À Paris, le 9 mars.
Photo : Christophe Ena/AP
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Alors que le gouvernement jure qu’elles n’ont rien compris, les organisations de jeunes sont non seulement déterminées à obtenir, dans la rue, le retrait de la loi El Khomri mais elles formulent des propositions.
«
Ne pas choisir la réforme aujourd’hui, c’est se condamner à la rupture
conservatrice demain. » En publiant sa tribune sur les réseaux sociaux,
mardi soir, Manuel Valls espérait sans doute démobiliser les troupes
appelées à se retrouver dès aujourd’hui dans la rue, les jeunes en tête.
La ficelle est grosse et les propositions défendues par le collectif
contre la loi El Khomri composé de plus de 20 organisations de jeunesse
discréditent le « moi ou le chaos » du premier ministre (lire page 9). «
Si Manuel Valls nous écoutait, il pourrait entendre que nous avons des
propositions à faire », rétorque Camille Lainé, secrétaire générale du
MJCF (Mouvement jeunes communistes de France). Déjà, vendredi dernier, à
sa sortie de Matignon, le président de l’Unef, William Martinet,
refusait d’accepter que le premier ministre explique « qu’on peut
discuter de tout, mais pas de la loi travail ». Regrettant que le débat
soit renvoyé « à des discussions annexes ».
Obtenir la fin « des rémunérations en dessous du SMIC »
Le communiqué de la vingtaine d’organisations syndicales, politiques,
associatives de jeunes laisse peu de place au doute sur leur volonté,
au-delà d’obtenir le retrait de la loi, de peser dans le débat : « Nous
appelons tous les jeunes à une nouvelle journée d’action le 17 mars
prochain pour exiger le retrait sans conditions de ce projet de loi
régressif, et porter haut et fort nos contre-propositions pour lutter
contre le chômage et garantir à tous un droit à un avenir stable »,
clament-elles, développant en trois axes leurs exigences communes. Pour «
en finir avec la précarité », l’idée est d’abord d’assurer aux
stagiaires et apprentis les mêmes droits que les autres salariés,
notamment en demandant la fin « des rémunérations en dessous du SMIC »
et « une protection sociale ». Mais, pour les organisations de jeunesse,
il s’agit également de dégager les moyens pour l’accès de tous à « une
formation de qualité ». « Gattaz se promène avec un badge “1 million
d’emplois grâce au CICE”, des emplois dont on n’a pas vu la couleur.
Plutôt que faire des cadeaux aux entreprises, la priorité doit être de
financer les universités à hauteur des besoins », souligne Martin
Bontemps, vice-président de l’Unef. Pour le texte unitaire, l’enjeu est
aussi de « mettre en place une véritable protection sociale (pour les
étudiants) avec un revenu, ainsi que compter les années d’études dans le
calcul de la retraite et de l’assurance chômage ». Mais les jeunes
entendent également avoir leur mot à dire sur le marché du travail
lui-même. Et d’exiger « le CDI comme norme d’emploi, la répartition par
la diminution du temps de travail sans baisse de salaire entre toutes et
tous pour en finir avec le chômage et assurer une protection sociale
suffisante à chacun, salariés comme personnes sans emploi ».
Évidemment, pas de quoi réjouir les tenants de la ligne
gouvernementale. Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a choisi
sa cible, hier, estimant que le MJS, également membre du collectif, est
« à côté de ses pompes ! ». Tout est bon, même s’en prendre aux siens,
pour décrédibiliser des jeunes dont le gouvernement ne cesse de dire
qu’ils n’ont pas compris sa réforme.
« La loi El Khomri mobilise dans les facs comme les lycées pour son
retrait total. Mais il y a aussi une attente de changement », assurait
au contraire Julie, étudiante rennaise, à Paris le week-end dernier,
lors de l’assemblée nationale du Mouvement jeunes communistes, qui
s’est, pour sa part, penché sur la création d’un « statut social »
regroupant une série de droits nouveaux. Avec les autres organisations, «
on n’a pas toujours les mêmes positions, reconnaît Camille Lainé. Mais
avec ce gouvernement on est sûr que c’est ensemble qu’on marquera des
points… ».
Trois journées nationales d’actions en mars. « Face au chômage et à la précarité auxquels sont confrontés les salarié-e-s, les femmes et les jeunes en particulier, l’urgence est à la conquête de nouveaux droits », estime l’intersyndicale composée de sept organisations de salariés, de lycéens et d’étudiants (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL) dans un communiqué commun, et appelant au retrait de la loi travail. Elles « soutiennent et appuient les journées d’actions » à l’initiative des organisations de jeunes les 17 et 24 mars, et appellent à « la mobilisation par la grève et les manifestations le 31 mars ». Ce jeudi, rendez-vous est donné à 13 h 30, place de la République à Paris.
Julia Hamlaoui
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