lundi 27 octobre 2014

Georges Ibrahim Abdallah : « Prisonnier politique pour raison d’État »

Le 25 octobre, des dizaines de militants marseillais se rendent en bus à Lannemezan (Haute-Pyrénées) pour demander la libération du plus vieux prisonnier politique d’Europe enfermé en France depuis 30 ans. Se joignent au rassemblement de 14h devant la prison, des Parisiens, Nantais, Rennais, Lyonnais, Toulousains, Bordelais… Romain Hunter, militant du collectif Paca pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, nous explique son combat.
La Marseillaise. Qui est Georges Ibrahim Abdallah ?
Romain Hunter. C’est un militant communiste libanais qui s’engage dès 16 ans dans les mouvements nationalistes arabes. Le Liban entre dans une guerre civile dans les années 70 dans laquelle Israël intervient à plusieurs reprises, 1978-1982. Il mène donc un combat pour la libération nationale et sociale en rejoignant le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) puis les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL). Et prend fait et cause pour les droits nationaux des Palestiniens incluant le droit au retour. Considérant inacceptables les ingérences extérieures, le militant anti-impérialiste trouve légitime de mener la résistance à l’échelle internationale.
La Marseillaise. Pourquoi est-il emprisonné depuis 30 ans ?
Romain Hunter. Il est arrêté en octobre 1984 à Lyon pour la détention d’un faux passeport algérien. Son procès s’ouvre le 23 février 1987 dans un climat tendu. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. En 1986, une série d’attentats dans des espaces commerciaux et publics fait des morts imputés à un groupe pro-iranien, mais le mal est fait en associant la famille Abdallah au terrorisme. On impute à Georges Ibrahim Abdallah deux attentats commis en 1982 et revendiqué par les FARL. L’un contre Charles Ray, responsable de la sécurité à l’ambassade des États-Unis, membre de la CIA et Yacov Barsimentov du Mossad israélien, 2e conseiller à l’ambassade d’Israël. L’avocat de G.I Abdallah, Jean-Paul Mazurier, renseignait les services secrets français (DGSE). Jacques Vergès prendra le relais, après le décès de ce dernier, Jean-Louis Chalanset assurera la défense.
La Marseillaise. Il est libérable depuis 1999, pourquoi la France s’acharne t-elle contre lui ?
Romain Hunter. Il a fait dix demandes de libération conditionnelle. Et même si le tribunal d’application des peines de Paris a accepté sa libération sous condition d’expulsion vers le Liban, le Ministère de l’Intérieur ne signe pas l’arrêté pour des raisons politiques. Certains voudraient même qu’il renie ses convictions. Il y a 4 ans, un rapport de l’ex-DGSE informait que sa libération serait négative pour l’image et les intérêts de la France au Liban. Les États-Unis et Israël font également pression.
La Marseillaise. Un collectif pour sa libération s’est créé, avec quels objectifs ?
Romain Hunter. Trois villes, dont Bagnolet (93), l’ont déclaré citoyen d’honneur. Des députés (FdG, EELV, PS) exigent sa libération. Notre 1er objectif est de rendre visible un cas que les mass-médias n’ont jamais traité. Le 2e objectif est de faire en sorte que, dans le mouvement de solidarité pour la Palestine, la cause de Georges Ibrahim Abdallah soit entendue. Ce collectif partage avec lui les idées anti-impérialistes et la solidarité avec les peuples opprimés au proche-Orient et partout dans le monde. L’ancien patron de la DST, Yves Bonnet, réclame également sa libération considérant qu’il n’est pas un terroriste mais qu’il a agi pour des actes de résistance à l’oppression. Les militants d’Action directe ont été libérés, c’est au tour de Georges Ibrahim Abdallah.

Propos recueillis par Piédad Belmonte (La Marseillaise, le 22 octobre 2014)

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