Pierrette nous a quittés. Les adhérents, les compagnons de route du
parti communiste français et les Villetaneusiens et les
Villetaneusiennes dont elle s’est faite la porte-parole durant trente
deux ans sont en deuil.
Notre peine est immense. Je veux vous dire combien vous pouvez être
fiers et combien les communistes de la Seine-Saint-Denis sont fiers
d’avoir compté Pierrette parmi les leurs.
Je veux voir un symbole au fait que cet hommage rendu à Pierrette, se
tienne le jour de l’ouverture de la fête de l’Humanité 2014.
Toutes celles et ceux qui l’ont connu savent que Pierrette était une
force de caractère. Elle ne s’en laissait jamais compter dès lors qu’il
s’agissait de défendre l’intérêt des habitants de sa ville. Un trait de
personnalité qu’elle a hérité de ses parents, ouvriers métallurgistes et
syndicalistes, et qui s’est affirmé, dès le certificat d’étude obtenu,
lorsqu’elle a du rejoindre l’usine à 13 ans.
Pierrette est alors un visage du mouvement ouvrier qui n’hésite pas à
s’illustrer lors des grandes grèves de 1936 qui donnèrent tout son élan
transformateur au Front populaire.
C’est à cette occasion qu’elle rencontre son mari, Raymond,
responsable syndical de la biscuiterie, dont elle devient secrétaire,
avant de l’épouser et de donner, par la suite, naissance à ses deux
filles Michèle et Claudine. Immergé dans l’engagement militant, attachée
aux valeurs de paix, de justice sociale et de solidarité, Pierrette
rejoint le Parti communiste.
Son mari prisonnier de guerre, Pierrette déjà mère de famille, doit
trouver un travail lorsque l’occupation allemande débute. Un voisin lui
propose de devenir employée communale à Villetaneuse. Si elle concède
que son bureau devait être orné d’un portrait de Pétain - une obligation
- Pierrette poursuit clandestinement ses engagements politiques et
reste organisée au côté des militantes communistes de la banlieue nord.
Elle fait plus d’une fois preuve d’initiative et de courage et utilise
son poste à la municipalité pour détourner des tickets de rationnement
et les données aux femmes de déportés. C’est une des seules actions
qu’elle concède, habitée de la modestie de celles et ceux qui en ont
fait bien plus pendant la résistance…
Avec la capitulation de l’Allemagne nazie et l’arrivée des jours
heureux, les femmes obtiennent enfin le droit de vote et d’éligibilité.
Pierrette s’engage dans la liste municipale issue de la résistance et
devient, très rapidement, l’une des toutes premières et l’une des plus
jeunes, maire de France. C’est une grande fierté pour les communistes
d’avoir contribué dès cette époque à affirmer la place des femmes en
politique.
Elle découvre, sur le tas, toutes les responsabilités d’un maire,
dans une ville à reconstruire. Prenant appui sur les compétences des
agents municipaux, elle mène à bien les priorités politiques qu’elle
avait identifiées pour parer aux urgences les plus pressantes des
habitants. C’est ainsi qu’elle entreprend des travaux de canalisation
pour que tous les foyers aient accès à l’eau potable, qu’elle fait
carrosser les routes détruites pendant la guerre. Elle mobilise des
crédits important pour ouvrir des patronages laïques, achète une bâtisse
à la campagne pour offrir aux enfants d’ouvriers de Villetaneuse, ce
qu’elle n’avait pu connaitre dans son enfance, la découverte du grand
air et l’accès aux loisirs et aux vacances, comme on disait à l’époque.
Elle montre – en ouvrant dès 1945 une consultation pour nourrissons -
une attention particulière pour l’action sociale et la protection de
l’enfance, prémisse de ce que sera la grande politique départementale de
la famille et de l’enfance, dont on reconnait encore aujourd’hui toute
l’importance et l’utilité.
Je n’ai pas connu personnellement Pierrette, mais je sais, pour avoir
occupé la fonction de président du Conseil général combien sa
détermination dans ce domaine reste un des fleurons envié de notre
département. Ainsi c’est avec ses amies et camarades, Michèle Mitollo et
Madeleine Cathalifaud, toutes les trois membres de la commission des
affaires sociales, qu’elles bâtissent cette grande politique à la pointe
de l’innovation, comme le nouveau Conseil général de la
Seine-Saint-Denis a su en mener dans les domaines de l’environnement ou
de la culture et qui caractérise l’originalité de notre département. Ces
politiques pionnières ont été une grande avancée, sociale, sanitaire,
féministe et pour les droits de l’enfant. Et c’est toute la
Seine-Saint-Denis qui doit rendre hommage à Pierrette, Michèle et
Madeleine pour les plus de 110 centres de PMI, les 54 crèches
départementales, tant appréciées des familles de notre département, mais
aussi du corps médical comme des professionnels de la petite enfance.
Et ce combat reste d’actualité au moment où sont mis en péril les
centres de dépistage de la tuberculose pour cause d’austérité
gouvernementale. Or dans notre département, là ou la précarité sévit
plus qu’ailleurs on a justement besoin d’infrastructure de proximité
c’est le sens de la politique à laquelle elle a apporté toute sa
créativité et qui garde plus que jamais sa pertinence.
Je dois bien reconnaitre que présenter les choses ainsi, parait
presque trop facile. Car pour Pierrette et ses amies, il fallait non
seulement faire valoir des arguments pour l’émergence de cette politique
publique, mais ce combat passait aussi par une affirmation du rôle des
femmes au sein du monde de la politique et d’une assemblée plutôt
masculine.
Par sa personnalité, Pierrette a fait progresser le combat pour la
place des femmes, la parité, le féminisme, au cœur de l’exercice de ses
différents mandats. Et je sais que ce combat pour la place des femmes
dans la société porte toujours aujourd’hui à Villetaneuse, par la voix
de Carinne Juste.
Enfin, la plus importante réalisation de Pierrette Petitot, c’est
bien évidemment le Villetaneuse moderne. C’est elle qui en l’espace de
vingt ans a façonné le petit village d’agriculteurs de Villetaneuse en
une ville ouvrière, faisant venir de l’emploi et des entreprises,
construisant de nouveaux logements salubres pour y accueillir les
salariés, des moyens de transports pour se déplacer plus communément,
des terrains de sports et de nouveaux équipements scolaires, pour
accueillir tous les enfants peuplant la ville.
Elle n’a pas lésiné sur le temps passé et sur son énergie pour aller
chercher et obtenir les crédits permettant de construire un bel avenir
pour les habitants de villetaneuse. Elle lorsqu’on lui refusait, elle
contournait l’obstacle, car il en allait d’abord et avant tout de
l’intérêt de la population. C’est ainsi comme elle l’a raconté qu’elle
tenait absolument à faire construire une crèche pour permettre aux mères
de famille, de continuer à travailler. Le financement lui étant refusé
en raison d’un nombre d’enfants insuffisant sur la commune, elle
contacta derechef son homologue de Saint-Denis, pour qu’il construise
avec elle une crèche intercommunale à la lisière des deux communes.
Tout au long de son parcours, d’ouvrière à l’usine jusqu’aux
responsabilités où elle a été appelée, Pierrette a montré que
l’intelligence n’était pas affaire de diplôme. Elle n’avait obtenu que
son certificat d’étude, mais elle montrait un profond respect pour
l’éducation et son institutrice, vous savez ces instituteurs de la
troisième république, qui donnaient comme elle le disait « aux
prolétaires tous les bagages pour apprendre par eux-mêmes ». Produit de
l’aristocratie ouvrière, Pierrette tenait à offrir aux enfants de
Villetaneuse, la chance de poursuivre leurs études aussi longtemps
qu’ils le souhaitaient. Ce n’est pas pour rien qu’elle a déployé des
trésors de volonté pour faire s’installer à Villetaneuse l’université,
un des aménagements majeurs sur sa ville, dont elle était peut-être le
plus fière.
Durant toute sa vie, par ses actions, ses comportements exemplaires,
avec son tempérament de battante, Pierrette a montré, sa détermination,
pour représenter dans les instances ou elle siégeait, comme dans les
relations humaines, son attachement à la classe ouvrière.
Pour la classe ouvrière, pour ce que tu as fait pour l’enfance et le
droit des femmes, pour ton attachement à la défense des
Villetaneusiennes et des Villetaneusiens, je tenais, au nom des
communistes, à te rendre hommage Pierrette et à te dire une dernière
fois : nous poursuivons tes combats !
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