociétés qui en sont les actionnaires.
Il explique aussi le peu de cas qui est selon lui fait des mouvements sociaux, et la place prépondérante des faits divers dans les journaux télévisés. Il reprend la thèse selon laquelle « le fait divers fait diversion », selon la formule de Pierre Bourdieu, qui a préfacé ce livre. Dans son dernier chapitre, il souligne les connivences dans le milieu journalistique, facilitant les autopromotions.
Le titre fait référence à l'ouvrage Les Chiens de garde (1932), dans lequel Paul Nizan dénonçait les analyses des philosophes les plus célèbres de son époque : ceux-ci, pour Nizan, garantissaient la perpétuation de l'idéologie bourgeoise, en décrivant l'homme dans son identité idéale et immuable plutôt que dans son existence particulière et matérielle. Le livre de Serge Halimi commence par un exergue extrait de l'ouvrage de Nizan : « Nous n'accepterons pas éternellement que le respect accordé au masque des philosophes ne soit finalement profitable qu'au pouvoir des banquiers. » Il se clôt par :
« Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé: "Il y a vingt ans, ils déjeunaient avec nous dans des cafés. Aujourd'hui, ils dînent avec des industriels." En ne rencontrant que des "décideurs", en se dévoyant dans une société de cour et d'argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s'est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l'apauvrissement du débat public. Cette situation est le propre d'un système: les codes de déontologie n'y changeront pas grand-chose. Mais, face à ce que Paul Nizan appelait "les concepts dociles que rangent les caissiers soigneux de la pensée bourgeoise", la lucidité est une forme de résistance. »

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 Film documentaire réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, sorti en France le 11 janvier 2012. Il s'agit d'une libre adaptation au cinéma de l'essai du même nom de Serge Halimi (paru en 1997 et réédité dans une version actualisée en 2005). Le film, comme le livre, explore les collusions entre les médias français et le pouvoir politique.

mardi 17 juin 2014

La nécessité d'un "Front populaire du XXIème siècle" - EUROPEENNES

           Ce 25 mai 2014, au soir, une onde de choc a frappé la France : Le FN arrive en tête des élections européennes obtenant un tiers des sièges français au Parlement européen (avec un quart des votes : 24.85%). Les 56.84% d'abstentions n'atténuent pas le fait qu'il s'agit d'un des résultat électoral les plus inquiétants de l'histoire de la Vème République. Pour sanctionner ceux qui leur imposent l'austérité, qui les sacrifient sur l'autel de l'ultra libéralisme, qui font fi de la justice sociale et du progrès, 25% des votants ont choisi ce grand saut vers des valeurs de rejet et de repli national. Pourquoi ?
Selon le PCF, la gauche s'est trop éloignée de ses valeurs et ne pourra retrouver le peuple que dans un mouvement social et politique de l'ampleur d'un Front populaire du XXIème siècle :
"Nous appelons tous ceux qui se sentent malheureux à gauche, toutes les forces vives du pays, la jeunesse et les salariés à s'unir sans attendre. Nous mettons le Front de gauche à leur service."

Chiffres :

* Avec 25% de suffrages recueillis par les votes extrémistes, la France arrive devant le Danemark (23%), le Royaume-Uni (22%), l'Autriche (20%), la Hongrie (15%), la Finlande (13%) et la Grèce (10%)

* Le Front de gauche a obtenu un score équivalent (6.33%) à celui de2009 (6.05% - PCF + PG) mais a perdu un siège sur quatre, celui de Jacky Hénin (Nord-Ouest). Ont été réélus Patrick Le Hyaric (Ile de France), Marie-Christine Vergiat (Sud Est), et Jean-Luc Mélenchon (Sud Ouest). Avec 140 000 voix de plus qu'en 2009.

* Résultats du 25/05/2014 :
            FN = 24.85%
            UMP = 20.80%
            PS-PRG = 13.98%
            UDI et MODEM = 9.93%
            EUROPE ÉCOLOGIE - LES VERTS = 8.95%
            FDG = 6.33%
            DEBOUT LA REPUBLIQUE = 3.82%
            NOUVELLE DONNE = 2.90%
            LO = 1.17%
            NOUS CITOYENS = 1.41%

            ABSTENTION = 56.84%
            BLANCS ET NULS = 2%

       Les résultats de nos partenaires  européens du groupe de la gauche radicale GUE/NGL et la progression de l'idée d'une alternative à gauche en Europe sont des signes encourageants. Le groupe obtient 7 députés européens de plus (soit 42 élus au total) par rapport à 2009, grâce notamment au bon score de la Grèce et de l'Espagne, mais aussi celui d'Irlande, d'Hollande (le pays....) et de l'Allemagne.

          Compte tenu du contexte hautement inquiétant de la montée de l'extrême droite au sein des institutions européennes, les luttes vont devoir s'intensifier, notamment autour du nouveau traité européen, de la directive sur les travailleurs détachés, des négociations sur le Grand Marché Transatlantique et la libéralisation du rail, de la déréglementation du marché de l'énergie et du rôle de la banque centrale européenne.


samedi 7 juin 2014

La lettre de juin 2014 du réseau Ecole

SOMMAIRE 

DOSSIER : L’ÉCOLE A L'HEURE DE L’AUSTÉRITÉ

Un nouveau virage à droite dans la politique éducative anglaise - Ken Jones, chercheur 


Contre l’austérité, une autre création monétaire pour financer de nouveaux services publics. Denis Durand, économiste 


L’austérité : c’est pas pour tout le monde ! Choukri Ben Ayed, sociologue 


Autonomie des établissements : une escroquerie ? Roland Hubert, co-secrétaire général du SNES-FSU 


L’EPS, un luxe dans une période d’austérité ? Bruno Cremonesi, syndicaliste SNE


Les effets néfastes du discours de la crise de l’université - Romuald Bodin et Sophie Orange, universitaires 


Rythmes scolaires, l’austérité d’abord. Emmanuel Trigo, syndicaliste SNUIPP

CE QU'ILS EN DISENT


Quelles conséquences de l’austérité dans les missions éducatives des municipalités ? Sébastien Laborde, adjoint au maire

A LIRE

 
Construire le goût d’apprendre à l’école maternelle - interview de Christine Passerieux


Présentation ouvrages 


RÉFORME TERRITORIALE - hypocrite et dévastatrice


Le Président de la République n'aura donc rien changé à ses objectifs initiaux, comme d'habitude. Et la méthode qu'il dévoile pour la réforme territoriale se situe dans le registre du cirque ! C'est l'un des symptômes de la crise démocratique profonde que nous traversons et dont les deux dernières élections ont à nouveau montré la gravité. Aucune leçon n'est tirée.

  AUSTÉRITÉ ET ARBITRAIRE

Alors qu' il faudrait rechercher un nouvel élan démocratique, sa réforme territoriale n'affiche pas d'autre ambition que l'austérité accrue pour les budgets publics et l'accroissement de la compétition entre territoires, conformément aux injonctions européennes. Cela se fait au prix d'une aggravation de l'autoritarisme inhérent à la Vème République et de la mise en place de pouvoirs de plus en plus technocratiques abrités de la souveraineté populaire. Si la démarche présentée est si acrobatique, c'est pour éviter une validation
démocratique aux résultats incertains. Ainsi, on redécouperait les régions au gré des vents avant même que de définir les missions des collectivités. Tout serait imposé sans s'appuyer sur le bilan de l'action menée dans les diverses collectivités et sur la créativité qui a fait la force de la décentralisation.

Le Parti communiste n'accepte pas le double-langage qui consiste à décréter que les communes sont "une petite République dans la grande" tout en augurant leur démantèlement. Le fait de plonger les départements en respiration artificielle relève de la même démarche de duplicité. Au final le projet est complètement contraire au renouveau de la République, à l'égalité entre territoires, à l'égalité en droits de toutes et tous. Enfin, présenter en soi la suppression d'élus du peuple comme un progrès démocratique et une illusoire source d'économies substantielles ravira la droite et l'extrême droite quoiqu'elles en disent : c'est leur inépuisable fonds de commerce.


NON AU CHARCUTAGE DES RÉGIONS, VITE LA 6e RÉPUBLIQUE

La République a besoin d'un sérieux coup de jeune - de passer la 6eme - or il s'agit là d'un acte de destruction qui conduit à une nouvelle concentration des pouvoirs. Une fois de plus, il s'agit de répondre au mieux aux exigences grandissantes des forces patronales et de la finance dont l'emprise s'accroît au fur et à mesure. Les hommes et les femmes de notre pays et de notre continent ont chaque jour qui passe le sentiment accru que le pouvoir est ailleurs, qu'il s'exerce sans eux, qu'ils évoluent dans une démocratie d'apparence. Aucune modification des règles de la démocratie ne peut se faire sans démocratie.


Le PCF exige des référendums pour chaque modification et un grand débat, animé par une Constituante, pour refaire de la République notre bien commun et redonner à l'action publique toute l'efficacité que peut revêtir le pouvoir quand il est réellement exercé par le peuple.

Pcf 2, place du Colonel Fabien 75019 Paris www.pcf.fr