Bruno Cadez et Frédéric Durand
Lundi, 27 Octobre, 2014
C’est pour préparer la
conférence nationale du PCF des 8 et 9 novembre que militants et élus
communistes se réunissent dans les départements. Reportage
dans le Nord et en Seine-Saint-Denis. Objectif : travailler à
l’émergence d’une alternative politique, sociétale et gouvernementale.
«Plus de 370 000 personnes
sont inscrites à Pôle emploi dans le Nord-Pas-de-Calais. L’équivalent
de la population de Lille. Il faut l’avoir en tête. La
carte du chômage coïncide avec le vote Le Pen. » Au moment d’ouvrir
la conférence fédérale des communistes du Nord, à Douchy-les-Mines,
Bertrand Péricaud, conseiller régional PCF, plante le
décor. Aujourd’hui, pour les militants, il y a urgence à contrer le
désarroi économique, politique et idéologique. Urgence à rencontrer tous
les habitants et les collègues. Et c’est ce qu’ils
font. « Beaucoup sont au chômage. Ils ont peur. Il faut de redonner
de l’espoir », explique Nadine. Le rassemblement est ainsi l’occasion de
réclamer des « propositions claires » pour répondre à
la colère populaire, « qui peut aussi bien virer au rouge qu’au
noir » selon un délégué. Les interventions appellent à sortir du
vocabulaire piégé de l’adversaire, à sortir des « mots de coût du
travail ou de compétitivité », lance, agacé, un militant de Roubaix.
« Dénonçons le coût du chômage sur la santé et la sécurité des
individus », poursuit un autre. « Le chômage sert à mettre la
pression sur ceux qui ont un travail pour qu’ils se soumettent aux
exigences patronales », continue Charles Beauchamp, vice-président PCF
du conseil général.
Relancer les cellules d’entreprises
Le coût du travail ? La
sénatrice communiste Michelle Demessine a rédigé un rapport
parlementaire qui pointe l’inefficacité sur l’emploi des exonérations
sociales de plus de 20 milliards. « La courbe des dividendes versés
aux actionnaires a augmenté en même temps qu’ont baissé les
cotisations », insiste-t-elle. Alain Obadia, économiste membre de
la direction nationale du PCF, rappelle qu’en novembre une
conférence nationale sera convoquée pour une industrie d’avenir,
refondée et essentielle à la France.
Aux communistes, donc, de
« relancer les cellules d’entreprises pour être au plus près de la
bataille » idéologique, indique Alain Bruneel, conseiller
général. Et le militant Michel Kopp, d’insister sur la « clarté » :
« Mon boucher se plaignait des charges patronales qu’il doit verser sur
le salaire d’un employé. Je lui ai démontré qu’il ne
faisait que verser une partie du salaire qu’il doit payer au
travailleur. Il y a tout un travail d’explication à refaire auprès de la
population. »
En Seine-Saint-Denis, c’est
la question du rassemblement était aussi au cœur de la conférence
fédérale qui se tenait les 10 et 11 octobre à Montreuil. Où
en est-on en ce qui concerne le Front de gauche ? André, de La
Courneuve, interroge l’assemblée sur une possible adhésion directe au
Front de gauche, « sinon le rassemblement ne se fera pas »,
explique-t-il, tandis que Brigitte, qui milite dans la même ville,
considère que le rôle du Parti communiste n’est « pas de choisir une
tendance au sein du PS », ou de déterminer qui sont « les
bons ou les mauvais, mais de sortir du cadre de l’alternance » et,
selon elle, « le Front de gauche a été créé pour ça ». « Il ne s’agit
pas non plus de choisir entre la gauche et le peuple, mais
il faut que le peuple construise une gauche à son image »,
souligne-t-elle encore, faisant implicitement référence à la volonté de
Jean-Luc Mélenchon de dépasser ce cadre pour s’adresser
directement au peuple. Nathalie Simonet, nouvelle première
secrétaire départementale, propose un « rassemblement grand angle, avec
toutes celles et tous ceux qui ne se résignent pas » et auxquels
il s’agit de « proposer un cadre pour agir et changer la donne ». Ce
sont bien les frontières de ce qui pourrait constituer la gauche de
demain qui font débat alors même que chacun considère ici
que le gouvernement mène une politique libérale « de régression
sociale et morale ». Si le conseiller général Jean-Jacques Karman pense
qu’il faut « rompre avec ce PS-là et créer un front
anticapitaliste », Guy, de Bagnolet, estime que laisser le PS seul
propriétaire de l’idée de la gauche serait lui « faire un immense
cadeau ». « Le PS n’a pas la paternité de la gauche, la gauche
c’est deux cents ans de lutte qui vont de la Révolution à nos jours,
en passant par la Commune et les combats de 1936 », défend-il. « Si
aujourd’hui le PS ne porte rien, alors les gens pourraient
penser qu’il n’y a pas d’autres solutions à gauche que la politique
menée par le gouvernement », insiste-t-il. Chacun s’entend sur la
nécessité du rassemblement, tous ne lui dessinent pas les
mêmes contours.
Au menu de la
conférence du PCF. La conférence nationale accueillera près de 800
délégués, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). À
l’ordre du jour : l’émergence d’une véritable alternative politique
et la démarche de rassemblement nécessaire pour y parvenir.
Le 8 novembre, seront abordées les
initiatives
et échéances des communistes. Le 9,
une matinée de travail
s’organisera autour de neuf ateliers thématiques.
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