Yiannis
Burnous est membre du comité exécutif du Parti de la gauche européenne
Dimitris Stratoulis est syndicaliste et député Syriza, responsable de la
commission Emploi, Theano Fotiou est députée Syriza.
Défaire la campagne de terreur dirigée contre les peuples européens.
Il
reste peu de jours de vie à la coalition désastreuse de la droite et de
la social-démocratie qui gouverne la Grèce. Le 25 janvier, le peuple
grec est appelé à faire un pas historique décisif : mener à bout la
« révolution ¬démocratique » de juin 2012 et donner à Syriza et ses
alliés les moyens ¬politiques pour gouverner le pays. Les peuples
d’Europe, les forces politiques de la gauche européenne et tous les
mouvements démocratiques et progressistes en Europe dirigent leur
attention vers la Grèce.
La victoire décisive de Syriza aux
élections grecques peut mettre un terme aux politiques des mémorandums
et à la stratégie de l’austérité, et déclencher des évolutions
progressistes dans l’ensemble de l’Europe. Le 25 janvier, la peur
changera enfin de camp : elle sera dans le camp de l’adversaire, des
néolibéraux fondamentalistes, qui ont transformé la Grèce et les autres
pays dits PIIGS ¬(Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) en
laboratoires d’une expérimentation absurde et barbare.
Le moment
de la défaite est arrivé pour les épigones de Friedman. C’est bien pour
cela que les médias internationaux du système dominant se sont adonnés
ces derniers jours à une campagne de peur et de mensonge sans précédent à
l’encontre de Syriza et de la volonté du peuple grec. Ils pressentent
que le consensus silencieux – silence de cimetière – dans l’Union
européenne et dans l’eurozone approche vers sa fin. Ils s’aperçoivent
que la rupture en Grèce avec l’austérité et l’énonciation d’une
contre-proposition élaborée pour la gestion des dettes publiques de la
Grèce et de l’eurozone vont introduire un immense changement au rapport
des forces sociales et politiques en Europe et vont élever le moral,
l’espoir et les attentes des peuples européens en opposition aux choix
de leurs gouvernements néolibéraux, de la direction de l’Union
européenne et de la troïka.
L’objectif de Syriza et de la gauche européenne est la récompense de
l’espoir naissant des peuples de notre continent. Notre objectif est que
la victoire de Syriza en Grèce se mue en une vague déferlante qui, en
passant par la suite par l’Espagne et l’Irlande, remettra en question
« l’hégémonie inébranlable » de Mme Merkel, des banquiers, des marchés
et de leurs alliés politiques, droitistes, sociaux-démocrates et
libéraux. Depuis le moment où en Grèce des élections anticipées ont été
proclamées, nous sommes les destinataires de milliers de messages de
solidarité, individuels ou collectifs, en provenance de chaque coin
d’Europe et du monde. Des dizaines de camarades européens nous informent
qu’ils se rendront les jours des élections à Athènes pour renforcer
notre combat préélectoral et partager avec nous la victoire historique
de la gauche.
Nous n’avons qu’un seul message à adresser à chacun
de nos alliés européens, citoyen ou collectif de la gauche, de la
démocratie, des mouvements sociaux : il faut porter la vérité sur le
programme de gouvernance de Syriza à chaque coin d’Europe, pour défaire
avec votre aide la campagne de terreur dirigée contre les peuples
¬européens. L’heure est là pour l’espoir de l’emporter sur la peur !
***
Une majorité, un gouvernement et un plan d’action immédiat
La coalition gouvernementale de Samaras-Venizelos, qui, après avoir
pillé la société pendant deux ans et demi, a consenti récemment à des
nouveaux engagements envers la troïka des créanciers pour l’imposition
de mesures antisociales supplémentaires, appartient désormais au passé.
Syriza a atteint l’objectif de son renversement. Le peuple grec a
maintenant la parole. C’est lui qui imposera son choix avec son vote le
25 janvier 2015. Devant les urnes, deux options s’ouvrent à lui. La
première est celle de la continuation des politiques désastreuses de
l’austérité. La seconde est leur renversement et leur remplacement par
un plan de développement qui vise le redressement productif et social
effectif du pays.
Le gouvernement et ses amis en Grèce et à
l’étranger tentent, avec la diffusion de la peur et d’un discours
alarmiste autour de Syriza et de la perspective d’un gouvernement de
gauche, d’intimider un peuple ¬exsangue après cinq ans d’application des
mémorandums antisociaux. Des mesures qui ont ruiné ses salaires,
ses
retraites, ses droits acquis et ont propulsé la récession, le chômage et
la pauvreté à des niveaux stratosphériques.
L’alarmisme du
gouvernement grec, des cercles dirigeants du FMI, de la zone euro et de
l’Allemagne avec le chantage des hypothétiques attaques des marchés ne
fait pas peur à Syriza. Au contraire, cela renforce notre détermination
en tant que futur gouvernement de gauche soutenu par les combats et le
vote du peuple grec à promouvoir et à appliquer à la lettre les
dispositions de notre programme, sans succomber ni aux menaces, ni aux
chantages, ni aux pressions de l’establishment national et international
relayées à profusion par les médias dévoués à leur cause.
Les
critères de nos décisions, en tant que gouvernement progressiste de la
gauche, ne seront pas les exigences brutales et humiliantes des
créanciers et des fonds spéculatifs, mais la survie du peuple, la
dignité de notre pays, l’avenir de la jeune génération et aussi le
besoin de frayer des nouvelles voies prometteuses pour tous les peuples
de l’Europe, en renversant les politiques destructrices d’une austérité
sans fin.
L’objectif de Syriza est d’obtenir une majorité
parlementaire aux élections et la formation d’une alliance –
indépendamment du résultat électoral – avec d’autres forces de la gauche
et de l’écologie radicale pour former un gouvernement.
Ce
gouvernement de gauche aura comme priorités essentielles l’annulation
des mémorandums de rigueur et leur remplacement par un plan de
développement qui favorisera la restructuration productive. Il
s’attaquera immédiatement aux problèmes urgents du chômage, du
rétablissement des revenus de la classe ouvrière, des droits sociaux, de
la protection législative du travail et de tous les droits
démocratiques qui ont été abrogés les dernières années. Dans ce but, la
renégociation des accords de prêt avec les créanciers afin d’annuler les
clauses abusives, les clauses « coloniales » qui étranglent la
population et d’effacer une grande partie de la dette publique, est
nécessaire et primordiale.
Pour faire face aux problèmes sociaux
immédiats des victimes de la crise économique et pour relancer
l’économie, un plan d’action sera présenté immédiatement au Parlement.
Les projets de loi qui seront soumis en priorité au vote des députés
concernent :
– le rétablissement du salaire minimum à 751 euros
(celui-ci ayant été réduit à 586 par les lois mémorandaires) et du
treizième mois pour les retraites inférieures à 700 euros ;
– la
suppression des mesures législatives qui ont permis les licenciements
abusifs dans la fonction publique et la réembauche des victimes
concernés ;
– le rétablissement des lois de travail qui protègent
les salariés du privé contre les licenciements abusifs et la suppression
des mesures antidémocratiques qui permettent au gouvernement de
réquisitionner abusivement et autoritairement les grévistes ;
– la
mise en œuvre des mesures qui facilitent le remboursement des dettes
des personnes physiques et des PME envers les caisses de l’État ou des
assurances, des dettes des foyers surendettés envers les banques, en
prévoyant même la possibilité de l’effacement d’une partie de leur dette
égale à la perte des revenus liée à l’application des mesures
mémorandaires.
En même temps, le gouvernement prendra une série
des mesures pour remédier aux problèmes liés à la crise humanitaire :
accès au courant électrique pour les ménages pauvres, des coupons
alimentaires pour les personnes démunies, la mise à disposition des
logements pour les sans-abri, l’accès aux services de santé pour les
personnes sans couverture sociale, l’accès gratuit aux moyens de
transport publics pour les chômeurs et les pauvres et la réduction de la
taxe appliquée sur le fioul de chauffage.
Ces mesures
constitueront le premier pas de l’application de notre plan de
développement antimémorandaire. Son application présuppose la
mobilisation et le soutien du peuple grec, la solidarité des peuples
européens, l’alliance avec toutes les forces syndicales progressistes de
la gauche européenne et aussi avec les gouvernements du Sud frappés par
la pauvreté.
La coalition gouvernementale de Samaras-Venizelos et
l’élite politique et économique qui dirige actuellement l’Europe
utilisent la peur comme arme. Syriza et le Parti de la gauche européenne
représentent l’espoir de notre peuple et de tous les peuples européens
pour un meilleur avenir. Optimistes, nous croyons que nous pouvons
changer la situation en Grèce et en Europe. L’avenir est en marche.
***
Un avenir commun contre l’austérité et la déflation
Un avenir commun contre l’austérité et la déflation
Par Theano Fotiou Députée Syriza
La Grèce a été le pays d’Europe
où les classes populaires ont subi la plus violente politique
néolibérale d’austérité décidée par la troïka, par le biais des
mémorandums. Les objectifs étaient évidents : suppression des
conventions collectives et des droits acquis, abandon de l’État social
(éducation, santé, sécurité) au privé, privatisations et liquidation du
patrimoine public grec et des richesses naturelles du pays, confiscation
des patrimoines privés grecs par la surimposition au profit des
vautours étrangers des marchés. Dans un laps de temps de cinq ans,
l’économie a été détruite, le chômage a atteint 27 % et 62 % pour les
jeunes, les revenus ont été réduits de 50 %, les retraités ont été
anéantis, 3,5 millions de citoyens se sont retrouvés en dessous du seuil
de pauvreté. Les jeunes émigrent massivement et la dette publique est
passée de 120 % en 2009 à 175 % du PIB. Et naturellement, elle ne peut
pas être remboursée. Le peuple grec devait être puni de façon
exemplaire, à titre d’avertissement pour le reste des peuples européens.
L’économie et la société ont subi des dommages d’une guerre non
déclarée. Le peuple souffre. La Grèce, un pays de l’UE en temps de paix,
se trouve face à une crise -humanitaire : suicides, enfants qui
s’évanouissent de faim à l’école, propagation des maladies infantiles
puisque les enfants ne sont plus vaccinés et 35 % des familles se
trouvent en dessous du seuil de pauvreté.
Le peuple grec n’a pas
plié. Des vagues de grèves et des manifestations massives ont mobilisé
le pays, tandis que les citoyens se sont retournés pour la première fois
depuis la Seconde Guerre mondiale vers la gauche radicale, vers Syriza.
En même temps le peuple grec a commencé à s’auto-organiser en créant
des structures de solidarité sociale sur tout le pays afin de survivre
et de résister. Personne ne reste seul face à la crise. Solidarité et
résistance ont été les mots d’ordre. Des centres de santé et des
pharmacies solidaires, des cantines sociales, des distributions de colis
alimentaires, des nouveaux marchés sans intermédiaires de distribution,
des écoles solidaires pour les Grecs et les étrangers, et tous les
jours nous voyons apparaître de nouvelles formes de collaboration
sociale. Suivant les règles de la ¬démocratie participative, les
décisions sont prises en assemblées générales ouvertes garantissant la
participation égalitaire de tous, solidaires et bénéficiaires, Grecs et
étrangers. Par leur action, ces cellules d’autogestion renversent le
modèle idéologique du néolibéralisme (concurrence, personnalisation et
privatisation).
La crise transforme les identités. Les structures
de solidarité sociale accélèrent les transmutations identitaires et
politiques. Les structures de la solidarité révèlent le caractère
politique de la crise. Parallèlement, le besoin de survie devient
créateur des nouveaux savoir-faire de la pauvreté. Il démontre l’effet
multiplicateur de la participation citoyenne. Les structures
alimentaires qui se développent sur l’étendue du ¬territoire grec se
sont très rapidement intéressées aux surplus, au gaspillage, aux
produits terrés par les producteurs ou détruits par les usines, aux
aliments jetés par les restaurants et les magasins, aux médicaments et
aux habits dont les familles ne se servent plus. Des produits qui
sauvent des vies alors que le capitalisme préfère détruire pour
accroître la valeur ajoutée du capital.
Cette Europe-là doit
changer. Un cordon ombilical lie les structures de solidarité avec la
gauche radicale. Leurs pratiques journalières ont enrichi le discours et
le programme de Syriza. La lutte contre la crise humanitaire constitue
un des grands axes du programme politique de Syriza et englobe les
mesures immédiates qui vont être prises afin que personne ne se trouve
plus sans toit, sans médicaments, sans chauffage, sans courant
électrique. Syriza désire devenir le porte-parole de tous ceux qui ont
nourri sa réflexion, qui ont amplifié sa force et sa voix pour
revendiquer aujourd’hui la gouvernance du pays, pour supprimer les
mémorandums et l’austérité, pour négocier l’effacement de la plus grande
partie de la dette, non seulement pour le peuple grec mais pour le bien
de toute l’Europe. Pour devenir l’initiateur d’un changement historique
qui aura comme devise : « Cette Europe-là, elle se change ou elle
s’autodétruit. »
C’est pour cela que nous demandons aujourd’hui
la solidarité de tous les peuples de l’Europe pour un avenir commun
contre l’austérité et la déflation, contre l’expansion du fascisme et du
racisme.
Pour l’Europe de la cohésion sociale et de la
solidarité. « Pour l’humain avant le gain et pour un autre monde (qui)
est possible », deux devises qui revendiquent les valeurs du socialisme
comme des valeurs intemporelles de la gauche.
Solidarité avec la
Grèce Plus de 80 personnalités ont lancé un appel intitulé « Grèce :
Rendons-leur la démocratie ! Troïka basta ! »,
dans lequel ils
scandent : « Union européenne, dirigeants européens, FMI, agences de
notation : cessez
votre chantage, votre ingérence dans la campagne
électorale grecque ! Laissez le peuple décider ! »
À retrouver et à
signer sur troikabasta.wesign.it/fr
Un appel a également été lancé à
l’échelle internationale. Intitulé « Changer la Grèce, changer l’Europe.
Changer pour toutes et tous », il rassemble 300 premiers signataires,
parmi lesquels : Immanuel Wallerstein, Giorgo Agamben, Noam Chomsky,
Judith Butler,
Tariq Ali, Chakravotry Spivak, James K. Galbraight,
David Harvey, Ken Loach, Étienne Balibar, Slavoj Zizek , Stephan
Schulmeister, Jacques Testart, Susan George, Thomas Coutrot, Dominique
Plihon, Aurélie Trouvé,
Jean-Pierre Dubois, Gérard Aschieri, Jean-Yves
Camus, Henri Sterdyniak, Roland Gori, Bernard Dreano,
Gus Massiah,
Jacques Généreux, Jean-Marie Harribey, Philippe Marlière, Dominique
Meda, etc. Pour le retrouver et le signer en ligne, allez sur : www.with-the-greeks.eu
Sur le terrain économique, le traitement austéritaire a eu l’effet d’un poison. Le petit capital a été broyé (90 000 PME grecques ont disparu entre 2008 et 2011). Le fragile appareil productif grec est brisé, tandis que les entreprises publiques sont bradées au profit des multinationales, des fonds de pension et de l’élite financière grecque. Pour Yannis Eustathopoulos, économiste travaillant pour l’institut du travail de la Confédération générale des travailleurs grecs, les politiques conduites depuis cinq ans « participent à la formation d’un modèle de croissance économique par dégradation du travail, des droits sociaux, de l’environnement et de la cohésion territoriale ». Ces mutations n’ont pas pour autant permis à la Grèce de réduire le fardeau de la dette. Son ratio par rapport au produit intérieur brut (PIB) était de 113 % en 2009, avant la crise. Il atteint aujourd’hui 175 %. Quant aux 226,7 milliards « d’aides » octroyées par la troïka depuis 2010, en contrepartie d’un sévère programme d’ajustement structurel, ils ont pour l’essentiel bénéficié directement ou indirectement au secteur de la finance.
Sur le terrain économique, le traitement austéritaire a eu l’effet d’un poison. Le petit capital a été broyé (90 000 PME grecques ont disparu entre 2008 et 2011). Le fragile appareil productif grec est brisé, tandis que les entreprises publiques sont bradées au profit des multinationales, des fonds de pension et de l’élite financière grecque. Pour Yannis Eustathopoulos, économiste travaillant pour l’institut du travail de la Confédération générale des travailleurs grecs, les politiques conduites depuis cinq ans « participent à la formation d’un modèle de croissance économique par dégradation du travail, des droits sociaux, de l’environnement et de la cohésion territoriale ». Ces mutations n’ont pas pour autant permis à la Grèce de réduire le fardeau de la dette. Son ratio par rapport au produit intérieur brut (PIB) était de 113 % en 2009, avant la crise. Il atteint aujourd’hui 175 %. Quant aux 226,7 milliards « d’aides » octroyées par la troïka depuis 2010, en contrepartie d’un sévère programme d’ajustement structurel, ils ont pour l’essentiel bénéficié directement ou indirectement au secteur de la finance.
L’humanité.
http://www.humanite.fr/comment-le-peuple-est-il-en-train-de-reprendre-...
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