La mort du jeune Rémi Fraisse : intolérable et significative d’une dérive antidémocratique
La mort du jeune Rémi Fraisse, tué par l’explosion d’une
grenade offensive lancée par les forces de gendarmerie sur le chantier
du barrage réservoir de Sivens n’est pas tolérable dans notre
République.
Les élus communistes et républicains partagent l’émotion
qu’a suscité ce décès d’un jeune de 21 ans, les conditions dans
lesquelles il est advenu.
Ils s’associent à toutes les manifestations de
sympathie. La mobilisation démesurée et provocatrice des forces de
l’ordre, une stratégie de la tension utilisée depuis plusieurs semaines
sur le site, des actes « musclés » répétés, sont les premières des
causes de l’issue fatale.
Cela est d’autant plus insupportable qu’il apparait
maintenant que les raisons pour lesquelles les opposants à ce projet se
mobilisaient étaient fondées : le rapport d’expertise rendu public en
début de semaine se révèle critique vis-à-vis du barrage, en raison
d’une capacité de retenue « surévaluée » au regard de son utilité. En
réalité, le projet de retenue a été décidé et voté par l’assemblée
départementale avec un souci manifeste : éviter que les enjeux et le
débat soient sur la place publique.
Comment en outre ne pas s’interroger sur le fait qu’un
moratoire sur la construction de ce type de barrage avait été décrété
par Delphine Batho, du temps où elle était ministre de l’environnement,
moratoire que les pouvoirs publics ont fait « sauter » après son
éviction du gouvernement ?
Des solutions alternatives, de moindre envergure,
respectueuses de la diversité biologique, poussant l’idée d’un certain
type de gestion coopérative agricole à petite échelle, ont été avancées.
Elles n’ont pu être débattues dans un climat serein et citoyen. En lieu
et place, la mort d’un jeune étudiant.
Les élus communistes et républicains dénoncent avec
force la dérive autoritaire qui tend à imposer « la raison d’un petit
cercle », les critères de type technocratique, de rentabilité à courte
vue pour les décisions à prendre et cela jusqu’au plan local.
Cela conduit à corseter le débat public, la citoyenneté
et n’est certainement pas de nature à réconcilier les citoyens avec les
institutions et celles et ceux qui les représentent.
Il est important de s’orienter vers un autre type de
développement qui donne toute sa place et sa pertinence à l’action
publique et à son contrôle par le peuple, à l’intervention citoyenne, en
les considérant pleinement comme moteurs des avancées sociales,
économiques et écologiques.
De ce point de vue, nous ne pouvons que réitérer notre
opposition profonde à la réforme territoriale en cours, qui à coup
d’intercommunalité géantes, de métropoles intégrées et de « super
régions » est une machine à casser le lien de proximité entre les
citoyens et les assemblées élues, à écarter élus et habitants des lieux
véritables de décisions, à démanteler l’action publique pour mieux
laisser le champ libre à l’affairisme, à « l’attractivité », à la
compétition entre les hommes et entre les territoires.
Montreuil le 30 octobre 2014
Association Nationale des Élus Communistes et Républiquains
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