André
CHAISSAIGNE – Député Front de Gauche (PCF)
L’adoption
début juillet, en deuxième lecture du projet de loi d’avenir pour
l’agriculture, l’alimentation et la forêt aura permis de mettre en
évidence les contradictions évidentes entre le changement de
cap agricole, qui constitue l’orientation fondamentale de ce projet
de loi, et les choix libéraux européens désastreux pour nos
agriculteurs.
En
appuyant mon propos
sur ceux d’Olivier de Schutter, le rapporteur
spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, qui ne cesse de
défendre le virage de l’agroécologie pour répondre aux enjeux
alimentaires de notre siècle, j’ai ainsi salué le choix du Ministre
de l’Agriculture de placer au cœur de son projet de loi l’ambition
de l’agroécologie. Car comme l’exprime Olivier de Schutter « l’agriculture
conventionnelle accélère le changement
climatique, repose sur des intrants coûteux et n’est pas résiliente
aux chocs climatiques. Elle n’est tout simplement plus le meilleur choix
pour l’avenir ». S’il précise que «
l’approche gagne aussi du terrain dans les pays développés comme les États-Unis, l’Allemagne ou la France », il explique qu’ « en
dépit de son incroyable potentiel dans la
réalisation du droit à l’alimentation, l’agroécologie est encore
insuffisamment soutenue par des politiques publiques ambitieuses, et
peine donc encore à dépasser le stade expérimental.
»
Oui,
grâce au renouveau des travaux agronomiques, nous savons aujourd’hui
que l’agroécologie – comme l’agriculture écologiquement intensive –,
qui applique la science écologique à la conception de
systèmes agricoles, est la mieux capable de répondre aux défis
climatiques, alimentaires et au développement de l’emploi rural.
J’ajouterai que cette approche, qui améliore la productivité des
sols et protège les cultures en s’appuyant sur l’environnement
naturel et les interactions entre espèces, est sans doute la véritable
garantie d’une agriculture durable. Encore faut-il s’en
convaincre, et, tant qu’il est encore temps, ne pas traîner des
pieds et manquer le train du changement de paradigme !
Mais
au regard de l’engagement vertueux de ce projet de loi, comment
interpréter les choix totalement contradictoires de la Commission
européenne, qui entend brader la politique agricole commune sur
l’autel du libre-échange ?
Car,
au premier rang des menaces qui contredisent la volonté politique française, figurent les accords de libre échange.
Ils se multiplient et
font, une nouvelle fois, de l’agriculture une simple variable
d’ajustement du commerce international. Je fais référence, bien entendu,
au projet d’accord transatlantique, mais aussi aux projets
d’accords, moins connus, avec le Canada et le Mercosur (Argentine,
Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela)… dont les négociations sont
malheureusement soutenues par la France !
Guidés
par le
seul approfondissement de la doctrine libérale, imposée au secteur
agricole comme aux autres secteurs de notre économie, ces accords
peuvent se transformer en véritable cataclysme pour nos
filières agricoles. Je pense tout particulièrement, en disant cela, à
nos filières d’élevage de grande qualité, qui ont une véritable épée de
Damoclès au-dessus de la tête. Non seulement elles
seront mises en concurrence directe avec les productions
américaines, canadiennes ou sud-américaines, mais elles ne bénéficieront
plus d’aucune régulation des prix et des volumes au niveau
européen. Alors, agroécologie ou libre-échange ? Les deux ne sont
pas compatibles. Et il faut savoir choisir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour publier votre commentaire :
1/ Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie (blanc) ci-dessous
2/ Identifiez-vous dans la liste déroulante : Soit Noms/URL si vous souhaitez laisser votre nom soit Anonyme
3/ Cliquez sur Publier