vendredi 28 novembre 2014

111 collégiens à Auschwitz, pèlerins de la mémoire


Enseignement. Un voyage éducatif dans le plus grand des camps d’extermination nazis. Un devoir de mémoire aussi accompli depuis 2004 par près d’un millier de jeunes citoyens du département.

Cent onze élèves de 11 collèges de Marseille, Salon-de-Provence, Gignac-la-Nerthe, La Ciotat, Gémenos et Châteaurenard se sont rendus lundi dans le plus vaste des camps d’extermination du Troisième Reich, Auschwitz-Birkenau, au cœur de la Pologne, à 55km de Cracovie. Un voyage de mémoire là où l’assassinat de masse a posé un jalon inégalé dans l’histoire des Hommes.

Chaque année depuis 2004, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, représenté lundi par sa Vice-Présidente, Janine Ecochard, permet à des classes de 3e de toucher la réalité du génocide qui a ciblé massivement les juifs mais aussi les opposants politiques, les homosexuels, les tziganes ou encore les malades mentaux durant la Seconde guerre mondiale. « Vous êtes ici dans un cimetière pour 1,1 million d’êtres humains gazés et réduits en cendres », stupéfie Violetta, la guide polonaise, à l’entrée du camp d’Auschwitz I où les soldats de l’Armée rouge trouvèrent encore 7.000 déportés à leur arrivée le 27 janvier 1945. Le portique en fer forgé au-dessus duquel est écrit « Arbeit macht frei » (le travail rend libre) se découpe dans le ciel bas et gris. Aucune place à l’imaginaire, tout est là devant soi. Dans les baraquements de brique, les visages de Bastien, Rachel, Faysal ou Stéphanie se figent devant un mur de verre. Face à eux, un tas de cheveux, 9 tonnes correspondant à 50.000 personnes. Et des amoncellements de chaussures, et de lunettes, et de valises avec le nom à la craie de son propriétaire.

Mise à mort à l’échelle industrielle

Ci-gît les vestiges d’une industrie étatique de mise à mort voulue par Adolf Hitler et qui tourna à plein régime de 1942 à 1945, gazant et enfournant. Sous les yeux des collégiens, les boites de conserve du gaz Zyklon B conditionné en granules bleues. Puis l’effroyable bloc 11 où les suppliciés étaient tués à petit feu ou pendus à cette potence que le regard hésite à affronter. Là, le mur des fusillés honorés par des gerbes de fleurs. Et puis la chambre à gaz et le four crématoire dont la vue glace. Dans ce lieu sanctuarisé par l’Unesco, la visite devient pèlerinage.

Un rail, un wagon à bestiaux, la silhouette crépusculaire d’un mirador. Birkenau est un musée des horreurs à ciel ouvert. Martial, 14 ans, n’en finit pas de compter avec ses copains les cheminées des fours crématoires dans la brume tandis qu’Albert Barbouth, 81 ans, fils de déporté, leur parle de ces barbelés électriques sur lesquels des déportés ont préféré se jeter. Ils l’écoutent. Eux-mêmes le raconteront pour que se perpétue la chaîne de la mémoire.

David Coquille (La Marseillaise, le 20 novembre 2014)

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