mardi 18 novembre 2014

Presse : Pour un large accès au patrimoine de la Résistance

A l'occasion des 70 ans de la Libération, la Bibliothèque nationale de France organise une journée d'étude le 28 novembre pour présenter l'opération de numérisation de journaux clandestins.

A l'occasion du 70e anniversaire de la Libération, la Bibliothèque nationale de France (BnF) organise le 28 novembre prochain une grande initiative intitulée « Mensuel malgré la Gestapo et la Milice : relire les journaux de la Résistance après leur numérisation. Nouveaux usages et nouvelles perspectives ».

L'opération vise à promouvoir la numérisation de fonds de différentes structures qui regorgeaient parfois d'immenses archives mais difficiles d'accès. La numérisation concerne les collections de la BnF ainsi que celles du Musée de la Résistance nationale (MRN). Celles de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) le seront en 2015. Une page spécifique sera en outre consacrée à ces journaux dans le réseau Gallica, fédérant pour la première fois ces collections en une collection numérique unifiée.

« Ces titres pouvaient être quelquefois présents en ligne mais leur accès était difficile » explique Philippe Mezzasalma, conservateur et chef du service de la presse à la BnF. « Désormais, tout sera plus simple ».

Un outil à disposition des chercheurs et des particuliers

La demande était forte de la part des chercheurs. En outre, la disponibilité de ces fonds à un plus large public sera aussi l'occasion d'assurer « le temps des historiens maintenant qu'il y a de moins en moins de témoins vivants » ajoute Philippe Mezzasalma. « Il était temps que, d'un point de vue patrimonial, ces documents soient mis à disposition de tous et non plus de manière limitée comme c'était le cas jusque-là ».

La numérisation rendra ces journaux « disponibles à tous les citoyens et fera cohabiter passionnés et chercheurs, particuliers et scientifiques ».

La journée d'étude réunira de nombreux historiens et professionnels de la conservation de documentation. « Un volet strictement historique reviendra sur le rôle de la Résistance et la mémoire à travers l'intervention d'anciens résistants notamment ». Il s'agira également de se pencher sur la plus-value d'une telle numérisation et une « éventuelle relecture historique autre que l'utilisation faite par des chercheurs » qui souvent -par temps et patience- étaient les rares à pouvoir accéder à des documents qui seront prochainement accessibles au plus grand nombre.

Le patrimoine est de taille. « Environ 800 journaux ont été publiés pendant la Seconde guerre par la Résistance et ils sont à présent souvent considérés comme des documents uniques ». Feuille de chou tirée à la ronéo, sous presse… La plupart du temps, les Résistants confectionnaient leurs journaux dans des conditions d'extrême dangerosité. D'où l'enjeu de contribuer à la sauvegarde de titres dont la collecte avait parfois débuté dès les premiers mois après la Libération en aôut 44.

La nouvelle numérisation permettra également un accès aux titres par région. « Le rayonnement local de ces petites feuilles intéressent les différents publics » assure Philippe Mezzasalma. « Ils ne viendront pas comme viennent des scientifiques, mais plutôt en se demandant: qu'est-ce qui a été publié dans ma région ? ».

Dans le Sud-est, les Bouches-du-Rhône et le Var sont bien représentés à travers des publications du Parti communiste et du Mouvement national de Libération, entre autres. Un classement par corporation ou syndicats est également perceptible.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 16 novembre 2014)

Vendredi 28 novembre 2014 à la Bibliothèque nationale de France, Paris. Avec notamment Marie-Cécile Boujut, Jean-Marie Guillon, Antoine Spire, Roger Grenier, Jacqueline Fleury, George Séguy, Jean-Louis Crémieux-Brihlac, Anne Renoult, département de réserve des livres rares et Philippe Mezzasalma, Bruno Leroux, Guy Krivopissko, Antoine Prost, Professeur émérite à l’université Paris I. La projection du film « Défense de la France », de Joëlle Effenterre. aura lieu à 16h30. Infos : http://www.bnf.fr.
 
Repères 
 
1944. A la Libération, les journaux officiels ayant obtenu des autorisations de publier de la part de l'Occupant ou de Vichy ont été interdits par le nouveau gouvernement issu du Conseil national de la Résistance. De nombreux titres -dont notre journal la Marseillaise- qui avaient, eux, publié dans la clandestinité ont pu obtenir une légalisation.
Format et papier. Les formats des journaux clandestins étaient souvent choisis selon le matériel à disposition. Par exemple, les douze numéros clandestins de la Marseillaise ont été imprimés sur un format type A4. C'est lorsque le journal a pris possession de l'imprimerie du vichyste Petit Marseillais en août 44 que la Marseillaise est sortie en berlinois. Format qu'elle a conservé jusque dans les années 80 et son passage en tabloïd.

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