vendredi 25 mars 2016

Communiqué des députés Front de gauche : on ne négociera pas le niveau de précarité (projet de loi Travail)

Après un mois de mobilisation, le projet de loi travail a été présenté ce jeudi 24 mars en Conseil des ministres.

Les députés du Front de Gauche confirment leur demande de retrait de ce texte régressif qui marque un recul historique pour les protections des travailleurs et une méconnaissance des réalités du monde de l’entreprise.

Les aménagements en trompe l’oeil apportés à cette réforme le 15 mars suite à un dialogue de façade ne sauraient faire oublier la philosophie générale de ce texte.

L’inversion de la hiérarchie des normes sociales, dont l’expression est la toute puissance de l’accord d’entreprise, reste le pivot essentiel de cette réforme. Parallèlement, les dispositions relatives au licenciement économique comme celles sur le référendum d’entreprise consacrent l’affaiblissement des protections individuelles et collectives dont le Code du travail est le garant.

A l’inverse, les contreparties en termes de sécurité pour les salariés sont toujours absentes. Le compte personnel d’activité ne peut en rien être comparé à la mise en place d’une sécurité sociale professionnelle, pourtant devenue essentielle pour faire face aux nouveaux défis économiques et sociaux.

Que valent deux pages d’amélioration contre 130 pages de régressions sociales ?

Loin de simplifier le droit du travail et de créer des emplois, cette réforme aura pour conséquence un éparpillement du droit du travail et une mise en concurrence généralisée entre les salariés, les chômeurs et les précaires.

Bien décidés à ne pas se soumettre à une simple négociation du niveau de précarité, les députés du Front de Gauche prolongeront la mobilisation de la rue par la bataille parlementaire.

Nous porterons devant l’Assemblée nationale des propositions alternatives fortes pour conquérir de nouveaux droits sociaux.
 
Vendredi 25 mars 2016

Lettre ouverte de l'ANECR à Monsieur le Premier Ministre


Cette Lettre Ouverte sera portée en délégation à Matignon lors du rassemblement du

Samedi 9 avril 2016 à 15h00

Réunis à Paris le samedi 9 avril, les élus communistes et républicains de l’ANECR vous demandent de recevoir à Matignon, une délégation d’élus représentative de la diversité des territoires, pour vous témoigner, sur la base de leur vécu auprès des citoyens et de l’exercice de leur mandat, de la nécessité de modifier le cap sur plusieurs urgences sociales et démocratiques essentielles à l’avenir du pays.

Sur la lutte pour l’emploi


La jeunesse exprime, comme la société, sa profonde inquiétude et son rejet de la loi « Travail » en cours de débat. Les salariés ayant des droits ne sont pas un obstacle à l’emploi. C’est au contraire la jungle patronale qui précarise, qui déqualifie, qui flexibilise, sans répondre à la hauteur des besoins de formation et de recherche et d’investissement.

Les conséquences pour les collectivités, ce sont des besoins supplémentaires pour l’action sociale, le vivre-ensemble, le logement aidé, les missions locales…. Les effets cumulés de la réforme territoriale et de la Loi de Finance sont de plus en plus dévastateurs pour l’emploi. Il faut au contraire que les budgets consacrés sans contreparties au C.I.C.E. soient réinjectés dans l’emploi public et privé sur la base d’un contrôle démocratique par les salariés et les élus, et que soit mis en place un véritable système sécurisé d’emploi et de formation.

Sur les dotations d’État aux communes

Adoptée par la Loi de Finance, la réforme de la DGF a été différée d’un an. Mais à ce jour, il n’y a toujours pas de mise à disposition des maires, de simulations fiables. Cette réforme intervient alors que le concours injuste des collectivités aux rééquilibrages des comptes publics se poursuit à marche forcée pour 2017 avec une ponction renouvelée de 3.5 milliards d’euros pour la 4e année. Cela met les collectivités, notamment le bloc communal, en grave difficulté. L’impact est terrible sur le service public, la commande publique et plombe une partie de l’économie nationale. Si les attentats qui ont frappé notre pays cet automne ont naturellement mobilisé les élus sur la cohésion nationale, leurs profondes inquiétudes sur les finances locales n’ont pas disparues. Elles vont légitimement ressurgir lors du Congrès des maires en mai.

La mise en place de la loi NOTRe, la montée en charge des péréquations intercommunales (FPIC), créent une complexité et une concurrence entre les territoires plus vive que jamais : les enveloppes de misère à partager créent de la discorde, et non les mutualisations vertueuses annoncées. Nous proposons de rouvrir le débat des financements des collectivités, d’une véritable réforme fiscale comprenant la taxation des actifs financiers pour contribuer à l’aménagement. Rappelons que les flux financiers ne concoure pas à l’action publique, ce qui est injuste et favorise une compétition sauvage et destructrice d’emploi.

Sur la loi NOTRe

La Nouvelle Organisation Territoriale de la République instaurée depuis le 1er janvier 2016, sans consultation ni information des citoyens, provoque une accélération des remises en cause du bloc communal (communes et intercommunalités préexistantes). La mise en place à marche forcée des métropoles, les schémas de grandes intercommunalités imposées dans tout le pays par les Préfets s’appuyant sur les CDCI, concentrent toujours plus les pouvoirs, éloignent les citoyens des décisions qui les concernent, renforcent la concurrence entre les territoires.

La Métropole du Grand Paris est ligotée financièrement avant même que les transferts de compétences et de mutualisations très hypothétiques ne commencent à se déployer. Et les grandes ambitions d’attractivité et de rayonnement vont se limiter à des appels à projets autour des Hubs de transports. La lutte contre les inégalités est passée actuellement sous silence. Elle doit retrouver de vrais moyens pour recoudre le tissu social, pour en finir avec les territoires de relégation.

Le processus massif de fusion de communes va faire disparaître des centaines de collectivités rurales asséchées financièrement et désertifier des territoires entiers. Il faut au contraire relancer une politique d’aménagement du territoire, assurant l’égalité des citoyens sur tout l’hexagone et le maintien des communes comme élément démocratique de base de la République.

Sur la résorption de la crise du logement


Plusieurs grands secteurs de notre pays sont en proie à une crise du logement sans précédent. La petite embellie de la construction en 2015 peut vite s’essouffler sous les effets conjugués de la baisse des aides à la pierre, des transferts de compétence programmés en zone métropolitaine qui va fragiliser encore les prescriptions de la SRU, du manque d’aides aux maires bâtisseurs, et la spéculation sur les terrains constructibles.

De plus la droite revenue aux affaires dans plusieurs régions qui prétend casser l’effet ghetto en supprimant l’aide à la construction sociale…

Nous sommes au contraire porteurs de propositions pour une grande relance du logement pour tous, sans chasser des pôles métropolitains et des coeurs de ville la majorité des salariés, en raison des coûts excessifs du logement. Nous défendons un logement aidé de qualité, qui ne soit pas relégué, ni réservé aux familles les plus en détresse.

Nous vous demandons, Monsieur le Premier ministre, d’entendre ces propositions de gauche - basées sur une expertise citoyenne plus que sur les paradigmes des marchés. Car nous sommes persuadés que la France, quand elle sait être audacieuse au niveau social et démocratique, a un bel avenir et peut renouer avec son grand rayonnement en Europe et dans le monde.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de nos salutations respectueuses.

mardi 22 mars 2016

Attentats / Bruxelles : "Monstrueux carnage. Solidarité et soutien avec les belges"




Attentats / Bruxelles : "Monstrueux carnage. Solidarité et soutien avec les belges"

La nouvelle des attentats de ce matin à Bruxelles nous frappe toutes et tous de stupeur et d'effroi. A cette heure, le bilan provisoire fait état de 26 morts et plusieurs dizaines de blessés. Le Parti communiste français (PCF) tient d'abord à exprimer sa profonde peine devant ce monstrueux carnage, et à assurer de toute sa solidarité et de son soutien les familles des victimes, les habitant-e-s de Bruxelles et la population de Belgique tout entière.

Le PCF condamne ces attentats comme tous ceux perpétrés en France, au Proche-Orient, au Maghreb et en Afrique au long de ces dernières années avec le but d'entretenir des situations de violence, de guerre et de déstabilisation.

Les mobiles exacts des assassins ne sont pas encore connus mais l'objectif est évident: par une stratégie de terreur aveugle et inhumaine, ancrer les divisions en Belgique, en Europe, au plan international.

Ce drame appelle plus que jamais à l'inverse à une plus grande solidarité et une détermination politique pour non seulement retrouver et arrêter les meurtriers comme les commanditaires, mais aussi à apporter des réponses politiques durables à ce qui nourrit les filières criminelles qui veulent "importer un climat de guerre" en Europe et qui l'entretiennent partout ailleurs.

La responsabilité de nos gouvernements et de l'UE est de refuser de s'inscrire dans cette logique mais aussi de revoir la logique de leurs politiques internationales qui restent cantonnées à des réponses militaires au détriment des solutions politiques.

Le travail de la police et de la justice pour démanteler les réseaux et filières, pour stopper les donneurs d'ordre et les soutiens sera déterminant, et doit se dérouler dans le respect absolu des droits et libertés, individuelles et collectives, fondamentales, contre tous ceux, à commencer par les commanditaires des attentats, qui veulent les déstabiliser.

L'atout de la filière industrielle du nucléaire doit être conforté


L'atout de la filière industrielle du nucléaire doit être conforté

Le PCF alerte sur les menaces grandissantes qui pèsent sur la maîtrise nationale de nos choix énergétiques. La première de ces inquiétudes concerne la politique industrielle nucléaire et l'avenir d'EDF, qui connaissent une situation très paradoxale.

La Ministre de l’Énergie vient d'annoncer son intention de prolonger la durée d’exploitation du parc nucléaire de 40 à 50 ans. Cette décision est conforme à l'objectif de maintenir le niveau de production d'électricité nucléaire à 63,2 GW. Elle répond également aux engagements de la France en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Nous prenons acte de cette décision malgré l'opposition injustifiée, exprimée par la Suisse et l'Allemagne, deux pays qui ont décidé de sortir du nucléaire sans aucune concertation avec les autres pays européens et contribuent, aujourd'hui, à une très forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre néfastes au climat.

L'Agence de Sûreté Nucléaire (ASN) – dont les effectifs doivent être renforcés - a d'ailleurs confirmé qu’il n’y a aucune raison, du point de vue de la sûreté, de fermer Fessenheim. Cette centrale a bénéficié récemment d’importants investissements de plusieurs centaines de millions d’euros pour améliorer sa sûreté conformément aux exigences de l'ASN. Cette fermeture n'est pas justifiée.

En revanche, des menaces fortes existent sur les investissements d'avenir. Pour le PCF, les filières énergétiques françaises doivent faire l'objet d'un plan de développement industriel ambitieux. C'est vrai pour les Enr dont le mode de financement doit être complètement repensé afin de ne plus alourdir la facture des consommateurs via la CSPE ainsi que la cohérence de leur développement.

Le secteur du nucléaire civil - troisième filière industrielle du pays - doit quant à lui disposer des moyens financiers et humains à la hauteur des enjeux, tant au plan national qu'international.

Ce secteur, qui constitue un atout doit être conforté pour relever les défis d'une énergie dé-carbonée et accessible à tous, EDF doit procéder à d'importants investissements. A l'instar d'autres pays européens, le grand carénage doit permettre la rénovation, le remplacement de matériels, l'intégration de mesures post-Fukushima afin d'assurer le prolongement de la durée de vie des centrales en toute sécurité.

Or les ressources d'EDF sont pénalisées par la déstabilisation du marché électrique mondial. Le prix de marché de gros de l’électricité en Europe - déconnecté des coûts de production - est tombé très bas du fait de la baisse du prix du baril de pétrole et du charbon. De ce fait, le recours accru aux énergies fossiles est amplifié au moment où il faut les réduire massivement. Aujourd'hui encore, 70 % de l’électricité mondiale est produite à partir du charbon.

De plus, les conditions de reprise d'AREVA-NP imposées à EDF, suite au démantèlement de l'entreprise, sont très lourdes.

Enfin, malgré toutes les alertes, EDF envisage de s'engager dans l'aventure hasardeuse de la construction des centrales EPR d'Hinckey-Point en Grande Bretagne, avec des risques financiers considérables.

L'addition de ces problèmes peut déstabiliser EDF et la filière dans son ensemble. Le PCF demande un débat national pour construire un pôle public national de l’énergie, alliant la maîtrise publique au service du droit à l’énergie pour tous, l’exigence de sécurité et de sûreté et un prix de l’énergie abordable pour tous. Nous continuerons de porter ces choix d'avenir !
 

Accord UE-Turquie : "lâche et inacceptable"

De Pov (Ile Maurice)


Accord UE-Turquie : "lâche et inacceptable"

L'accord signé vendredi 18 mars entre les 28 chefs d'Etats et de gouvernements et le premier ministre turc est inacceptable.

Il confirme la volonté des dirigeants européens de fermer les portes d'entrée de l'Europe aux populations fuyant la guerre, les violences et la misère. Ainsi, à partir du dimanche 20 mars, tout réfugié arrivant sur les îles et côtes grecques sera renvoyé en Turquie. Outre la lourdeur du dispositif, cet accord fait l'impasse sur la situation de dizaines de milliers de migrants et réfugiés, déjà sur le sol européen, dont l'espoir d'être « réinstallé » dans un pays européen se réduit de plus en plus. En effet, la Commission européenne vient de diminuer de moitié ses projets de « réinstallation », passant de 160 000 à 72 000 personnes, alors qu'ils sont aujourd'hui moins d'un millier à en avoir bénéficié. Et que vont devenir les réfugiés d'Irak, d'Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan... ?

De fait, le droit d'asile, dont les conditions sont fixées par la Convention de Genève, est foulé aux pieds et le HCR a de nouveau exigé son respect. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon dès novembre 2015 appelait « à cesser de construire des murs et de renvoyer des gens ».

La Turquie, quant à elle, se voit gratifier du label de « pays sûr », condition pour recevoir les réfugiés refoulés. Un comble. Les chefs d'Etat ont donc accepté toutes les conditions fixées par le gouvernement d'Erdogan au plan financier, politique et administratif, fermant les yeux sur la terreur orchestrée par le président turc depuis plusieurs mois, la répression féroce contre la population kurde, la chasse aux démocrates et les atteintes aux libertés d'opinion, d'expression et de la presse.

La quasi totalité des chefs d'Etats ont tout accepté, trop heureux que la Turquie leur permette de se dégager d'une partie de leurs responsabilités d'accueil et d'asile de populations en détresse. Ce « lâche soulagement » suscite de virulentes critiques des ONG, des autorités de l'ONU, des associations et des citoyens attachés aux valeurs de solidarité et d'humanité de notre continent.

A Athènes, Rome, Londres et Genève des manifestations de protestation ont eu lieu.

Le PCF s'associe aux condamnations de cet « accord de la honte ». L'Europe, première puissance économique mondiale, forte de ses 500 millions d'habitants a les capacités d'accueillir ces femmes, ces hommes et ces enfants.

La France se doit également d'ouvrir ses portes aux 30 000 réfugiés qu'elle s'était engagée à recevoir sur notre sol. Elle doit respecter ses engagements.

La France doit notamment veiller à ce que la libéralisation prévue du régime des visa accordée à la Turquie réponde effectivement aux normes et critères définis, notamment par les traités européens, concernant la démocratie, l’État de droit, le respect des libertés fondamentales, les relations avec la République de Chypre, avant l'ouverture de tout chapitre supplémentaire dans la discussion sur l'adhésion potentielle de la Turquie à l'UE.

Enfin, tout doit être mis en œuvre pour s'attaquer aux causes de cette situation : la guerre en Syrie doit cesser, la négociation actuelle aboutir et la feuille de route du Conseil de sécurité de l'ONU acceptée par toutes les parties, régime et opposition réunis, Kurdes inclus.Les autorités françaises doivent peser dans ce sens. La paix revenue sur une partie du territoire syrien,c'est la possibilité offerte à ces réfugiés de retourner dans leur pays ; c'est à ces objectifs de paix que l'UE et les pays-membres doivent consacrer leurs efforts.

 http://www.pcf.fr/85189

lundi 21 mars 2016

Racisme : la France est montrée du doigt ! par Fabienne HALOUI

Lundi 21 mars , journée mondiale contre le racisme

La commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) vient de publier un rapport sur le racisme en France de 2010 à 2015. On y pointe la croissance des actes xénophobes, antisémites et islamophobes ; des attentats meurtriers motivés par l’antisémitisme ; un traitement inhumain des roms et une conception restrictive de la laïcité source potentielle de discriminations.

La France, pays de la déclaration des droits de l’homme est une nouvelle fois montrée du doigt : « Le discours de haine, de par sa banalisation dans la sphère publique, demeure un sujet de préoccupation ».

On sait le rôle détestable que peuvent jouer des discours politiques et médiatiques dans la libération de la parole raciste ou dans l’instrumentalisation de la laïcité pour exclure !

Cela se traduit par un racisme ordinaire non répertorié par les statistiques. L’étude du phénomène de sous-déclaration des plaintes pour propos racistes conclut que 92% des injures ne sont pas déclarées et qu’il en est de même pour 76% des menaces. Des centaines de milliers de citoyens sont, donc, en France victimes d’injures à caractère raciste et atteints dans leur dignité.

30 ans après la marche pour l’égalité, 10 ans après la révolte des banlieues, la situation des descendant-e-s de l’immigration post coloniale et originaires des DOM-TOM, malgré quelques progrès, reste marquée par les inégalités, les discriminations et la stigmatisation

Nourri par les frustrations, les souffrances, les inégalités et les déchirures que provoque notre société en crise, par la multiplication des conflits dans le monde, le racisme gangrène la République, lui fait perdre ses valeurs et les faiseurs de haine exacerbent la concurrence entre les victimes du racisme.

Le plan gouvernemental contre le racisme adopté l’an dernier se met en place : Il est positif de renforcer la législation pour condamner la haine sur les réseaux sociaux, les actions en milieu scolaire ou de mettre en place des comités opérationnels contre le racisme (CORA) dans les départements.

Mais mener le combat antiraciste, c’est sortir de l’ambiguïté politique :

Le Gouvernement ne peut pas déclarer l’année 2015 Grande Cause Nationale de la lutte contre le racisme et prôner la déchéance de nationalité ou encore refuser la mise en place du récépissé contre le contrôle au faciès. Quand on est Premier Ministre on ne combat pas l’observatoire de la laïcité présidé par Jean Louis Bianco dont l’action est reconnue pour son action contre les discriminations, on n'assimile pas l’antisionisme et la critique d’Israël à de l’antisémitisme, au risque de diffuser le poison antisémite. Enfin le rôle d’un délégué interministériel à la lutte contre le racisme n’est pas de combattre les organisations antiracistes qui ne partagent pas ses vues mais de travailler avec toutes pour combattre toutes les formes de racisme.

Mener le combat antiraciste c’est aussi prendre des mesures comme :
* La mise en place du récépissé contre le contrôle au faciès,

* Le droit de vote accordé tous les résidents étrangers non européens

* L’abrogation de la circulaire Chatel relative aux sorties scolaires

* Un plan d’urgence pour un accueil digne des populations roms

* Des mesures pour l'accueil des demandeurs d'asile, pour la régularisation des "sans-papiers"

* Un vrai plan de lutte contre l’ensemble des discriminations

Le PCF considère urgent d’amplifier la lutte contre toutes les formes de racisme, c’est un vrai défi qu’il entend relever avec plus de force pour recréer de l’unité et gagner la bataille de l’égalité réelle !

Fabienne HALOUI, responsable PCF « Lutte contre le racisme et pour l’égalité des droits »

samedi 19 mars 2016

Lettre du rapse n° 132 du 17 mars 2016



La nouvelle Lettre du RAPSE (Réseau d’Action Promouvoir Sécuriser l’Emploi) vient de sortir.

Au sommaire :

1) Loi travail, le gouvernement choisi la précarité
2) Campagne pour l’emploi : « zéro chômage, pour une société de partage »
3) Chômage : le constat
4) Chômage : qu’est-ce qui est en cause ?
5) Leurs prétendues solutions conduisent au pire
6) L’emploi et le travail au cœur de la bataille idéologique en France et en Europe
7) Sécuriser l’emploi et la formation
8) Créer des emplois, former massivement et réduire le temps de travail
9) Responsabiliser socialement et territorialement les entreprises
10) Promouvoir tous les services publics
11) Faire reculer le marché financier : une nouvelle utilisation du crédit banques et BCE
12) Lutter contre les licenciements et les suppressions d’emplois
13) Comment maîtriser les nouvelle relations d’emploi avec la révolution numérique
14) Contre la réforme du code du travail, défendre et promouvoir le statut des salariés
15) Défendre le droit à ’indemnisation des chômeurs et leur retour à l’emploi choisi avec la formation
16) Agir et rassembler pour le service public de l’emploi et de la formation
17) Du local au global, rassembler et faire décider par les salariés, les citoyens les élus.

Lire la revue en ligne en cliquant ICI 

Violences policières contre le mouvement social : lettre ouverte au Ministre de l'Intérieur (MJCF)



Prendre le parti pris de la jeunesse : potentialités et obstacles

 
En collaboration avec le MJCF et le secteur Jeunesse du PCF, le LEM a conduit un travail d'auditions, d'analyse d'enquêtes et de notes sur la jeunesse sous l'angle des obstacles et des potentiels pour son engagement dans le combat émancipateur.

Dans cette période de mobilisation des jeunes contre la loi "Travail" et dans le même temps de la préparation de notre congrès, ce travail peut nous être utile. Tu trouveras ci-joint le cahier du LEM (Lien d'étude sur le mouvement des idées et des connaissances, revue du PCF).

Cette revue s'adresse aux militants et sympathisants communistes et plus largement aux organisations de jeunes, aux élu-es, aux acteurs professionnels, associatifs, syndicalistes dans le domaine de la jeunesse : enseignant-es , éducateurs-trices , Missions locales ....

Isabelle De Almeida
Responsable nationale du PCF des questions de la jeunesse
 
Consulter la revue en cliquant ICI 

99% !



Le livre de Pierre Laurent, intitulé 99% sort en librairie le 7 avril.

En photo la couverture et la table des matières pour vous donner une idée du contenu.

Le livre part de l'étude d'Oxfam international publiée début janvier sur les inégalités mondiales et notamment le chiffre "bombe": les 1% les plus riches de la planète détiennent plus de richesses que les 99% restants.

Il a deux ambitions essentielles: faire la pédagogie du système capitaliste qui permet aux 1% d'imposer leur loi et démontrer que les 99% (et notamment les Français) peuvent reprendre la main sur le cours de l'histoire.

Contrairement à tous les livres politiques du moment, il dit "nous" (et non "je") et porte sur le besoin d'unité et de réinvestissement populaire dans la politique. On y retrouve des éléments d'analyse, de projet, la question de l'engagement, de la France et du PCF.

Contrairement à ce qu'on a pu lire dans certains médias, les questions soulevées vont au-delà de 2017 !

Destiné au grand public, 99% est un atout pour la bataille idéologique. Il met en cause les idées reçues et on peut dire qu'il tombe bien dans cette période de mouvement social contre la loi El Khomri!

C'est l'outil idéal pour aller au contact des citoyens. Cela peut aussi être un outil de formation pour les nouveaux adhérents. C'est un livre à lire, mais aussi à offrir aux personnes qui, proches de nous, se questionnent peut-être sur la possibilité de s'engager au parti.

Son prix de vente en librairie est de 9,80 euros mais nous disposerons, dès le 22 mars, de 8000 exemplaires au prix éditeur de 6 euros au CN.

Un bon de commande sera également mis en ligne sur le site du parti pour les commandes individuelles qui seront, elles, gérées par la Librairie Renaissance.

Une présentation aux militants aura lieu sous la coupole, à Colonel Fabien, le lundi 11 avril à 18h30.

Un petit film "teaser" annonçant la sortie sera diffusé sur les réseaux sociaux dès lundi. 
 

jeudi 17 mars 2016

Lettre ouverte à François Hollande, Président de la République (Jean ORTIZ)


Monsieur le Président,

Un jour d’avril 2014, vous allâtes furtivement à Carmaux, rendre hommage à Jean Jaurès, à l’occasion du 100e anniversaire de son assassinat.

Même si vous avez beaucoup muté depuis le discours du Bourget, vous êtes, historiquement, ne vous en déplaise, héritier du patrimoine jaurésien, un patrimoine national, qui devrait être commun à tous les progressistes.



Un patrimoine dont la France peut s’honorer. Comme Jean Jaurès dénonça le « mur de l’argent », vous déclarâtes jadis « n’avoir qu’un ennemi : la finance ».

Jean Jaurès est le père fondateur du journal L’Humanité, à l’époque « Journal socialiste quotidien », dont il était le directeur politique. Dans le premier éditorial, intitulé « Notre but », du 18 avril 1904, il écrivait : « C’est à la réalisation de l’humanité que travaillent tous les socialistes. L’humanité n’existe point encore, ou elle existe à peine ».

Ce journal national, sans doute le plus ancien de France, quasiment seul journal d’opinion, se trouve aujourd’hui gravement menacé à cause des logiques économiques néolibérales. Vous voilà donc au pied du mur... de l’Histoire. Ne pas réagir au péril de disparition de L’Humanité vous rendrait coupable de « non assistance à liberté en danger ». Rien ne servirait d’être allé à Carmaux si vous n’usiez pas de vos prérogatives pour défendre le pluralisme de la presse, et ce qu’il reste de presse d’opinion, réduite au fil des années à peau de chagrin. Que reste-t-il dans notre pays de la liberté d’être informé autrement que par les marchands d’armes et les patrons du BTP ?

Lorsqu’un quotidien se meurt, c’est la démocratie qui souffre. C’est un pan de la mémoire populaire qui disparaît.

Je ne veux pas entrer dans le détail de ce que gauchement vous devriez ou pourriez faire pour contribuer à sauver notre Huma. Allez-y donc ! Cognez fort ! Et n’hésitez pas : le 49-3, ou le 98-6 s’il le faut ! Si vous ne réagissez pas, nous en déduirions que vous n’avez qu’un seul ennemi : la gauche de transformation sociale et les travailleurs. Nous nous en doutions déjà un peu. Elle avait bien raison la dame qui vous interpella à Carmaux : « Il parlait pas comme vous Monsieur Jaurès ! » Je n’attends pas une réponse écrite, mais des actes.

Recevez, Monsieur le Président, en tant que Tarnais, universitaire, syndicaliste, militant communiste depuis toujours et fils d’antifasciste espagnol, l’expression de ma déception et de ma colère.

Jean Ortiz, universitaire, Pau.

Quand les médias s’affolent sur la loi El Khomri (L'Humanité 17/03/2016)

Copie d'écran

Depuis la mise en ligne, par Caroline De Haas, de la pétition contre la loi El Khomri, le 25 février dernier, les médias débordent d’imagination et de vindicte pour discréditer les signataires, les jeunes, les syndicalistes.

C’est un phénomène très curieux : alors que le projet de loi de ­Myriam El Khomri bouleverserait la vie de millions de salariés, s’il venait à passer peu ou prou, les médias ne donnent presque jamais la parole aux principaux intéressés. Pire, si l’on écoute et observe, ils font ronronner une petite musique. Qui, dans le meilleur des cas, vire à la valse politicienne. Et dans le pire, à une musique militaire néolibérale.

Ainsi, le lexique utilisé n’est pas innocent : on assiste au match des « réformateurs », aux mesures quasi révolutionnaires contre « les archaïques », qui veulent maintenir un système obsolète. Dans le genre outré, la une du Point, daté du 3 mars, annonce la couleur : au-dessus des photos de Martine Aubry, du secrétaire de la CGT Philippe Martinez et du président de l’Unef William Martinet, un titre : « Les derniers dinosaures », en dessous une légende : « L’emploi, ils s’en fichent, l’idéologie passe avant ». La CGT, dans l’édito de Franz-Olivier Giesbert, est ramenée à « un canard sans tête de l’archéo-corporatisme », Martine Aubry à une « Attila des 35 heures et générale Hiver de la gauche nordiste », « méchante » (si, si) et le syndicat d’étudiants à des « bouffons ». Alba Ventura, sur RTL, mardi matin, se désolait que « tout le côté innovant de la loi s’est envolé », tandis que son confrère Alain Duhamel, sur la même station, estimait le 11 mars que « ce qui était ambitieux (dans le projet de loi – NDLR) sur le plan économique est très édulcoré, quelquefois purement supprimé. En revanche, les lois de protection sociale sont renforcées » (quelle honte !). Il estime que « les forces conservatrices (les syndicats) sont toujours plus fortes que les forces réformatrices » (le gouvernement et le Medef). Elkabbach, sur Europe 1, demande pour sa part si les modifications apportées au projet de loi « ne sont pas un grand bond en arrière ». De la part de ceux qui, les fesses bien calées dans leur fauteuil de privilégiés, veulent nous renvoyer à l’ère de la petite fille aux allumettes, ces dérives de vocabulaire seraient presque savoureuses.
 
Une image des jeunes abêtie

On peut aussi relever l’immense silence, hors micros-trottoirs des manifs, des salariés, ou de leurs représentants. Enfin presque. Laurent Berger, de la CFDT, depuis le début du conflit, intervient quasi quotidiennement dans le journal de 20 heures de France 2. « Un acteur central pour le gouvernement », note France 2 le 7 mars, voire « un homme clé » (le 11 mars). Il est évidemment invité sur toutes les stations de radio. Tandis que Philippe Martinez, en dehors du Grand Jury RTL-le Monde et de la matinale de France Culture, ou Jean-Claude Mailly en sont réduits à la portion congrue niveau temps de parole. Dans le Point, il est taxé de « vice-ministre du Travail ». En revanche, la parole des autres syndicats est très rare. Myriam El Khomri, Manuel Valls et Emmanuel Macron courent les antennes et inondent les unes des journaux. La palme du bon goût revient à France 2, qui, le 2 mars, diffuse un reportage sur une entreprise contrainte par la justice de rembaucher cinq salariés protégés, ce qui la colle sur la paille, paraît-il. Commentaire du patron : « C’étaient des fouteurs de merde qui ne pensaient qu’à bouffer du patron. » Le sujet venait juste après un petit point sur le projet de loi de Myriam El Khomri. Fin et délicat. Tous ces titres et journaux développent aussi beaucoup d’énergie à contre-expliquer les bienfaits de la réforme. Quitte à discréditer des grévistes, comme Jean-Pierre Pernaut l’a fait, le 9 mars, avec les agents de la SNCF. 

En boucle, ça marche ailleurs

Et les jeunes. Ces pauvres jeunes, manipulables et manipulés, forcément. On ne compte même pas les reportages nous les montrant en difficulté pour répondre à une question précise, digne d’une thèse de ­troisième cycle. En revanche, histoire de les discréditer, Maryse Burgot les montre ­prenant le métro sans payer. Et prend à témoin une dame qui poinçonne son ticket, « ah, vous n’allez pas à la manif, vous » ! Alain Duhamel, sur RTL, parle de « cette moitié de la jeunesse à l’université qui étudie et l’autre qui cherche souvent un emploi et vote FN ». Sur la même station, un débat d’une heure dans On refait le monde, la ­semaine précédente, avait mis tout le monde d’accord sur le fait que oui, vraiment, cette jeunesse ne comprend rien à rien. Nathalie Saint-Cricq, sur France 2, relève aussi que nous sommes face à des gamins sans foi ni loi : « Sans remonter à Mai 1968, elles (les luttes étudiantes et lycéennes – NDLR) peuvent se propager à toute vitesse, elles sont souvent incontrôlables, et il n’y a pas le service d’ordre de la CGT et de FO » (d’un seul coup bien utiles…).

Et puis, il y a aussi l’argument imparable : ces mesures, ça marche ailleurs. Le Point met une interview de l’économiste Philippe Aghion, qui explique doctement qu’il nous faut regarder nos voisins européens et en tirer les conséquences. France 2 (encore) illustre chaque jour son propos par un tour d’Europe des mesures ­sociales, en évacuant ­complètement, ou quasi complètement, qu’elles puissent encore davantage précariser les citoyens. Sur France 2, un salarié danois dit, la bouche en cœur : « La grève, les manifs, ça ne sert à rien. » (7 mars)

Et ce n’est pas fini. Les prochaines semaines vont encore donner du grain à moudre à ces médias dominants, robinets à cracher la soupe du pouvoir, valets de pied de Macron et de Valls, qui au fond défendent leurs propres intérêts.
 
Caroline Constant

Une loi qui empoisonne la santé (L'Humanité 17/03/2016)



Réuni depuis hier en états généraux, le Collectif pour la santé des travailleurs alerte contre la loi travail.

Durée, rythme et conditions de travail : le projet de loi El Khomri aura des conséquences délétères sur la santé des travailleurs. Voilà sans conteste l’avis global des 500 professionnels de la santé et experts de terrain réunis depuis hier à la bourse du travail de Paris pour les états généraux de la santé des travailleuses et travailleurs. Alors qu’une nouvelle réforme se dessine qui va compliquer les procédures de reconnaissances des maladies professionnelles, l’avant-projet de loi travail donne toujours plus de pouvoir aux employeurs pour adapter l’employé à l’entreprise, dans un contexte où la précarité augmente et les CDD raccourcissent. Où même le sacro-saint CDI n’est plus aussi protecteur. 

Le gouvernement fait la sourde oreille

« Avec le projet de loi El Khomri, le salarié va se trouver à disposition de son employeur, alarme l’avocate Alexandra Soumeire, du Syndicat des avocats de France (SAF), avec un temps de travail qui ne sera plus défini par le contrat mais à l’initiative de l’employeur. La modulation du temps de travail va imposer l’alternance de grosses périodes de travail et de moins grosses, sans payer les heures supplémentaires. » La durée quotidienne du travail, par exemple, aujourd’hui limitée à dix heures, ne pouvait excéder 12 heures que dans certains cas précis encadrés par la loi. Avec le nouveau projet de loi, le dépassement pourra être enclenché pour tout motif lié à l’organisation de l’entreprise grâce à un accord collectif.

Les professionnels pointent les dangers d’un travail qui contraint, épuise, expose aux produits chimiques dangereux, aux cancers professionnels, rend malade, mais le gouvernement fait la sourde oreille. « L’employeur est déchargé de ses responsabilités sur l’aptitude du salarié, son reclassement, l’aménagement de poste, résume l’avocate Elodie Touaillon-Hibon. Toute la responsabilité repose désormais sur le médecin du travail. Le texte a remplacé la notion d’emploi par la notion de poste. Le salarié est considéré comme un pion. » Et si le salarié le refuse, il devra quitter l’entreprise. Les médecins dénoncent le basculement de leur mission en faveur des objectifs de l’employeur. Quand à l’expertise des CHSCT, celle-ci vit peut-être ses derniers jours. En contestant l’expertise devant le juge, l’employeur pourra la suspendre. Alors comment reprendre l’offensive face à un travail qui n’émancipe plus mais détruit ? « Défendre la qualité du travail pourrait être un enjeu fédérateur », a avancé Thomas Coutrot, chercheur et porte-parole d’Attac.
 
Kareen Janselm

Face à la précarité, des baskets mais aussi des idées (L'Humanité 17/03/2016)

À Paris, le 9 mars.
Photo : Christophe Ena/AP

Alors que le gouvernement jure qu’elles n’ont rien compris, les organisations de jeunes sont non seulement déterminées à obtenir, dans la rue, le retrait de la loi El Khomri mais elles formulent des propositions.
« Ne pas choisir la réforme aujourd’hui, c’est se condamner à la rupture conservatrice demain. » En publiant sa tribune sur les réseaux sociaux, mardi soir, Manuel Valls espérait sans doute démobiliser les troupes appelées à se retrouver dès aujourd’hui dans la rue, les jeunes en tête. La ficelle est grosse et les propositions défendues par le collectif contre la loi El Khomri composé de plus de 20 organisations de jeunesse discréditent le « moi ou le chaos » du premier ministre (lire page 9). « Si Manuel Valls nous écoutait, il pourrait entendre que nous avons des propositions à faire », rétorque Camille Lainé, secrétaire générale du MJCF (Mouvement jeunes communistes de France). Déjà, vendredi dernier, à sa sortie de Matignon, le président de l’Unef, William Martinet, refusait d’accepter que le premier ministre explique « qu’on peut discuter de tout, mais pas de la loi travail ». Regrettant que le débat soit renvoyé « à des discussions annexes ».

Obtenir la fin « des rémunérations en dessous du SMIC »

Le communiqué de la vingtaine d’organisations syndicales, politiques, associatives de jeunes laisse peu de place au doute sur leur volonté, au-delà d’obtenir le retrait de la loi, de peser dans le débat : « Nous appelons tous les jeunes à une nouvelle journée d’action le 17 mars prochain pour exiger le retrait sans conditions de ce projet de loi régressif, et porter haut et fort nos contre-propositions pour lutter contre le chômage et garantir à tous un droit à un avenir stable », clament-elles, développant en trois axes leurs exigences communes. Pour « en finir avec la précarité », l’idée est d’abord d’assurer aux stagiaires et apprentis les mêmes droits que les autres salariés, notamment en demandant la fin « des rémunérations en dessous du SMIC » et « une protection sociale ». Mais, pour les organisations de jeunesse, il s’agit également de dégager les moyens pour l’accès de tous à « une formation de qualité ». « Gattaz se promène avec un badge “1 million d’emplois grâce au CICE”, des emplois dont on n’a pas vu la couleur. Plutôt que faire des cadeaux aux entreprises, la priorité doit être de financer les universités à hauteur des besoins », souligne Martin Bontemps, vice-président de l’Unef. Pour le texte unitaire, l’enjeu est aussi de « mettre en place une véritable protection sociale (pour les étudiants) avec un revenu, ainsi que compter les années d’études dans le calcul de la retraite et de l’assurance chômage ». Mais les jeunes entendent également avoir leur mot à dire sur le marché du travail lui-même. Et d’exiger « le CDI comme norme d’emploi, la répartition par la diminution du temps de travail sans baisse de salaire entre toutes et tous pour en finir avec le chômage et assurer une protection sociale suffisante à chacun, salariés comme personnes sans emploi ».
Évidemment, pas de quoi réjouir les tenants de la ligne gouvernementale. Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a choisi sa cible, hier, estimant que le MJS, également membre du collectif, est « à côté de ses pompes ! ». Tout est bon, même s’en prendre aux siens, pour décrédibiliser des jeunes dont le gouvernement ne cesse de dire qu’ils n’ont pas compris sa réforme.
« La loi El Khomri mobilise dans les facs comme les lycées pour son retrait total. Mais il y a aussi une attente de changement », assurait au contraire Julie, étudiante rennaise, à Paris le week-end dernier, lors de l’assemblée nationale du Mouvement jeunes communistes, qui s’est, pour sa part, penché sur la création d’un « statut social » regroupant une série de droits nouveaux. Avec les autres organisations, « on n’a pas toujours les mêmes positions, reconnaît Camille Lainé. Mais avec ce gouvernement on est sûr que c’est ensemble qu’on marquera des points… ».
Trois journées nationales d’actions en mars. « Face au chômage et à la précarité auxquels sont confrontés les salarié-e-s, les femmes et les jeunes en particulier, l’urgence est à la conquête de nouveaux droits », estime l’intersyndicale composée de sept organisations de salariés, de lycéens et d’étudiants (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL) dans un , et appelant au retrait de la loi travail. Elles « soutiennent et appuient les journées d’actions » à l’initiative des organisations de jeunes les 17 et 24 mars, et appellent à « la mobilisation par la grève et les manifestations le 31 mars ». Ce jeudi, rendez-vous est donné à 13 h 30, place de la République à Paris.

 Julia Hamlaoui

Le 8 avril 2016 à Manosque : Conférence-débat "Décrypter la loi Travail - Gagner son retrait", en présence de Gérard Filoche


Le 21 mars 2016 au local PCF de Manosque : Ecoute collective "Lundis de gauche - Porte ouverte pour 2017"

Dès 18h au local du PCF (Place Marcel Pagnol à Manosque)

La section PCF de Manosque propose une écoute collective, en direct, des débats animés dans le cadre des "lundis de gauche".


En présence de :

Cécile Duflot, députée EELV
Dominique Rousseau, professeur à l’École de droit de la Sorbonne (Université Paris I)
Sophie Wahnich, historienne, collectifs Urgence Citoyenne


 

mardi 15 mars 2016

La loi travail - Entretien avec David van der Vlist, avocat en droit du travail au service du mouvement social (Vidéo)

David van der Vlist, avocat en droit du travail et militant au syndicat des avocats de France, présente en détail, en une heure, le contenu de la loi Travail portée par Myriam El Khomri. C'est l'occasion de se pencher avec un spécialiste sur l'impact qu'aura cette loi sur les salariés si elle est adoptée.
Pour visionner la vidéo, cliquer ICI : https://www.youtube.com/watch?v=wE2OEgLkRkM 

 L’Humanité du 16 mars 2016 décrypte point par point le projet de loi travail :

 - Licenciement économique : objectif maintenu !

Malgré toutes les rumeurs sur le sujet, le gouvernement a choisi de ne pas reculer. Les critères du licenciement économique seraient bien assouplis avec cette nouvelle mouture du projet. Une baisse de commandes, du chiffre d’affaires ou des pertes d’exploitation pourraient justifier un tel licenciement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et pour une entreprise appartenant à un groupe, le périmètre d’appréciation des difficultés économiques serait limité au secteur d’activité du groupe en France, la bonne santé économique au niveau mondial ne serait pas prise en compte. Le gouvernement annonce que « des garanties seront prévues par la loi pour prévenir et sanctionner la création artificielle de difficultés économiques », mais comment prétendre sanctionner les pratiques que le projet de loi encourage ?

- Le plafonnement des indemnités transformé en barème indicatif

Sur ce point, le gouvernement recule vraiment et renonce à plafonner le montant des dommages et intérêts pour licenciement abusif que des salariés peuvent toucher de leur employeur en saisissant les prud’hommes. Mais il annonce qu’il accélérera l’entrée en vigueur d’un autre système, prévu par la loi Macron du 6 août dernier et qui doit faire l’objet d’un décret : un barème indicatif auquel les juges prud’homaux pourront se référer. Cette grille laisse les juges libres de procéder à une véritable estimation des préjudices subis par les salariés, mais elle les incitera tout de même à une certaine harmonisation, vraisemblablement vers le bas, des montants alloués.

- Des accords pour travailler plus en gagnant moins

Les accords compétitivité emploi imaginés par Nicolas Sarkozy, et devenus « accords de maintien de l’emploi » dans la loi inspirée de l’ANI en 2013, seraient consacrés et leur nocivité étendue avec le projet de loi travail. N’importe quel accord d’entreprise prétendant « préserver ou développer l’emploi » s’imposerait aux contrats de travail, dont il pourrait modifier la durée de travail (à la hausse) et le salaire horaire (à la baisse). La « rémunération mensuelle » serait garantie, mais c’est un décret qui définirait les contours de cette garantie. Les salariés refusant l’application de l’accord seraient licenciés sans pouvoir contester le motif, et ne bénéficieraient pas d’un plan de sauvegarde de l’emploi même s’ils sont plus de neuf dans la charrette.

- La surveillance médicale des salariés réduite à peau de chagrin

Pas de changement annoncé sur ce volet de la réforme qui n’a pas fait couler beaucoup d’encre alors qu’il précariserait les salariés qui ont des problèmes de santé, et ferait reculer la protection de tous les salariés face aux risques du travail. L’avant-projet de loi prévoit de réduire à peau de chagrin le suivi médical des salariés. Les visites médicales d’embauche et les visites périodiques seraient cantonnées à certaines catégories de salariés, pour les autres les visites seraient beaucoup plus espacées qu’aujourd’hui. Les salariés ayant des problèmes de santé seraient reconnus « inaptes » plus facilement qu’aujourd’hui, et l’obligation de reclassement pesant sur l’employeur serait allégée.

- Les accords avec les salariés mandatés seraient élargis

La possibilité de mettre en place un système de forfait en jours, qui permet de mesurer la durée de travail à la journée et non à l’heure, sans passer par un accord dans les entreprises de moins de 50 salariés, serait supprimée dans la nouvelle mouture. Mais le gouvernement annonce, sans précision, un élargissement des possibilités de signer un accord avec un salarié mandaté lorsqu’il n’y a pas de délégué syndical dans l’entreprise. Il faudra surveiller les modalités de cet élargissement car le mandatement est souvent le moyen pour l’employeur de signer un accord avec un salarié qu’il a lui-même choisi. Et cet élargissement concernerait tous types d’accords, pas seulement ceux instaurant les forfaits en jours.

- Le verrou de la branche saute pour les heures supplémentaires

Le gouvernement renonce à l’augmentation du temps de travail des apprentis mineurs à 10 heures par jour et 40 heures par semaine, au fractionnement du repos quotidien en cas de forfait en jours, et dit ne pas toucher aux durées quotidienne et hebdomadaire de travail, ni aux systèmes d’astreintes. Il pourrait toutefois jouer sur les mots et toucher, par exemple, aux moyennes de durée de travail sur plusieurs semaines… Mais surtout, il ne retire pas le grand changement en matière de temps de travail introduit par l’avant-projet de loi, à savoir la liberté pour un accord d’entreprise de fixer le niveau de majoration des heures supplémentaires, avec un plancher à 10%, sans tenir compte de l’accord de branche. Le verrou de l’accord de branche saute bel et bien.

- La flexibilité reste le maître-mot

La modulation du temps de travail par accord d’entreprise ou de branche est aujourd’hui possible sur une année. Les salariés sont aux 35 heures non pas par semaine, mais en moyenne sur l’année. Le texte prévoit d’élargir cette possibilité jusqu’à trois années, ce qui reporte l’éventuel paiement d’heures supplémentaires à la fin de cette période de référence et constitue un facteur de fatigue important avec les variations de durée de travail. La nouvelle mouture encadre un peu cette possibilité en rendant nécessaire un accord de branche pour étendre la modulation au-delà de l’année. Mais elle laisse inchangée la possibilité pour l’employeur de décider unilatéralement une modulation du temps de travail sur quatre mois, contre un mois aujourd’hui.
Le référendum contre les syndicats mis en place par étapes
Le gouvernement choisit la méthode des petits pas. Dans sa nouvelle mouture, il choisit de cantonner aux accords portant sur le temps de travail l’introduction du référendum pour neutraliser l’opposition de syndicats majoritaires, en attendant une généralisation du système. Aujourd’hui, un accord est valable s’il est signé par des syndicats représentant au moins 30% des salariés, mais des syndicats recueillant plus de 50% des voix peuvent faire jouer leur droit d’opposition contre l’accord. Avec le nouveau système, des syndicats à plus de 30% pourront organiser un référendum pour rendre l’accord valable malgré l’opposition de syndicats majoritaires. Sous prétexte de démocratie, on casse le rempart que peuvent constituer les syndicats face au chantage à l’emploi utilisé par les employeurs pour obtenir des reculs sociaux.

17 mars: mobilisation contre la loi travail - Tract du PCF


lundi 14 mars 2016

Réformes du travail : nos voisins paient déjà l'addition (L'Humanité 14/03/2016)



L’HUMANITE
Lundi 14 Mars 2016

Avant la France, d'autres pays européens ont réformé pour le pire leur droit du travail. Des exemples sur lesquels s'appuie le duo Medef-gouvernement. Mais, que ce soit en Allemagne il y a dix ans, en Espagne il y a quatre ans, ou en Italie plus récemment, le résultat de ces réformes, en dépit d'une amélioration toute conjoncturelle du chômage, est similaire : plus de précarité et moins de droits pour les travailleurs.

À en croire le Medef et ses amis du gouvernement, tous les maux de l'économie française seraient à mettre sur le dos de travailleurs nantis et du droit qui les protège. Alors, pour prouver que l'on a raison, quoi de mieux que de brandir les réformes faites chez le voisin même si l'échec y est évident ? Les lois Hartz mises en place il y a dix ans en Allemagne ont réduit les protections sociales et favorisé la dérégulation du marché du travail avec pour seul résultat des situations de précarité inédites outre-Rhin: aujourd'hui près de 40 % des salariés sont tributaires de petits boulots à temps partiel, ou en intérim, payés en moyenne 400 euros par mois. Même chose en Espagne. En 2012, en pleine crise, Madrid est sommée par Bruxelles de couper dans les dépenses publiques et de garantir la liberté de licenciement à moindre coût. Le résultat est dramatique : en 2015, 22,5 % des actifs sont privés d'emploi, avec un taux de chômage de 46 % chez les jeunes de moins de 25 ans et au moins 700 000 Espagnols partis chercher du travail hors d'Espagne. Facile, dans les deux cas de figure, de faire baisser le taux de chômage. Quant au « Jobs Act » adopté en Italie il y a un an, ce n'est qu'un écran de fumée renforçant les précarités déjà existantes. Ce dont François Hollande et le Medef ne semblent avoir cure, tant le marketing du chiffre du taux de chômage prédomine sur la réalité de citoyens abusés et désabusés.

ALLEMAGNE UNE DOUBLE INTOX

Une fois encore le « modèle allemand » est brandi comme référence majeure par le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, ou le leader du Medef, Pierre Gattaz. La France aurait une série de réformes de retard. Et la preuve par l'Allemagne serait imparable : les bouleversements structurels impulsés il y a plus de dix ans par le chancelier Schröder lui permettraient d'afficher une croissance bien plus forte et un taux de chômage réduit à 5 % de la population active.

Si l'on veut simplement se donner la peine de regarder la réalité de plus près, la démonstration se révèle pour ce qu'elle est : une manipulation. D'abord pour des raisons strictement arithmétiques. Si le nombre de chômeurs enregistrés par les offices pour l'emploi a effectivement reculé outre-Rhin, le phénomène est d'abord imputable à l'aiguisement de la crise démographique qui frappe le pays depuis plus de deux décennies. Il y a tout simplement beaucoup moins de jeunes à entrer sur le marché du travail. Quant à la croissance, qui est le facteur déterminant en matière de création d'emplois, elle est bien trop molle pour avoir joué un rôle significatif. Elle s'établit à 0,8 % en moyenne sur les sept dernières années (contre 0,5 % pour la France). Sur le fond, l'intox de l'opération de l'exécutif français et du Medef est plus flagrante encore. Car les réformes antisociales ne dopent pas l'économie germanique, elles la plombent. Les quatre lois Hartz, dont la première fut dévouée à réduire « les protections contre le licenciement » et les autres à une dérégulation sauvage du marché du travail (diminution des droits et de la durée d'indemnisation des chômeurs), ont bouleversé la société allemande en y faisant surgir un très large volant de précaires. Aujourd'hui, selon une étude de la fondation Hans-Böckler, proche des syndicats, près de 40 % des salariés allemands sont tributaires d'un emploi atypique (petits boulots à 400 euros, temps partiels, intérim, jobs uberisés, etc.). Résultat : des fractures terribles apparaissent au sein d'une société qui est devenue l'une des plus inégalitaires d'Europe. Les salariés des couches sociales inférieures, et singulièrement les plus jeunes, éprouvent les pires difficultés à s'extirper des routines paralysantes de la précarité pour accéder à un véritable emploi. Dans une enquête consacrée au phénomène, le magazine der Spiegel alertait : la société renoue avec les barrières des « ordres » d'un autre âge (« Ständestaat »), quand on a la malchance d'être né au sein de la communauté du bas de l'échelle sociale ou que l'on a glissé vers elle « il n'est plus possible d'en sortir ».

Outre que ce délitement de la cohésion sociale alimente une ambiance lourde dans le pays, nourrissant les angoisses de déclassement si propices à la xénophobie, il est aussi très contre-productif pour l'économie. L'exclusion sociale à grande échelle aggrave en effet les goulots d'étranglement « démographiques » évoqués plus haut. Résultat : certaines entreprises peinent à recruter aujourd'hui la main-d'œuvre qualifiée dont elles ont besoin. Au point que des marchés leur échappent, selon plusieurs études officielles.

Conférence-Débat "Lutter contre le terrorisme par la paix, les solidarités et l'engagement" - 18 mars 2016