mercredi 5 novembre 2014

Pierre Dharréville. « Pas de République à plusieurs vitesses »

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 Pour un référendum sur la réforme territoriale en cours

En charge du secteur République, démocratie, institutions à la direction nationale du PCF, Pierre Dharréville dénonce une réforme marquée par une logique libérale-austéritaire.
La Marseillaise. La réforme territoriale est de plus en plus illisible pour le grand public. Quelle logique la sous-tend selon vous ?
 Pierre Dharréville. La logique est simple. C’est toujours la même : elle libérale-austéritaire. Cette réforme vise trois objectifs. D’abord, contraindre les collectivités territoriales à l’austérité. Ensuite, mettre en concurrence les territoires entre eux, c’est ce qu’ils appellent la « compétitivité ». Enfin, ouvrir de nouveaux espaces pour le marché, notamment pour les multinationales. Pour atteindre ces trois buts, il faut briser la démocratie locale, éloigner les citoyens des centres de décisions, les priver des pouvoirs qui leur restent encore. Il faut aussi changer la conception même du rôle des collectivités, les Régions sont par exemple définies explicitement dans les discours officiels comme des guichets pour les entreprises. Le projet du gouvernement prévoit une République à plusieurs vitesses, une République à la carte avec des territoires qui auront un département d’autre pas, une métropole d’autres pas, une répartition des compétences entre collectivités ici, une autre là.
La Marseillaise. Avez-vous une préférence parmi les découpages régionaux qui ont changé quatre fois en quatre mois ?
Pierre Dharréville. Ce que nous contestons, c’est la logique générale de la réforme. On veut détourner le débat avec la question du découpage. Quelles que soient les cartes proposées, elles sont marquées par le gigantisme, l’incohérence territoriale et imposent des périmètres définis en fonction des intérêts de la finance et des forces économiques, pas de la population.
La Marseillaise. Dans une tribune au « Monde », 20 Présidents de Région, exceptés Michel Vauzelle et le président de la Région Nord-Pas-de-Calais, revendiquent la possibilité d’adapter la loi de la République aux spécificités de leur territoire. Partagez-vous cette conception de la décentralisation ?
Pierre Dharréville. Si l’adaptation de la loi vise à détricoter le cadre législatif national pour permettre la concurrence entre Régions, cette idée conduit dans le mur. Dans ce pays, il existe la République. Elle est une et indivisible ce qui ne l’empêche pas d’être décentralisée pour mieux répondre aux besoins de la population. Il est essentiel de préserver notre République fondée sur des valeurs qui ont un sens : liberté, égalité, fraternité, et qui sont aujourd’hui sagement rangées sur une étagère. La République est une idée à reconquérir. Elle apparaît malheureusement comme une coquille vide pour un nombre croissant de citoyens qui ont le sentiment qu’on ne leur demande pas leur avis ou qu’on n’en tient pas compte comme après le référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005. La solution pour sortir de la crise sociale, politique et démocratique que le pays traverse est de faire vivre les valeurs de la République et la souveraineté populaire. Nous voulons que notre peuple gouverne, pas qu’il soit gouverné.
La Marseillaise. Les élections départementales se préparent dans un contexte inédit. Pour les communistes les Départements sont-ils des collectivités d’avenir ?
Pierre Dharréville. Oui. Les missions des Départements sont notamment l’action sociale, la solidarité, l’égalité entre les territoires. Si on s’attaque aux Départements c’est qu’on veut s’attaquer à ces missions. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien changer mais les Départements -comme les communes- sont utiles pour répondre aux défis de la situation et aux besoins de la population. Nous sommes inquiets de la manière dont se préparent les départementales de mars. Le gouvernement annonce à terme la disparition pour partie des Départements et pour finir de discréditer l’élection, il a renoncé à l’envoi des professions de foi et bulletins de vote à chaque électeur. Face à cela le PCF, avec le Front de gauche, a un rôle déterminant à jouer. Nous voulons nous saisir de cette échéance pour en faire un moment majeur d’expression des attentes sociales portées par un élan démocratique en s’adressant aux femmes et aux hommes de nos départements qui ne se résignent pas à l’austérité et sont disponibles pour construire ensemble des projets populaires et progressistes.
La Marseillaise. Vous dites ne pas être pour le statu quo mais quelles propositions faites-vous ?
Pierre Dharréville. Nous proposons d’abord de rendre la parole aux citoyens en faisant signer dans toute la France une pétition exigeant un référendum sur ces bouleversements majeurs de notre organisation territoriale qui sont d’ordre constitutionnel. Nous voulons également des référendums locaux pour tout changement de périmètre des collectivités où la création de nouvelles institutions. La réforme territoriale actuelle poursuit la logique de la loi sur les métropoles contenant celle d’Aix-Marseille-Provence. Elle prévoit des pouvoirs présidentiels exorbitants et ne répond pas aux besoins des habitants de ce territoire. Une majorité d’élus continue de se mobiliser pour limiter la casse démocratique. Nous bataillons contre l’austérité, responsable de la baisse des dotations de l’État. En bref, pour les communistes, une bonne réforme territoriale doit se fonder sur quatre points cardinaux : la démocratie, la proximité, les services publics et la coopération. Une réforme territoriale progressiste, utile et démocratique ne peut exister sans en tenir compte. Au-delà, nous militons pour une VIe République qui étende le champ de la démocratie, garantisse la souveraineté et l’intervention populaires.
Propos recueillis par Léo Purgette (La Marseillaise, le 29 octobre 2014)

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