A l’appel du Réseau Palestine, des milliers de personnes ont défilé samedi 19 juillet depuis le Vieux-Port de Marseille jusqu’à la préfecture des Bouches-du-Rhône. Objectif : dénoncer les bombardements sur Gaza.
Sous l’ombrière du Vieux-Port, des centaines de personnes
s’agglutinent. Têtes braquées vers le miroir qui les surplombe. Un mime
se joue dans le reflet. « C’est pour représenter les bombardements sur
Gaza », glisse une jeune fille, keffieh autour du cou. Les
applaudissements fusent. Puis des cris : « Israël assassin. » Soudain la
foule grossit. Plusieurs milliers de manifestants grondent. Des
drapeaux palestiniens parsèment les rangs. Un écriteau annonce : « Gaza,
on souffre et on se battra avec toi. »
Comme ailleurs en France, et notamment à Manosque, il s’agit de
réclamer l’arrêt des attaques israéliennes sur le territoire
palestinien. Et ceci, dans le calme. Seules trois personnes prennent la
parole avant le départ du cortège. Une Israélienne, opposée à la
colonisation, lit un texte. « Combien de morts ? De vies détruites ? Le
meurtre est toujours là. Ce sont les méthodes qui changent,
lance-t-elle. Depuis 2000, tous les 3,7 jours un enfant palestinien est
tué. » à son tour, Hichem, un Gazaoui expatrié, saisit le micro. « Le
peuple de France n’est pas le gouvernement français. Je vous remercie
d’être là, commence-t-il. François Hollande ne représente pas les
valeurs de la France... » Des huées résonnent dans l’assistance. Régine
Fiorani, membre du Collectif 13, n’oublie pas non plus le contexte tendu
dans lequel a lieu cette manifestation. « S’il y a de la provocation,
ne répondez pas, insiste-t-elle. Ne leur permettons pas de dévoyer notre
soutien pour le peuple palestinien. »
Un combat citoyen
Après quelques instants d’hésitation, la marche démarre. Direction :
la Canebière, puis la préfecture. Des étendards s’agitent. Front de
gauche, PCF, Mouvement de la paix, Action anti-fasciste... Les horizons
sont divers. Certains slogans sont lancés en arabe. « Il ne faut pas
tomber dans le panneau, s’emporte Nadjet Bouchikhi, qui tient dans les
mains un large drapeau français, acheté lors de la coupe du monde de
1998. Il faut parler dans une langue que tout le monde comprend. Moi, je
suis là en tant qu’être humain d’abord, et en tant que Française,
attachée aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. »
Le cortège avance. Des passants s’arrêtent. « ça sert à rien », râle
l’un d’eux. D’autres se montrent moins négatifs, comme cette femme qui
porte un sac-à-dos. Une touriste, visiblement. Elle prend une photo du
défilé, puis tourne les talons. Nul doute, l’événement ne devrait pas
passer inaperçu. « Il y a plus de monde que la semaine dernière, estime
un homme dans le cortège. Peut-être que c’est dû aux interdictions à
Paris, mais je crois que c’est aussi parce qu’Israël a intensifié les
frappes. »
Incidents à paris
Plusieurs milliers de manifestants ont afflué hier à Barbès à Paris,
pour exprimer leur soutien aux Palestiniens, malgré l’interdiction de
cette manifestation par les autorités. « Nous sommes tous des
Palestiniens » ou « Palestine vivra, Palestine vaincra », ont-ils
scandé, sous l’oeil attentif de très nombreux CRS positionnés aux
alentours. Des dizaines de cars de police étaient stationnés de chaque
côté du métro aérien. Plusieurs avenues ont été coupées à la
circulation. Peu auparavant, le président de la République a lancé une
mise en garde depuis le Tchad, avertissant que « ceux qui veulent à tout
prix manifester en prendront la responsabilité ». La préfecture de
police de Paris a interdit vendredi cette manifestation, évoquant des
« risques graves de trouble à l’ordre public ». Dans une partie du
cortège, des manifestants ont jeté des projectiles, des pierres et des
bouteilles sur les forces de l'ordre à la fin de la manifestation. Les
policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, provoquant des
mouvements de foule disparates dans les petites rues autour du carrefour
Barbès, dans le nord de la capitale. Au près d'une quarantaine de
personnes ont été interpellées.
Marjolaine Dihl - La Marseillaise
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