jeudi 10 décembre 2015

COP 21 : Les interventions du gouvernement français (source UNRIC)

Progressistes : COP 21 Les (vrais) défis 

Le Revue du projet : Climat, le temps des choix politiques 

Discours du Président de la République M. Francois Hollande - Ouverture du « Leaders’ event » COP21 Paris-Le Bourget, 30 novembre 2015,

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies, Mesdames et Messieurs les chefs d’état et de gouvernement, Madame la secrétaire exécutive de la CCNUCC, Mesdames et Messieurs les ministres, 
Aujourd’hui, la France accueille le monde entier. 150 chefs d’État et de gouvernement. Et des milliers de délégués venus de tous les continents. Jamais une conférence n’avait accueilli autant d’autorités, venues d’autant de pays. Jamais l’enjeu d’une réunion internationale n’avait été aussi élevé puisqu’il s’agit de l’avenir de la planète, l’avenir de la vie. Et pourtant, il y a deux semaines, c’est la mort que semait un groupe de fanatiques dans les rues de Paris. Je veux vous exprimer la reconnaissance du peuple français pour toutes les marques de soutien qui ont afflué depuis le 13 novembre. Les évènements tragiques nous affligent mais plus encore nous obligent. Ils nous forcent à nous concentrer sur l’essentiel. Votre présence soulève un immense espoir que nous n’avons pas le droit de décevoir. Car ce sont des peuples et des milliards d’êtres humains qui comptent sur nous.

Je n’oppose pas la lutte contre le terrorisme et la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont deux grands défis mondiaux que nous devons relever. Parce que nous devons laisser à nos enfants plus qu’un monde libéré de la terreur. Nous leur devons, une planète préservée des catastrophes. 2015 a été l’année de tous les records : record de température, record de concentration de CO2 dans l’atmosphère, record du nombre d’évènements climatiques extrêmes, sécheresse, inondations, cyclones, fonte des glaces, hausse du niveau de la mer, acidification des océans. Les victimes de ces phénomènes se comptent par millions, et les dommages matériels par milliards. Aucun pays, aucune région n’est à l’abri des effets du dérèglement climatique causé par les activités humaines mais comment accepter que ce soit les pays les plus pauvres, ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre qui soient les plus vulnérables. C’est donc au nom de la justice climatique, que nous devons agir. Prenons conscience de la gravité de la menace sur les équilibres du monde. Le réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l’orage. Il provoque des migrations qui jettent sur les routes plus de réfugiés que n’en génèrent les guerres. Des Etats risquent de ne pas pouvoir satisfaire les besoins vitaux de leurs populations avec des risques de famine, d’exode rural massif et d’affrontement pour accéder à l’eau.

Bref ce qui est en cause une fois encore, c’est la paix. Et pourtant une espérance s’est levée à travers la préparation de la COP 21. La communauté internationale s’est dotée en septembre dernier d’un agenda complet, à travers les objectifs du développement durable adoptés en septembre dernier à l’ONU. 190 États ont formulé de plans d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux dérèglements climatiques dans leur région respective. Les collectivités locales, les entreprises, les investisseurs, les citoyens, toutes les grandes religions, se sont engagés pour le climat. A cette prise de conscience, à cette mobilisation s’ajoutent les progrès fulgurants réalisés dans les énergies propres et renouvelables qui ouvrent la perspective d’une économie moins carbonée, avec des villes vertes et des espaces naturels mieux protégés. Nous sommes désormais capables de définir une stratégie d’adaptation aux impacts des dérèglements climatiques. La France a jeté toutes ses forces dans ce combat, et mobilisé l’ensemble de son gouvernement, à commencer par le Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, dont je veux ici saluer la ténacité. J’ai moi-même visité les régions les plus affectées par le changement climatique. J’en suis revenu avec une même conviction : celle d’assurer un développement durable et équitable sans pour autant compromettre l’environnement global et les ressources limitées de notre planète. C’est cette équation fondamentale que nous avons à résoudre. Et si j’ai voulu que les chefs d’État et de gouvernement du monde entier soient rassemblés dès le début de cette COP21 c’est pour donner à cette conférence un souffle et une ambition à la hauteur de l’enjeu car le 12 décembre un Accord de Paris, universel, contraignant et différencié doit être conclu. A quelles conditions pourra-t-on estimer que nous aurons collectivement, rempli notre mission ? J’en vois trois. La première, c’est que nous dessinions une trajectoire crédible permettant de contenir le réchauffement global en dessous des 2° Celsius, ou 1,5°C si possible. Il faudra pour y parvenir nous fixer un horizon de long-terme, prévoir une évaluation régulière de nos progrès au regard des dernières conclusions de la science, et mettre en place un mécanisme de révision à la hausse de nos engagements, avec des rendez –vous tous les 5 ans. La deuxième condition, c’est que nous apportions au défi climatique une réponse solidaire. Aucun État ne peut se soustraire à ses engagements mais avec un principe de différenciation qui tienne compte des niveaux de développement et des situations. Aucun territoire ne doit être laissé seul face au dérèglement et notamment les plus vulnérables. Je pense à ces îles qui peuvent à brève échéance purement et simplement disparaître.

Tirons en les conclusions : l’accord doit être universel. Les pays développés doivent assumer leurs responsabilités historiques, les pays émergents accélérer leur transition énergétique, les pays en développement être accompagnés dans leur adaptation aux impacts climatiques. D’où la nécessité de dégager des financements pour favoriser les transferts de technologie. L’objectif des 100Mds doit non seulement être atteint mais dépassé avec des garanties sur l’origine des ressources et leurs disponibilités. Enfin, la troisième condition d’un accord à Paris, c’est que nos sociétés se mettent en mouvement. L’ensemble des dirigeants locaux, des investisseurs, des acteurs économiques et sociaux, des citoyens, doivent comprendre que la donne a changé. Ce sont eux aussi qui détiennent les clés de du défi climatique. Je rends hommage ici à tous les pionniers de la cause écologique, aux précurseurs qui, il n’y a pas si longtemps encore, devaient affronter incrédulité et dédain pour leurs alertes et leurs propositions. En quelques années, les esprits ont profondément évolué. Les entreprises et les acteurs financiers hier réticents sont désormais prêts à s’engager et à modifier leur comportement. Faut-il encore leur envoyer les signaux indispensables. C’est l’enjeu de l’introduction progressive du prix du carbone pour que les émissions de gaz à effet de serre aient un coût qui corresponde aux dommages infligés à la planète. Et que les choix d’investissement s’en trouvent peu à peu modifié permettant aux technologies propres d’être accessibles à tous.

Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement. 
Pour résoudre la crise climatique, les bons sentiments, les déclarations d’intentions ne suffisent pas. Nous sommes au bord d’un point de rupture. Paris doit être le point de départ d’une profonde mutation énergétique, économique, sociétale. Nous ne pouvons plus considérer la nature comme un vulgaire et inépuisable réservoir de ressources destiné à notre seul accomplissement. Cette transformation est à la fois une obligation morale et une opportunité mondiale. Elle ouvre des possibilités de développement grâce à l’émergence d’une économie décarbonée avec des énergies renouvelables, des modes de transport propre, le recyclage des déchets, l’agro écologie, la préservation de la biodiversité, l’accès de tous aux biens publics mondiaux. Ainsi en rendant l’électricité accessible à tous et notamment en Afrique, c’est plus que de la lumière qui sera apportée, c’est la connaissance, l’éducation et le développement. Nous sommes en ce premier jour de la COP au pied du mur. Ce mur est l’addition de nos égoïsmes, de nos appréhensions, de nos résignations. Il est construit sur l’indifférence, sur l’insouciance, sur l’impuissance. Il n’est pas infranchissable. Tout dépend de nous. Sur nos épaules repose l’espoir de toute l’humanité. Je mesure combien combiner l’impératif de l’urgence et les choix du long terme est un exercice difficile. Mais il n’est pas impossible. Notre plus grand défi, c’est de passer d’une mondialisation basée sur la compétition à un modèle basé sur la coopération, où il sera plus rentable de protéger que de détruire. Nous devons penser la planète comme un espace unique. Nous devons établir un pacte d’équité entre le Nord et le Sud et un partenariat entre la Nature et l’Homme. C’est pourquoi nous sommes réunis, nous les dirigeants de la planète. Paris est un rendez-vous exceptionnel. Nous allons décider en quelques jours pour quelques décennies. Le plus grand danger n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignons. Alors plaçons, le plus haut possible, notre ambition pour que nous puissions au moins l’approcher. C’est en visant haut que l’on décidera pour longtemps de la vie sur notre planète.

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Discours d’ouverture Paris, 11 h00, 30 novembre 2015 - Intervention de M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international Président de la COP21 
Monsieur le Président de la République Française, Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Délégués, 
La semaine dernière, sachant que j’allais présider cette COP21, les personnes que j’ai rencontrées m’ont toutes posé la même question : la Conférence de Paris sera-t-elle un succès ? La première condition du succès est déjà remplie, grâce à vous. Vous êtes près de 150 Chefs d’Etat et de Gouvernement rassemblés ici, malgré la tourmente. Dans l’enceinte de notre Conférence, plusieurs milliers de délégués et de responsables de la société civile et à travers le monde, des millions. Par votre mobilisation, vous montrez que la civilisation et la solidarité sont plus fortes que la barbarie. Merci. La deuxième condition du succès, j’ai confiance qu’elle sera également remplie. Nous avons voulu réunir à pour le climat les acteurs non gouvernementaux de la planète : les villes, les régions, les entreprises, les organisations non gouvernementales, les forces sociales et économiques, les particuliers. En lien avec l’ONU dont le Secrétaire général s’est totalement mobilisé, le déroulement de cette Conférence a été construit dans cet esprit : les décisions des Gouvernements sont capitales –, mais celles des acteurs non gouvernementaux aussi. Ici même, dans les heures et les jours qui viennent, seront annoncés des engagements concrets et importants par des centaines de collectivités territoriales et d’entreprises. Des initiatives puissantes seront lancées, parfois en partenariat public-privé, notamment dans le domaine de l’innovation pour les technologies propres, de l’énergie solaire ou du prix du carbone. Toutes ces actions sont prometteuses pour la lutte contre le réchauffement climatique. Une lutte qui est à la fois une contrainte vitale et une opportunité essentielle pour un développement durable qui concilie économie, éthique et écologie. Reste la troisième condition du succès, la plus difficile : à l’issue de la Conférence, dans 11 petits jours, nous devons parvenir à un accord climatique universel et ambitieux. Cet accord devra être différencié, juste, durable, dynamique, équilibré, juridiquement contraignant et faire en sorte qu’à l’horizon 2100 la température, du fait des émissions de gaz à effet de serre, ne s’élève pas de plus de 2°, voire 1,5°, par rapport à l’ère préindustrielle. Chacun de ces termes renvoie à des dispositions précises sur lesquelles dans le passé nous n’avons pas pu totalement conclure. C’est l’enjeu des discussions que vos ministres et négociateurs vont avoir. Il nous faudra ne pas perdre notre temps dans des débats de procédure, traiter la substance et trouver ensemble des solutions. Comme Président de la COP, je devrai être à l’écoute de chacun, impartial, et agir pour un ambitieux compromis. Plusieurs signes sont encourageants. La prise de conscience qu’un accord est indispensable a beaucoup progressé, stimulée par le constat que 2014 fut l’année la plus chaude jamais enregistrée et que 2015 sera pire. Les travaux des scientifiques établissent de façon incontestable le diagnostic et le pronostic. L’engagement de grandes autorités spirituelles et religieuses est fort et celui des gouvernements va en général dans le bon sens. En témoigne le nombre des contributions nationales des Etats, les fameuses INDC. A ce jour, 183 INDC ont été publiées, représentant plus de 95 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Certes elles diffèrent par leur ambition, mais le fait même que la quasi-totalité des pays ait accompli cette démarche montre une évolution remarquable et permet d’anticiper les progrès qui seront nécessaires dans le futur. Car attention ! Le total de ces contributions nous éloigne des 4°, 5° ou 6° de réchauffement évoqués par le GIEC dans les scénarios inacceptables de l’inaction, mais cela ne suffira pas pour rester sous les 1,5° ou 2° maximum. D’où le caractère crucial des mécanismes de rendez-vous périodiques et d’amélioration que nous pourrons, je l’espère, inclure dans notre accord. J’insiste, enfin, sur un aspect : un accord climatique mondial, ce n’est pas une exigence que les pays développés imposeraient aux pays en développement ; c’est une exigence universelle à laquelle nous devons répondre ensemble. La solidarité climatique doit encore progresser ; la mobilisation des financements et des technologies en faveur des pays du Sud également. L’accord de Paris doit être aussi un pacte pour la justice et contre les inégalités. En tant que Président de cette Conférence, j’aurai pour mission d’y veiller. Sur tous ces points, nous souhaitons –mes collègues ministres et négociateurs avec moi – qu’en ce premier jour vous donniez l’impulsion politique indispensable : que vos interventions soient si fortes qu’elles interdisent toute autre issue que le succès ! Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, La France transmettra fin 2016 le témoin à nos amis marocains, de même que nous l’avons reçu de nos amis du Pérou qui ont accompli un remarquable travail. Mais en cette année 2015, il y a urgence. Les gaz à effet de serre continuent en effet de s’accumuler dans l’atmosphère, au point d’aboutir, si rien n’était fait ou pas assez vite, à une situation irréversible. Ici, maintenant, il existe un « momentum » particulier. C’est à cette Conférence-ci que la COP de Durban en 2011 a confié expressément la tâche de parvenir à un accord. La COP21 doit être un basculement, un tournant. Tout ne se résoudra sans doute pas à Paris ; mais on ne résoudra rien sans Paris. En cet instant, j’ai dans ma mémoire et dans le cœur les récits et les visages que j’ai croisés ces derniers mois en préparant la COP : au Bangladesh cette femme âgée, fatiguée et digne, qui avait dû déménager 9 fois à cause des inondations et qui m’a demandé si la COP21 allait changer cela ; au Grand nord cet ingénieur qui m’a montré les écroulements apocalyptiques de la banquise et leurs conséquences ; à Cochabamba, ce paysan bolivien pleurant les dégâts entraînés par le non-respect de la Terre mère et qui espère pouvoir nous faire confiance ; en Afrique cette jeune femme – car ce sont les femmes et les pauvres qui sont les premières victimes –décrivant l’assèchement spectaculaire du lac Tchad et ses incidences funestes. De nos réponses, de nos engagements ici, dépendra leur vie et celle de centaines de millions de nos frères et sœurs en humanité. Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, A l’entrée de cette salle, vous avez peut-être vu en levant les yeux une très grande photographie. Elle symbolise l’enjeu de notre Conférence. Sur le côté gauche de la photo, un arbre qui a perdu toutes ses feuilles, remplacées par des sacs plastiques, une sorte de squelette dans un environnement devenu inhumain. A droite de la photo, le portrait d’un enfant harmonieux qui s’éveille. Et au milieu, un papillon, porteur d’espoir. Nous en sommes là. Ou bien nous échouons à Paris : désolation. Ou bien nous concluons un accord ambitieux pour agir contre le réchauffement climatique et un bel avenir est ouvert. Je crois au succès. J’y crois parce que je l’espère. J’y crois parce que nous savons tous que la lutte contre le réchauffement climatique est plus encore qu’une question environnementale, c’est une condition essentielle pour alimenter en nourriture et en eau la planète, pour sauver la biodiversité et protéger la santé, pour lutter contre la pauvreté et les migrations massives, pour dissuader les guerres et encourager la paix, et en définitive pour donner ses chances au développement soutenable et à la vie. En cette fin d’année 2015, il revient à la France avec vous tous d’aider à relever deux des principaux défis du siècle : lutter contre le terrorisme et lutter contre le dérèglement climatique. Les générations présentes nous pressent d’agir ; les générations futures jugeront nos actions ; nous ne pouvons pas encore les entendre, mais d’une certaine façon elles nous regardent déjà. Le mot « historique » est souvent galvaudé ; aujourd’hui, il ne l’est pas. Ensemble, faisons de la Conférence de Paris le succès historique que le monde attend.

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Ouverture de la 21 Le Bourget, 30 novembre 2015 Conférence des Parties - Intervention de M. Laurent Fabius, Président de la COP 21 

Madame la Secrétaire exécutive, chère Christiana, Monsieur le Président de la COP 20, cher Manuel, Votre Altesse Royale, Mesdames et Messieurs les délégués et les observateurs, chers amis, 
Je veux d’abord vous remercier pour la confiance que vous venez de m’accorder par cette élection. Je sais l’honneur que représente la tâche de présider cette 21 Conférence des Parties. Je sais aussi la responsabilité qu’elle implique. Prendre le relais de mon collègue et ami Manuel Pulgar-Vidal est une tâche qui n’est pas facile. Manuel et l’ensemble de son équipe ont accompli un travail remarquable avant, pendant et après Lima, et je veux – en votre nom à tous – les remercier et les féliciter chaleureusement. Nous avons travaillé ensemble depuis des mois dans un esprit positif, et je sais que je pourrai continuer à compter sur ton appui, Manuel, tout au long de ces 11 jours. La première mission de la Présidence française, c’était de vous accueillir. Tout a été conçu pour vous permettre de travailler dans des conditions matérielles favorables, et dans un cadre respectueux de l’environnement. Une place particulière a également été réservée à la société civile, avec les « Espaces Générations Climat » : nous avons voulu que le site de la Conférence reflète l’esprit de cette Conférence, qui accordera une importance majeure aux engagements des acteurs non gouvernementaux dans le cadre du Plan d’action Lima-Paris. La seconde responsabilité de la Présidence française, la plus importante, c’est de faciliter l’obtention d’un accord au terme de ces 11 journées. Cette Conférence de Paris est particulière car, au terme du mandat qui a été fixé à Durban en 2011, il nous faut adopter lors de cette COP 21 – je cite ces mots que vous connaissez – « un nouveau protocole, un autre instrument juridique ou une solution concertée ayant force juridique, applicable à toutes les parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ». Pour y parvenir, nous n’avons que 11 petits ème jours devant nous, et même moins compte tenu des délais nécessaires pour les vérifications juridiques finales et la traduction dans les six langues des Nations Unies. Nous avons une obligation de succès.

Au cours de ces derniers mois, j’ai rencontré beaucoup d’entre vous, à Lima, Genève, Bonn, Paris, ou dans vos différents pays. Vous avez été nombreux à me demander comment la Présidence française concevrait son rôle au cours de cette COP 21. Je le résumerai en quatre mots : écoute, transparence, ambition, compromis. D’abord, je serai à l’écoute de chacun, comme je me suis efforcé de l’être depuis le début. Je veillerai à ce que tous les points de vue soient pris en compte. La France est une nation indépendante et attachée à l’égalité entre tous les pays. Nous assurerons une Présidence impartiale et respectueuse de tous. Je maintiendrai cette exigence jusqu’au bout de la Conférence. Ensuite, la transparence. Nous n’avons ni agenda caché ni plan secret. Nous voulons une Présidence inclusive, qui crée les conditions de la confiance entre tous. Je ferai tout pour mériter la vôtre. En retour, j’attends de vous que vous me parliez avec franchise, en me faisant part au jour le jour des points sur lesquels des blocages demeurent. Troisième exigence : l’ambition. L’enjeu est trop important, et la menace climatique trop grande, pour que nous puissions nous contenter d’un accord a minima. C’est cette voix de l’ambition que vos chefs d’Etat et de gouvernement venus à Paris feront entendre dans quelques instants. C’est une exigence que je porterai tout au long de la Conférence. Enfin, la Présidence française fera tout pour faciliter le compromis. Dans le texte sur lequel vous avez repris vos travaux dès hier, beaucoup d’options restent encore ouvertes. Votre tâche consistera à en trancher le plus grand nombre possible d’ici samedi 5 décembre à midi, date à laquelle les co-présidents du groupe ADP ont accepté de me remettre un projet d’accord. Mon objectif est que nous puissions nous concentrer ensuite, avec les ministres et les chefs de délégation, sur les ultimes points politiques à arbitrer. Il faudra donc avancer vite, traiter la substance sans se disperser dans des débats de procédure. Dans ce travail, la Présidence française, avec l’appui précieux de Christiana Figueres et de l’équipe du Secrétariat exécutif, sera à votre disposition pour rapprocher les points de vue et faciliter les convergences. Mesdames et Messieurs, En ce jour d’ouverture de la Conférence de Paris, le succès n’est pas encore acquis, mais il est à notre portée. Pour y parvenir, vous avez, nous avons encore du travail. Mais quelle plus extraordinaire mission que celle qui nous attend dans les jours qui viennent, et qui, pour certains d’entre vous, représente l’engagement d’une vie ? Les regards du monde entier sont tournés vers nous. Beaucoup d’espoirs reposent sur nous. A nous, donc, de nous montrer à la hauteur de nos responsabilités, afin de pouvoir dire au monde, le 11 décembre au soir, les deux mots qu’il attend : mission accomplie.

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