Le 25 octobre, des dizaines de militants marseillais se rendent en
bus à Lannemezan (Haute-Pyrénées) pour demander la libération du plus
vieux prisonnier politique d’Europe enfermé en France depuis 30 ans. Se
joignent au rassemblement de 14h devant la prison, des Parisiens,
Nantais, Rennais, Lyonnais, Toulousains, Bordelais… Romain Hunter, militant du collectif Paca pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, nous explique son combat.
La Marseillaise. Qui est Georges Ibrahim Abdallah ?
Romain Hunter. C’est un militant communiste libanais
qui s’engage dès 16 ans dans les mouvements nationalistes arabes. Le
Liban entre dans une guerre civile dans les années 70 dans laquelle
Israël intervient à plusieurs reprises, 1978-1982. Il mène donc un
combat pour la libération nationale et sociale en rejoignant le Front
populaire de libération de la Palestine (FPLP) puis les Fractions armées
révolutionnaires libanaises (FARL). Et prend fait et cause pour les
droits nationaux des Palestiniens incluant le droit au retour.
Considérant inacceptables les ingérences extérieures, le militant
anti-impérialiste trouve légitime de mener la résistance à l’échelle
internationale.
La Marseillaise. Pourquoi est-il emprisonné depuis 30 ans ?
Romain Hunter. Il est arrêté en octobre 1984 à Lyon
pour la détention d’un faux passeport algérien. Son procès s’ouvre le 23
février 1987 dans un climat tendu. Il est condamné à la réclusion
criminelle à perpétuité. En 1986, une série d’attentats dans des espaces
commerciaux et publics fait des morts imputés à un groupe pro-iranien,
mais le mal est fait en associant la famille Abdallah au terrorisme. On
impute à Georges Ibrahim Abdallah deux attentats commis en 1982 et
revendiqué par les FARL. L’un contre Charles Ray, responsable de la
sécurité à l’ambassade des États-Unis, membre de la CIA et Yacov
Barsimentov du Mossad israélien, 2e conseiller à l’ambassade d’Israël.
L’avocat de G.I Abdallah, Jean-Paul Mazurier, renseignait les services
secrets français (DGSE). Jacques Vergès prendra le relais, après le
décès de ce dernier, Jean-Louis Chalanset assurera la défense.
La Marseillaise. Il est libérable depuis 1999, pourquoi la France s’acharne t-elle contre lui ?
Romain Hunter. Il a fait dix demandes de libération
conditionnelle. Et même si le tribunal d’application des peines de Paris
a accepté sa libération sous condition d’expulsion vers le Liban, le
Ministère de l’Intérieur ne signe pas l’arrêté pour des raisons
politiques. Certains voudraient même qu’il renie ses convictions. Il y a
4 ans, un rapport de l’ex-DGSE informait que sa libération serait
négative pour l’image et les intérêts de la France au Liban. Les
États-Unis et Israël font également pression.
La Marseillaise. Un collectif pour sa libération s’est créé, avec quels objectifs ?
Romain Hunter. Trois villes, dont Bagnolet (93),
l’ont déclaré citoyen d’honneur. Des députés (FdG, EELV, PS) exigent sa
libération. Notre 1er objectif est de rendre visible un cas que les
mass-médias n’ont jamais traité. Le 2e objectif est de faire en sorte
que, dans le mouvement de solidarité pour la Palestine, la cause de
Georges Ibrahim Abdallah soit entendue. Ce collectif partage avec lui
les idées anti-impérialistes et la solidarité avec les peuples opprimés
au proche-Orient et partout dans le monde. L’ancien patron de la DST,
Yves Bonnet, réclame également sa libération considérant qu’il n’est pas
un terroriste mais qu’il a agi pour des actes de résistance à
l’oppression. Les militants d’Action directe ont été libérés, c’est au
tour de Georges Ibrahim Abdallah.
Propos recueillis par Piédad Belmonte (La Marseillaise, le 22 octobre 2014)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour publier votre commentaire :
1/ Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie (blanc) ci-dessous
2/ Identifiez-vous dans la liste déroulante : Soit Noms/URL si vous souhaitez laisser votre nom soit Anonyme
3/ Cliquez sur Publier