Pour le vice-président PCF du
Conseil général du Tarn, Roland Foissac, la situation, avec la mort tragique de
Rémi Fraisse, doit impliquer « le retrait du projet dans sa forme actuelle et
l’engagement rapide d’un processus qui associent toutes les parties prenantes
».
Le gouvernement a tardé à réagir à la
mort de Rémi Fraisse qui s’opposait à la construction du barrage de Sivens,
quel regard portez-vous sur son attitude ?
Roland Foissac. Le président de la République et le
premier ministre se sont exprimés mardi. Mieux vaut tard que jamais, mais cela
intervient plus de deux jours après le drame. Nous vivons une crise politique
et institutionnelle majeure, la tentation de certains, notamment Manuel Valls,
d’engager une polémique politicienne entre le gouvernement et les écologistes
ne fait qu’en rajouter. Ce n’est pas digne du respect que l’on doit à la
victime. Le débat doit rester centré le plus possible sur le fond du dossier.
La plupart des jeunes qui s’impliquent aujourd’hui le font à partir de ces
questions : quelle société prépare-t-on, quel avenir pour la planète, comment
conçoit-on l’articulation entre les nécessaires projets d’équipement et la
préservation de la nature ?
Sur le fond justement, vous vous êtes
abstenus lors des votes au Conseil général. Le rapport d’experts conforte-t-il
vos réserves ?
Roland Foissac. Absolument. Nous
n’avons pas approuvé ce projet parce qu’il était lourd d’incertitudes, voire de
contradictions. Il a été élaboré il y a plus de quinze ans, sur la base de
données qui sont aujourd’hui obsolètes. Le collectif de défense de la zone
humide qui souhaitait un vrai débat public s’est heurté à un mur. L’enquête
d’utilité publique a fait ressortir une majorité d’avis négatifs. Le Conseil
national de protection de la nature avait émis toute une série de réserves. Des
lobbies ont pesé lourdement pour faire prévaloir la réalisation sans discussion
du barrage. Nous avons, avec Serge Entraygues (également conseiller général PCF
du Tarn – NDLR), multiplié les prises de positions, initiatives, communiqués,
lettres au président depuis janvier 2013 pour alerter sur l’impasse dans
laquelle le Conseil général était en train de s’enfermer dans ce dossier.
Aujourd’hui, quelle peut-en être l’issue
?
Roland Foissac. Le président du
Conseil général semble s’accrocher à l’idée de suspendre la réalisation pendant
quelques jours pour apporter ensuite au projet quelques aménagements à la
marge. Au point où nous en sommes, avec le drame de la mort de Rémi Fraisse qui
s’y ajoute, on ne peut pas en rester là. On s’enfermera dans une impasse totale
s’il n’y a pas la lucidité de convenir que ce projet est caduc. Nous nous
prononçons donc pour le retrait du projet dans sa forme actuelle et pour que
s’engage rapidement un processus qui associent toutes les parties prenantes,
les collectifs, les partenaires locaux, les élus, la population, pour construire
un projet cohérent, écologiquement et économiquement responsable. C’est ce
que nous nous appliquerons à défendre lors de la session ordinaire du Conseil
général, vendredi.
Entretien réalisé par Julia Hamlaoui - L'Humanité
Entretien réalisé par Julia Hamlaoui
Mardi, 28 Octobre, 2014
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