- Résumé
Une délimitation précise et
convenue des frontières ainsi que la résolution des questions y afférentes sont
nécessaires à la définition d’une solution permettant la coexistence de deux États viables. La position palestinienne sur ce que doivent être les frontières
de l’État palestinien s’est amplement transformée depuis 1948. Le mouvement national
palestinien réclamait à l’origine la reconnaissance de son droit à
l’autodétermination sur l’ensemble de la
Palestine historique. Toutefois,
depuis 1988, dans le but de mettre fin au conflit et d’arriver à une paix
durable, l’OLP a accepté d’établir l’État palestinien sur 22% de la Palestine historique, à
savoir sur les territoires occupés par Israël après la guerre de 1967, avec
Jérusalem-Est pour capitale. L’État d’Israël a ainsi été reconnu par l’OLP sur
78% des territoires restants. En dépit de ce compromis historique, Israël
continue de redessiner unilatéralement la frontière entre Israël et les
territoires palestiniens, par des «faits accomplis
» comme le mur et l’entreprise
coloniale, en violation du droit international et des résolutions de l’ONU.
Les frontières de la
Palestine - un bref aperçu historique:
Lorsqu’il fut accordé à la Grande-Bretagne en
1922, le mandat de la Société
des Nations sur la Palestine
s’étendait à ce qui est actuellement l’Etat Israël, la Cisjordanie, y compris
Jérusalem-Est, et la bande de Gaza.
En 1947, l’Assemblée Générale de
l’ONU recommanda de diviser la
Palestine, allant ainsi à l’encontre des souhaits de la
majorité de ses habitants. Son Plan de Partition assigna 55% de la Palestine à un État juif
qui devait être nouvellement constitué, alors même que les Juifs, dont la
majorité était alors des immigrants, ne représentaient qu’un tiers de la
population, qui possédait moins de 7% des terres.
Presque immédiatement après le
vote du Plan de Partition, des milices juives organisées mirent en œuvre des
campagnes militaires pour étendre au maximum leur contrôle sur les territoires
et les localités où résidaient jusqu’alors les populations arabes de Palestine.
Le 14 mai 1948, après que les forces militaires se furent déployées sur ces
territoires depuis plusieurs mois, l’État d’Israël fut déclaré. Le jour
suivant, six armées arabes annoncèrent leur intervention afin d’endiguer
l’expansion israélienne et de protéger les régions de la Palestine assignées à l’État
arabe. A l’issue de la guerre de 1949, Israël contrôlait 78% de la Palestine historique.
Pendant la guerre de juin 1967,
Israël occupa le restant des 22% de la Palestine – soit la Cisjordanie, y compris
Jérusalem-Est, et la bande de Gaza. Deux semaines seulement après la fin de la
guerre, Israël étendit unilatéralement la frontière municipale de Jérusalem-Est,
et prit la décision d’appliquer la loi israélienne à ce secteur élargi,
l’annexant ainsi de fait. La communauté internationale rejeta cette tentative
d’annexion illégale. En dépit de cela, un an plus tard, Israël débuta la
construction de colonies israéliennes dans les territoires occupés
palestiniens, en violation du droit international.
La poursuite de l’unilatéralisme et le remodelage des frontières par
Israël:
En 2002, Israël entama la
construction d’un mur dans les territoires occupés palestiniens. Par la
construction de ce mur, Israël vise, entre autres, à redessiner unilatéralement
la frontière politique d’un futur Etat palestinien. Ce faisant, Israël annexe
de facto les terres se trouvant a l’Ouest du mur, et restreint l’accès des
Palestiniens à ce secteur. Parallèlement, en soumettant ces territoires à son
contrôle militaire, Israël facilite l’accès des Israéliens à ces secteurs palestiniens
illégalement annexés. Ainsi, en octobre 2003, Israël déclara comme zone
militaire close toute terre se trouvant entre la frontière de 1967 et le mur au
Nord de la Cisjordanie.
A compter de cette date, Israël commença à exiger des
Palestiniens qu’ils obtiennent des permis délivrés seulement par lui pour
continuer à vivre sur ces terres, y accéder ou les cultiver. En janvier 2005, les
militaires israéliens ont publié un ordre identifiant 11 passages à travers
lesquels les Palestiniens de Cisjordanie titulaires de permis d’accès accordés
par Israël, seraient autorisés à entrer en Israël. Tous ces passages se
trouvent le long du tracé du mur. La majorité d’entre eux se situent dans les
territoires occupés palestiniens, et à une distance considérable de la
frontière de 1967. Si le mur est achevé comme prévu, et si l’on y ajoute la
restriction d’accès à la vallée du Jourdain et les secteurs contrôlés par les
colonies à l’Est du Mur, les Palestiniens seront laissés avec seulement 54% de la Cisjordanie, soit 12%
de la Palestine
historique.
- Données essentielles
La frontière de 1967 comprend la
ligne d’Armistice de 1949 et toutes les modifications légales mutuellement convenues
jusqu’au conflit de 1967;
La seule frontière
internationalement reconnue entre Israël et les territoires occupés
palestiniens est la ligne de 1967;
La frontière de 1967 dispose donc
du soutien unanime de la communauté internationale et repose sur le droit international;
La communauté internationale ne
reconnaît pas la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés palestiniens.
- Droit international
L’article 2 de la Charte des Nations Unies
(1945) exige que «Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs
relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force,
soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État,
soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.»
La résolution 242 (1967) du
Conseil de Sécurité de l’ONU souligne «l’inadmissibilité de l’acquisition de
territoires par la guerre» et appelle au «retrait des forces armées israéliennes
de territoires occupés lors du récent conflit».
Dans son avis consultatif du 9
juillet 2004, la Cour Internationale
de Justice a reconnu la ligne d’Armistice de 1949 comme étant la frontière
légitime de la Cisjordanie
et de la bande de Gaza, insistant sur le fait que toute politique de
construction israélienne dans les territoires occupés palestiniens – y compris
les activités coloniales et la construction du Mur – est contraire à ses
obligations en tant que force d’occupation, et est donc illégale.
4. La position de l’OLP
La résolution des problèmes liés
aux frontières est une nécessité préalable à toute solution à deux États
viable. Afin d’assurer la viabilité de leur État, les Palestiniens nécessitent
les éléments suivants : un territoire suffisant et l’accès à ses ressources
afin de parer aux besoins de la population et permettre une économie viable,
une liaison territoriale entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, et le contrôle
total sur les frontières de la
Palestine, afin de permettre la liberté de mouvement des
personnes et des biens et l’accès aux marchés internationaux. Il est important
que cet État réponde aux espérances et aux aspirations du peuple palestinien;
une solution à deux États qui se démarquerait considérablement de la frontière
de 1967 et qui ne compterait pas Jérusalem-Est comme capitale, ne répondrait
pas aux droits du peuple palestinien à l’autodétermination et contreviendrait
au respect de ses libertés.
Plusieurs questions liées aux frontières
devront être négociées dans le cadre des discussions finales sur les questions
du Statut Permanent. Celles-ci comprennent, entre autres :
Les frontières : l’OLP considère que la frontière de l’État palestinien
devrait être la ligne d’Armistice, telle que reconnue à la veille du 4 juin
1967. Ceci est en accord avec le droit international, qui interdit à Israël
l’acquisition de territoire par la force. Cependant, bien qu’Israël n’ait aucun
droit juridique à l’acquisition d’une portion quelconque des territoires
occupés en 1967, l’OLP est prête, dans l’intérêt de la paix, à discuter de
changements mineurs
au tracé de la frontière de 1967,
si ces changements sont équitables, mutuellement convenus et s’ils répondent
aux intérêts palestiniens. Par exemple, en juillet 2000 au cours du Sommet de
Camp David, la délégation palestinienne considéra l’idée d’un échange de terres
sur une base égalitaire (1:1). Israël, cependant, proposa un échange de terre
dans le cadre d’un ratio de 9 contre 1 en sa faveur, indiquant clairement que
ses velléités d’expansion territoriale étaient toujours d’actualité.
Le lien territorial : un corridor ou lien territorial, reliant la Cisjordanie et la
bande de Gaza, est essentiel afin de préserver l’unité géographique des deux
parties du futur État palestinien. Ce passage devra permettre le mouvement
libre et sans entraves des personnes, marchandises, véhicules et services entre
ces deux secteurs géographiques. Il devra aussi rendre possible le transfert des
différentes ressources au sein de l’ensemble de la Palestine (par exemple
le gaz, l’eau, l’électricité, etc.). Dans l’attente de la réalisation de ce
lien territorial permanent, les modalités permettant un passage sécurisé et la
liberté de mouvement entre ces deux secteurs doivent être définies et convenues
entre les parties.
Les frontières maritimes : les questions maritimes concernent les
régions côtières de la bande de Gaza et de la Mer Morte. Elles ont
essentiellement pour objet la négociation de la délimitation équitable du
secteur maritime avec Israël, mais également avec les autres voisins avec
lesquels la Palestine
aura des frontières maritimes (l’Égypte, Chypre et la Jordanie). De plus, il
faudra étudier les questions relatives aux droits des Palestiniens dans ces
frontières, dont le droit de disposer des ressources naturelles se trouvant
dans ces secteurs Les droits des Palestiniens devront être pleinement reconnus,
en conformité avec le droit international qui attribue à chaque État côtier un
certain nombre de zones maritimes aux statuts variés. Enfin, les Palestiniens
devront convenir de la façon dont ils envisagent de gérer les ressources qu’ils
partageront avec les pays voisins.
Source : Mémento des Négociations - O.L.P
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