Quand j’étais enfant, mon grand père crétois, dont je porte le nom et
le prénom, me jouait souvent de la lyre et me parlait de NIKOS
XILOURIS, un célèbre chanteur et joueur de lyre, né quelques années
après lui dans le village voisin, près de Réthymnon. Il me faisait
notamment écouter une magnifique chanson à jamais gravée dans ma mémoire
et qui m’arrache parfois des larmes, mais des larmes de joie, d’amour
et de désir de lutter. Une chanson qui parlait d’esclaves (δούλοι,
douli) de l’humain maltraité comme un âne, et de marche persévérante et
passionnée vers l’émancipation et l’utopie. Une chanson qui disait que
la vie n’a pas de sens si on ne lutte pas, avec d’autres, pour la
transformer.
Cette chanson, c’était "La ballade de monsieur Mentiou" d’après un poème de Kostas Varnalis.
Nikos Xilouris chantait avec tout son cœur, en serrant le poing,
l’immense désir de révolte et d’émancipation des esclaves. En écoutant
bien vous reconnaîtrez la répétition du mot "DOULI" (esclaves) qui vous
rappellera l’expression NA MIN ZISOUMÉ SAN DOULI (ne vivons plus comme
des esclaves). En plus, sur le disque qui me reste de cette époque, le
visage de Nikos Xilouris me rappelle étrangement celui mon grand-père,
comme s’il s’agissait d’un testament, d’un épitaphe, d’une
recommandation à ne jamais oublier.
Άιντε θύμα άιντε ψώνιο / Bouge toi, victime, nigaud !
άιντε σύμβολο αιώνιο / Bouge toi, symbole éternel !
αν ξυπνήσεις μονομιάς / Si tu t’éveilles une fois pour toutes,
θα ’ρθει ανάποδα ο ντουνιάς / Le vent tournera enfin !
άιντε σύμβολο αιώνιο / Bouge toi, symbole éternel !
αν ξυπνήσεις μονομιάς / Si tu t’éveilles une fois pour toutes,
θα ’ρθει ανάποδα ο ντουνιάς / Le vent tournera enfin !
C’est pourquoi, plus efficace que tous les cafés du monde, cette
chanson me trottait dans la tête, durant le tournage de NE VIVONS PLUS
COMME DES ESCLAVES en 2013, et me rappelait la force de l’histoire en
marche : 40 ans exactement après l’insurrection populaire de l’Ecole
Polytechnique à Exarcheia, contre la dictature des Colonels en novembre
1973 (les images qui illustrent la chanson, mêlées de portraits de
Nikos). L’écho de cette chanson me tenait éveillé 20 heures par jour,
faisait palpiter mon cœur et toutes mes veines et me portait
littéralement aux côtés de mes compagnons et camarades de lutte. Je ne
sentais plus mes jambes, même au soir de journées interminables.
Un souvenir en musique qui nous invite à ne pas, à ne JAMAIS baisser
les bras. Car l’Histoire n’est pas écrite d’avance. C’est notre histoire
et il nous revient de l’écrire ensemble.
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