Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine a voté contre
Le 9 décembre après-midi, l’Assemblée nationale a adopté
le projet de loi relatif à la délimitation des régions, aux élections
régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral.
270 députés ont voté pour, 242 députés ont voté contre et 30 députés se sont abstenus. (Voir l’analyse du scrutin)
Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine a voté contre. Explication de vote par Marc Dolez :
"Cette nouvelle lecture amène notre groupe à réitérer
son opposition résolue au projet de loi et à l’ensemble de la réforme
territoriale en cours.
Alors qu’une réforme territoriale digne de ce nom
devrait s’appuyer sur un bilan partagé de l’application des lois de
décentralisation et se concevoir globalement en commençant par la
révision des compétences et des fonctions, alors qu’elle devrait aussi
faire l’objet d’un grand débat républicain sanctionné par un référendum
et s’accompagner d’une indispensable réforme fiscale, le Gouvernement a
fait le choix inverse en menant une réforme au pas de charge, au risque
de faire voler en éclats la République.
Pour notre part, depuis le début, c’est la philosophie
et l’architecture de cette réforme que nous contestons. Des
super-régions, des super-métropoles, des super-intercommunalités, des
départements et des communes vidées de leur substance, cette fuite en
avant autour de grandes entités à des échelles concurrentielles se
traduira par un bouleversement de notre édifice républicain lourd de
conséquences.
Trente ans après les premières lois de décentralisation,
c’est d’abord la démocratie locale qui est menacée, au prix d’un
inévitable renforcement de la technocratie et de la bureaucratie.
Car personne ne peut évidemment croire que l’on va
renforcer la démocratie et répondre à la grave crise de la
représentation que connaît le pays en réduisant le nombre d’assemblées
élues, en réduisant le nombre d’élus locaux de proximité et en éloignant
toujours plus les citoyens des lieux de décision et de pouvoir.
Alors que les inégalités territoriales n’ont jamais été
aussi fortes, personne ne peut croire non plus que ce bouleversement de
notre organisation territoriale, conforme à la mise en concurrence
demandée avec insistance par la Commission européenne, puisse répondre
au défi d’un aménagement équilibré du territoire. Comment ne pas
craindre que la fracture entre territoires ne s’élargisse encore et que
la nouvelle carte territoriale ne dessine en réalité une France des
territoires à plusieurs vitesses ?
Nous récusons pour notre part le choix d’une certaine
« länderisation » de nos institutions, et au fédéralisme sous-jacent,
nous opposons la décentralisation et le rôle de l’État, garant de
l’égalité républicaine. À la compétition et à la concurrence, nous
opposons la coopération et le partenariat autour de compétences
partagées et de projets communs.
Comment, enfin, ne pas condamner le cadre de la réforme
et l’asphyxie financière organisée des collectivités locales, qui porte
atteinte à leur capacité tant à assumer leurs missions essentielles qu’à
exercer leur droit de libre administration, qui est pourtant la
garantie d’un espace de liberté dans lequel les collectivités peuvent
agir dans l’intérêt des populations ?
En prévoyant une baisse des dotations de 28 milliards
d’euros sur trois ans, c’est bien l’austérité que vous placez au cœur de
la réforme, en ne laissant finalement aux collectivités que le choix
mortifère entre, d’une part, une réduction drastique de leurs dépenses
avec à la clé des suppressions massives d’emplois et de services de
proximité et, d’autre part, une forte augmentation de l’impôt local.
Un tel plan d’austérité se traduira inéluctablement par
un fort recul de l’investissement, qu’une étude de la Banque postale
évalue à environ 15 % pour 2014 et 2015, avec les conséquences que l’on
imagine sur l’emploi, la croissance et le développement économique.
C’est pour l’ensemble de ces raisons que les députés du
Front de gauche, indéfectiblement attachés aux fondements mêmes de la
République, combattent avec détermination et conviction la réforme
territoriale en cours. C’est aussi pourquoi ils voteront une nouvelle
fois contre ce projet de loi."
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