- Résumé
Dans le prolongement de son
occupation de la Cisjordanie
et de la bande de Gaza en 1967, Israël a mis en oeuvre des politiques
économiques conçues pour éliminer l’autonomie de l’économie palestinienne. Plus
particulièrement, la capacité d’Israël à contrôler le mouvement des
marchandises à l’intérieur des territoires occupés, ainsi qu’à l’extérieur de
ceux-ci (en imposant ses politiques d’importation et d’exportation) a eu un
impact dévastateur sur l’économie palestinienne.
Après des décennies d’occupation,
les Palestiniens veulent voir émerger une économie saine générant la création d’emplois
réels, d’investissements directs et l’émergence d’un environnement stable et
d’une liberté de mouvement qui puissent permettre le développement d’un
commerce sans entrave, aussi bien à l’intérieur de la Palestine que vis-à-vis
du monde extérieur. En particulier, l’OLP veut que les Palestiniens soient capables
de réaliser pleinement le grand potentiel économique qui existe en Palestine, dans
un environnement libre de toute occupation et de toute exploitation par Israël.
Le développement d’une économie palestinienne forte est dans l’intérêt mutuel
des Palestiniens et des Israéliens, et contribuerait à la stabilité et à la
sécurité de la région. Les difficultés économiques engendrent le désespoir et
l’extrémisme, alors que la prospérité crée des opportunités propres à améliorer
les conditions de vie au quotidien.
Le Protocole de Paris de 1994 :
En avril 1994, l’OLP et le
gouvernement israélien signèrent un protocole sur les relations économiques, dit
«Protocole de Paris». Le Protocole de Paris créa une semi union douanière entre
Israël et les territoires occupés palestiniens. Par cet accord, il revenait à
Israël de définir un régime douanier externe commun ainsi que d’autres éléments
de la politique commerciale, alors que l’ANP se voyait octroyer une autonomie
limitée dans la mise en œuvre de ces politiques. L’ANP se voyait permise d’imposer
son propre tarif et ses normes pour une quantité limitée de marchandises,
consistant majoritairement en biens de consommation échangés avec la Jordanie et l’Egypte,
ainsi que d’autres pays, arabes et musulmans ou autres. La quantité de ces
biens fut fixée en fonction des besoins domestiques des Palestiniens, afin
d’éviter leur déversement en Israël. Pour un dernier groupe de biens, consistant
majoritairement de machines et de produits semi-finis, l’ANP devait pouvoir
fixer ses propres droits de douane, sans qu’aucune limite ne soit imposée sur les
quantités importées ou celles qui pourraient être réexportée vers Israël.
Alors que les Palestiniens
nourrissaient de grands espoirs de croissance économique à la signature du
Protocole de Paris, les restrictions israéliennes – particulièrement sa
politique de bouclage – ont annihilé cette croissance. L’ONG israélienne
B’Tselem estimait ainsi en 1999 qu’«en raison du bouclage, les conditions
économiques sont significativement pires que ce qu’elles étaient pendant l’Intifada,
avant les Accords d’Oslo». Se basant sur des données de la Banque Mondiale et
d’autres sources, B’Tselem notait que la perte économique globale résultant du
bouclage des territoires palestiniens de 1993 à 1996 s’élevait à environ 2,8
milliards de dollars.
Les transferts de fonds de l’ANP :
Le Protocole de Paris établit
également un système de collecte des taxes et des revenus. En vertu de ce
système, Israël recueille au nom de l’ANP les droits de douane et autres taxes
en vigueur sur les importations palestiniennes, ainsi que l’impôt sur le
revenu, la sécurité sociale et l’assurance médicale payés par les Palestiniens
travaillant en Israël, et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) payée par les Palestiniens
dans le cadre de leurs transactions en Israël. Chaque mois, Israël doit
transférer ces fonds à l’ANP, ceux-ci constituant la majorité de son budget.
Lorsque Israël ne s’acquitte pas de cette obligation – ce qui s’est produit à maintes
occasions – l’ANP se retrouve de facto dépourvue de liquidités financières.
Dans la mesure où plus de 25% des ménages palestiniens vit des salaires de
l’ANP, l’omission par Israël d’opérer ces transferts des fonds crée, à chaque fois
qu’elle se produit, une crise économique et financière sérieuse. Ces fonds
appartiennent au peuple palestinien et le blocage de leur transfert par Israël
représente une violation fondamentale de l’accord intérimaire et, donc, du
droit international.
Les restrictions économiques en vigueur depuis septembre 2000 :
Suite au début de la Seconde Intifada
déclenchée en septembre 2000, Israël a imposé des bouclages militaires et des
restrictions sur la liberté de mouvement de plus en plus strictes. Ces mesures
ont très fortement nuit à l’économie palestinienne.
Israël contrôle complètement la
circulation des marchandises. Toute importation et exportation, ainsi que la
circulation de nombreux produits domestiques, doit passer par des contrôles de
sécurité israéliens. Les restrictions et pratiques discriminatoires
israéliennes entravent le commerce palestinien, réduisent la viabilité des
projets d’investissement en cours et consolident le contrôle israélien sur
l’économie palestinienne. Non seulement ces politiques violent l’obligation
qu’a chaque partie de respecter les politiques et objectifs économiques de
l’autre partie (cf. Protocole de Paris), mais elles endommagent également les
intérêts économiques à long terme des Palestiniens.
Depuis septembre 2000, Israël a
significativement restreint le nombre et les conditions d’allocation des permis
de travail accordés aux Palestiniens, contribuant à créer des taux de chômage
dépassant un niveau déjà critique, et privant de revenus une part significative
de la population palestinienne. Des bouclages externes, causés en partie par la
construction du mur, ont réduit le nombre de jours travaillés en Israël et ont
restreint les opportunités d’embauche, diminuant ainsi encore davantage les revenus
des employés palestiniens.
En raison de la multiplication
des check points et autres points de contrôle mobiles et fixes mis en place par
Israël, le marché intérieur des territoires occupés palestiniens est fragmenté
en petites zones. L’augmentation des coûts de transports contribue également à
la fragmentation des marchés. Au cause du régime de sécurité israélien, il est
particulièrement difficile, voire impossible, pour de nombreuses sociétés des
territoires palestiniens d’être partie intégrante du marché mondial ou de
concurrencer les compagnies israéliennes. Ceci engendre un traitement discriminant
et des surcoûts auxquels doivent faire face les entreprises locales en
Cisjordanie (Jérusalem-Est exclue) et dans la bande de Gaza. Concernant leur
accès aux marchés extérieurs, le régime de sécurité met les entreprises
israéliennes ainsi que d’autres concurrents dans une position beaucoup plus
favorable que leurs équivalents palestiniens.
Alors que les importations
israéliennes font face à un «risque» de contrôles de sécurité de l’ordre de 15
à 20%, les importateurs palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza
doivent composer avec la certitude d’avoir à passer ces contrôles : toutes les
livraisons destinées à la
Cisjordanie ou à la bande de Gaza sont sujettes à des
procédures de sécurité, engendrant des retards et des coûts accrus. À
l’aéroport Ben Gourion, les importateurs et exportateurs de la Cisjordanie et de la
bande de Gaza doivent utiliser des avions-cargos spéciaux, car il leur est
interdit d’utiliser des appareils en charge du transport de passagers (qui
disposent d’un espace standard consacré au transport de marchandises).
En résumé, ces arrangements
sécuritaires discriminatoires mis en place par Israël encouragent l’importation
de marchandises par des intermédiaires israéliens, ajoutant ainsi aux surcoûts
auxquels doivent faire face les entrepreneurs palestiniens et résultant en une
diminution d’impôts perçus par l’ANP.
- Données essentielles
* Selon la Banque Mondiale,
depuis septembre 2000, le bouclage des territoires occupés par Israël est directement
responsable de la «diminution grave de l’activité économique, de l’augmentation
du chômage et de la pauvreté».
* A la suite
de l’intronisation du Conseil Législatif Palestinien dirigé par le Hamas en
février 2006, Israël cessa de redistribuer les taxes qu’elle collecte au nom de
l’ANP. Depuis septembre 2006, selon la Banque Mondiale, ces revenus
équivaudraient à environ 2/3 du budget de l’ANP. En 2005, ces fonds
atteignaient 65 millions de dollars par mois. (Ces fonds sont à nouveau transférés
régulièrement depuis juillet 2007).
* Le système
dos-à-dos (obligation de changer de transporteur) qu’Israël exige à certains
passages avec les territoires occupés palestiniens augmente le coût de
transport pour les produits finis ainsi que pour les matières premières. Par
exemple, le passage des marchandises d’un transporteur à un autre coûte à peu près
US$75-$86.
- Droit international
Les règles de droit international
applicables aux relations économiques comprennent des normes multilatéralement et
bilatéralement établies, inclues notamment dans:
* le Pacte
international de l’ONU relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,
article 1(1): «Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu
de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent
librement leur développement économique»,
* des accords
internationaux comprenant l’Accord Général sur les tarifs douaniers et le
commerce (GATT) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Accord général
sur le commerce des services, l’Accord sur les obstacles techniques au
commerce, l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle, et
l’Accord sur les mesures concernant l’investissement et liées au commerce,
* des règles
et procédures appliquées et respectées par des organisations internationales
comprenant l’OMC, l’Organisation mondiale des douanes et l’Organisation mondiale
de la propriété intellectuelle,
* des
structures, règles et procédures généralement acceptées et adoptées par les
pays soutenant les relations commerciales et l’idée d’un commerce mutuellement profitable.
- La position de l’OLP
L’OLP veut s’assurer que les
Palestiniens auront à leur disposition les moyens visant à permettre prospérité
et croissance économique, en réalisant sans entraves leur potentiel économique.
Pour arriver à ce but, l’OLP désire appliquer les principes juridiques et les
normes internationalement reconnues en vue de déterminer une solution juste aux
problèmes économiques et commerciaux.
L’OLP est décidée à établir en
Palestine une économie ouverte et développée en mesure d’attirer
l’investissement étranger. Pour cette raison, l’OLP veut assumer totalement le contrôle
de ses frontières et de ses politiques économiques, y compris les politiques
d’importation et d’exportation. En outre, elle cherche à établir des relations
commerciales stables, justes et fructueuses avec Israël, qui deviendra un partenaire
commercial naturel de la
Palestine, grâce à la mise en oeuvre d’un régime commercial
préférentiel conforme aux normes internationales communément admises.Avant
qu’un accord définitif puisse être conclu, il est cependant impératif que le Protocole
de Paris soit entièrement mis en application.
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